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Projet de solidarité avec des populations marginalisées de Medellín (Colombie)

"Unión y lucha, para una vida digna ya"                                                                           DOSSIER

À Medellin, deuxième ville de Colombie, connue internationale-        Carlos Bedoya, leader communautaire de
ment pour son modèle de développement urbain innovant, plus           La Mesa Interbarrial de los Desconectados
de 30 000 familles n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 20
000 ne sont pas approvisionnées en électricité.
Les colombiens, fuyant les campagnes affectées par le conflit
armé depuis plus de cinquante ans, viennent grossir les quartiers
populaires qui tapissent les montagnes environnantes de la ville.
Ces populations marginalisées sont confrontées à de multiples
défis. Soumis à un système de santé et d’éducation défaillant, une
malnutrition chronique, et un contrôle social extrême, imposé
aussi bien par les narcotrafiquants que par la répression policière,
les habitants de ces quartiers n’ont pas accès aux services publics
élémentaires, souffrent d’un déficit en logements tant au niveau
quantitatif que qualitatif, et d’une exclusion du processus d’amé-
nagement du territoire.
Le projet soutenu par FAL33, en partenariat avec la Corporación
Jurídica Libertad et La Mesa Interbarrial de los Desconectados,
vise la reconnaissance effective des droits économiques, sociaux
et culturels des communautés vulnérables de Medellín, par l’exer-
cice et le renforcement de la participation démocratique au sein
de la gouvernance urbaine locale.

Quelques actions phares

Une École Populaire Itinérante a été mise en place à partir de 2012 dans plusieurs « comunas », afin de
former des leaders communautaires à leurs droits fondamentaux. Cette plateforme inter-quartiers a
permis de renforcer les capacités des acteurs locaux, pour une meilleure compréhension des enjeux et la
construction de solutions et de mobilisations sur le terrain. 50 hommes et femmes y ont participé.
Par ailleurs, pour donner de la visibilité à leurs revendications, les « comunas » ont créé divers outils de
communication, comme le bulletin de quartier « Vida Digna », (entre 2000 et 5000 exemplaires distribués),
d’une part pour sensibiliser la population aux problématiques rencontrées (notamment la déconnexion et
les relogements forcés), et d’autre part pour informer le grand public de leurs actions.
Diverses manifestations rassemblant jusqu’à 5000 personnes ont également été organisées. L’une d’entre
elles a eu lieu le 11 décembre dernier dans les quartiers périphériques de Medellin, pour dénoncer le
paradoxe que représentent les trois millions d’illuminations de Noël installées dans le centre-ville, alors
même que des milliers de familles ne disposent pas d’électricité dans leur maison. Ces évènements
représentent un outil citoyen, qui permet de redonner la parole aux oubliés de la Démocratie locale.
Par ailleurs, FAL33 organise des activités de sensibilisation et de conscientisation des acteurs aquitains, à
la solidarité internationale et aux problématiques de développement en Colombie. Il s’agit de promouvoir
l’éducation populaire, de favoriser la visibilité et la reconnaissance du projet, de mobiliser, de partager et
d’échanger des expériences et des compétences entre les partenaires.
En décembre dernier, Carlos Bedoya, leader communautaire de La Mesa Interbarrial de los Desconectados,
était en France pour la première fois. Il a participé à diverses conférences sur Paris, dans le cadre de la
COP21. De plus, il s'est rendu à Pau, pour intervenir sur des projections-débats, organisées par FAL64.
À Bordeaux, Carlos a animé des émissions radios (O2 Radio, La clé des ondes) et des interventions scolaires
(Lycées, Sciences Po). Il a aussi rencontré diverses associations bordelaises, comme Terre d’Adèles ou le
Kfé des familles. Accompagné de toute l’équipe de FAL33, il a également inauguré, au Musée d’Aquitaine,
l’exposition « La Guerra que no hemos visto », de l’artiste Juan Manuel Echavarria, sur le conflit armé
colombien. Enfin, il a pris part à la projection, au cinéma de l’Utopia, de « Los hijos de Benkos », en présence
de nombreux intervenants dont la Présidente de la Fondation France Libertés Jacqueline Madrelle.
Carlos témoigne de son séjour en France : « Ce qui m’a le plus frappé, c’est que les citoyens français
reconnaissent les luttes de nos quartiers populaires. Pour une fois, la parole est donnée aux communautés
vulnérables, défavorisés et appauvries, qui peuvent ainsi refléter une image alternative de la réalité, par
rapport à celle véhiculée par les dirigeants. »

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