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Nnancue, Tsjoom :
une lutte permanente pour la défense
des droits des peuples indiens
Deux décennies après le soulèvement indigène de l’EZLN, au sud-est du Mexique, de nombreux peuples origi-
naires rappellent, indignés, que les accords de San Andrés Larrainzar, signés par le gouvernement fédéral en
1996, n’ont pas été respectés. Et pourtant, chez les peuples originaires de ce pays, la résistance continue par
une lutte de longue haleine, malgré la répression dont beaucoup sont victimes.
Il est très important de se souvenir du 1er janvier C’est la cas à Xochistlahuaca, dans l’État de Guer- DOSSIER
1994, et de bien se rendre compte des conditions rero, au sud du Mexique, habité par les Nnancue,
de vie dont souffrent beaucoup de peuples indi- appelés à tort Amuzgos, qui parlent le Ñomndaa.
gènes, surtout parce que, depuis 2012, le PRI as- Rappeler la lutte du peuple Nnancue, c’est rappe-
sume à nouveau la présidence de la République, ler ce qui s’est passé en 2000. La majeure partie
après deux mandats de six ans pendant lesquels des habitants en avait alors assez de la gouver-
le PAN a gouverné. Le PRI était au pouvoir lors de nance de la priiste Aceadeth Rocha Ramirez qui,
la signature des accords de San Andrés Larrainzar. depuis le début de son mandat, s’était ingéniée à
La situation est lamentable car si, pendant 20 ans, diviser les communautés qui composent le terri-
le PAN n’a pas respecté les accords, il n’y a aucun toire de Xochistlahuaca. Dans ce but, elle imposa
signe qui puisse faire penser que le PRI veuille des autorités locales qu’elle proclama délégués,
aborder le sujet, et encore moins appliquer les chargés de représenter leur communauté face
accords signés. à la municipalité. Par cette intromission, cette
Dans un contexte national peu favorable, il est dame violait le droit des habitants à désigner
essentiel de rappeler que depuis 1994, au sein leurs représentants. Et dans les communautés où
de plusieurs entités de la république mexicaine, elle échoua à imposer les délégués, elle créa des
mais surtout parmi les peuples indigènes, com- commissariats ou des délégations municipales
me dans l’état de Guerrero, des voix se sont éle- favorables à son intérêt personnel et politique, ce
vées, excédées, contre des directions municipales qui montre bien la violence et l’autoritarisme de
corrompues, répressives et, comme l’a dit l’an- sa manière de gouverner.
thropologue Miguel Angel Gutierrez, « despotes Elle a aussi divisé le corps enseignant indigène de
et caciques ».
© Françoise Escarpit