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EDITORIALITORIAL
ED
LUTTER POUR LE CLIMAT,
C’EST LUTTER POUR LA PAIx ET LA DÉMOCRATIE
Le vote à l’Assemblée nationale le 17 septembre dernier, par la majorité associée à la droite, de
l’accord de libre-échange signé en 2012 entre l’Union Européenne d'une part et la Colombie et
le Pérou d'autre part, est d’une grande gravité.
Ce vote s’est déroulé dans une indifférence médiatique, facilitée par les multiples conflits
au Proche et Moyen-Orient, et malgré l’opposition, depuis plus de 4 ans, de plus de 160
organisations européennes et latino-américaines.
FAL et bien d’autres organisations associatives et syndicales n’avaient pourtant pas cessé
d’alerter le gouvernement français et les parlementaires, nationaux comme européens, sur les
conséquences dramatiques de cet accord pour les droits de l’Homme, les droits sociaux, les
droits des peuples autochtones et des paysan-ne-s et les droits environnementaux dans ces
pays.
Pourtant, la feuille de route relative à ce traité a été adoptée sans même attendre les débats
nationaux, preuve tangible du peu de cas qu’il est fait de la souveraineté des peuples.
Nous ne pouvons qu’être indignés par l’impunité des crimes commis en Colombie contre les
travailleurs et représentants syndicaux : 753 cas de violences à l'encontre de syndicalistes,
dont 56 assassinats en 2013-2014.
Même terrible constat en ce qui concerne le Conseil National de l'Environnement qui ne
comprend toujours aucun représentant de la société civile.
La situation est comparable au Pérou, où la poursuite des politiques extractivistes du
gouvernement a provoqué ces derniers mois d'innombrables conflits sociaux souvent réprimés
violemment.
C’est dans ce contexte, où résolument les droits commerciaux priment sur ceux des Droits de
l’Homme et de l’environnement, que va s’ouvrir, dans quelques semaines, la Conférence sur le
Climat, à Paris.
Nous ne pouvons que douter de la volonté politique de mener à bien une telle démarche
environnementale, comme nous sommes inquiets du rôle que peuvent jouer les puissances
économiques et financières pour empêcher le Processus de Paix en Colombie d’aller jusqu’à
son terme.
Notre inquiétude repose également sur la volonté clairement identifiée des États-Unis et
des multinationales d’engager un vaste mouvement de déstabilisation sur le continent sud-
américain.
Comme nous l’affirmions, dans le FAL MAG Hors-Série N°112, que nous avions déjà consacré il
y a trois ans au processus de paix en Colombie, France Amérique Latine est, et sera- avec tous
ceux qui œuvrent pour le respect de la volonté des peuples- de toutes les initiatives de nature
à aboutir à une paix juste et durable.
Fabien Cohen
Secrétaire général de FAL