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pour leur permettre de subsister. Il est  a signé un décret de l’Arc minier de  et au Brésil, par des élections dans
          reproché à ces dispositifs de fournir en  l’Orénoque confiant 112 000 km2,  les deux premiers cas et par un coup
          priorité les secteurs qui affichent leur  soit 12 % du territoire national, à des  d’État parlementaire dans le dernier
          loyauté politique.                dizaines de firmes multinationales,  cas, défaite référendaire en Bolivie)
          Cet effondrement de la monnaie est  dont la Gold Reserve canadienne, pour  qui ont redistribué une partie des
          également à l’origine d’une hyper-  l’extraction de différents minerais.  richesses aux classes populaires dans
          inflation (+ 122 % en 2015 ; + 482 %  Cette législation remet en cause la  une période de boom des  matières
          en 2016) qui dévalorise les salaires.  souveraineté nationale en renonçant à  premières. Il est urgent pour les classes
          L’augmentation annuelle du salaire  la propriété étatique sur les sous-sols,  populaires de faire à nouveau irruption
          minimum était un acquis de la  pourtant affirmée dans la Constitution  dans la vie politique vénézuélienne
          présidence d’Hugo Chávez, elle est  promulguée par Hugo Chávez en 1999,  face à un processus politique  dont
          désormais pluriannuelle mais elle ne  et en permettant de déroger au droit  elles sont de plus en plus dépossédées
          suffit malheureusement pas à l’achat  du travail.  Le sort  des communautés  et  une  opposition  en  embuscade
          d’un panier alimentaire d’une famille  indigènes  vivant  sur  ces  territoires  qui risque d’anéantir les conquêtes
          de cinq personnes. Dans ce contexte  est également en suspens. Ce décret  sociales obtenues durant la présidence
          difficile, le gouvernement de Nicolás  demeure prisonnier du consensus  d’Hugo Chávez.
          Maduro maintient une politique  extractiviste, en partie responsable de
          conciliante avec les élites économiques  la crise actuelle dans laquelle est plongé
          pour  obtenir  un  répit,  avec  la  mise  le pays, limitant toute diversification
          en place d’un Conseil National de  des ressources pour le  Venezuela où
          l’Économie Productive dans lequel  l’État dispose de la portion congrue et
          siège le dirigeant d’une importante  les multinationales de juteux profits.
          firme multinationale du secteur agro-  La crise que connaît le Venezuela doit
          alimentaire, et paie en temps et en  être recontextualisée. Dans le temps,
          heure une dette extérieure qui a  il s’agit du énième spasme du modèle
          augmenté de 10 % entre 2015 et 2016,  rentier vénézuélien qui s’épuise depuis
          et dépasse  désormais les 16  milliards  le début des années 80. Dans l’espace,
          de dollars.                       l’affaiblissement  du  gouvernement
                                            de Nicolás Maduro est concomitant                     Thomas POSADO
            Maintien du modèle extractiviste  de l’essoufflement du cycle de                     Docteur en sciences
                                            gouvernements   progressistes  en              politiques (Université Paris-8),
          Le gouvernement de Nicolás Maduro  Amérique du  Sud (arrivée au pouvoir             membre de FAL Marseille
          maintient le cadre extractiviste et  de la droite en Argentine, au Pérou

                  BRÈVES

                              LA GRÈVE DE LA FAIM DE LA MACHI FRANCISCA LINCONAO HUIRCAPAN
                                             ET LA LUTTE DES MAPUCHE DU CHILI
             France Amérique Latine est signataire de la pétition réclamant la libération de la Machi Francisca Linconao Huircapán,
             autorité ancestrale et spirituelle du peuple Mapuche au Chili qui lutte pour la défense des territoires indigènes dans
             le pays. Emprisonnée le 30 mars 2016 au nom de la loi "anti-terroriste" chilienne, elle entame une grève de la faim le
             23 décembre pour protester contre sa détention abusive qui l'empêche d'attendre l'issue de son procès auprès des
             siens. Après 14 jours de privation et de nombreuses manifestations de soutien transnationales, la Machi est assignée à
             résidence le 5 janvier 2017. La nouvelle est accueillie avec une joie mesurée compte-tenu de son état de santé critique
             et de la précarité de l'assignation. Destinée à la CIDH (Commission Interaméricaine des Droits Humains), cette pétition
             vise à faire fléchir le gouvernement chilien afin que celui-ci revoie ses mesures de prévention abusives contre la Machi
             Francisca Linconao Huircapán et pour qu'il respecte la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail
             (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux, dont le Chili est signataire.

                     SIGNATURE D'UN ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE ENTRE L'UNION EUROPÉENNE ET L'ÉQUATEUR
             Le 11 novembre 2016, l’Union Européenne, l’Équateur, la Colombie et le Pérou ont signé le protocole d’adhésion de
             l’Équateur à l’accord de libre-échange, signé en 2012 et appliqué depuis 2013, entre l’UE, d’une part, et la Colombie et
             le Pérou, d’autre part. Cet accord est entré en vigueur le 1er janvier 2017. Selon la commissaire européenne chargée
             du commerce, il  "permettra de supprimer les droits de douane sur tous les produits industriels et ceux de la pêche. Il
             élargira l’accès au marché pour les produits agricoles, améliorera l’accès aux marchés publics et aux services et réduira les
             obstacles techniques au commerce”. Il comporte des engagements en matière de droit du travail et d'environnement
             ainsi que des procédures pour régler les litiges. L’adhésion de l’Équateur apportera aux parties de nouveaux marchés
             pour leurs produits d’exportation : automobiles, boissons alcoolisées et machines fabriquées en Europe ; pêche,
             bananes, fleurs coupées et cacao venant d’Équateur. En 2009, l’Équateur et la Bolivie s’étaient retirés des négociations
             pour favoriser un accord entre les pays andins et l’UE. Après sa ratification par l’Équateur, cet accord reste ouvert à la
             signature de la Bolivie.
             Rappelons que France Amérique Latine et d’autres associations mènent des campagnes afin d’alerter sur les
             conséquences néfastes des accords de libre-échange sur les droits des peuples d’Amérique latine, leur souveraineté
             alimentaire, leur choix de développement et la protection de l’environnement.




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