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ACTUALITES

25 ans du Mouvement
des Paysans Sans Terre du Brésil – MST

Quels défis pour l’avenir ?

Le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST) célè-
bre cette année 25 ans d’histoire. Dans un pays caractérisé par la plus
grande concentration de terres au monde - les 73,7% des paysans, petits
propriétaires, disposent de 12% des terres, tandis que 0,8% de la popu-
lation rurale, les grands propriétaires, possèdent 31,7% de toute la sur-
face agricole du pays – les occupations des terres organisées par le MST
ont assuré aujourd’hui à plus de 350 000 familles l’accès à la terre.

Les occupations, faites sur des terres inex- cultures, notamment la canne à sucre pour la
ploitées, dans de grandes fermes et surfa- production d’éthanol, ou encore l’eucalyptus,
ces non cultivées, se multiplient au bord des le maïs et le soja, commercialisés à l’échelle in-
routes. L’occupation de terres et les campe- ternationale.
ments sont devenus une forme d’action qui
a profondément marqué l’image politique L’organisation au centre du projet
du Brésil contemporain. Aujourd’hui encore Le MST a développé pendant son existence
100 000 familles vivent dans des campements une très solide structure organisative en rela-
organisés par le MST et la population de pay- tion étroite avec les formes d’actions, les parti-
sans sans terre, qui pourrait bénéficier d’une cularités locales et basées sur une large partici-
politique de réforme agraire – votée mais non pation. Les occupations, qui se font avec toute
concrétisée au Brésil – est estimée à plus de 4 la famille, sans exclure les femmes, les jeunes
millions de familles. et les enfants, ont exigé une architecture or-
Pour analyser l’actuel stade de développe- ganisationnelle qui permettait d’accueillir un
ment du MST il est important de rappeler le corps très diversifié. Les campements consti-
contexte actuel. Le Brésil a en effet orienté ses tuent un modèle d’auto organisation, le lieu
activités en fonction d’une conjoncture écono- de création d’une forme de sociabilité centrée
mique privilégiant la multiplication des mono- sur la coopération, la solidarité et l’émanci-

Faire évoluer les stratégies de résistance au regard de la mondialisation
Dans l’actuel contexte mondial, caractérisé par une économie internationale basée sur une libéralisation
du marché et des finances accélérée, l’agriculture n’échappe pas à la norme. Cette évolution a de fortes
conséquences sur l’accès à la terre et la forme de production agricole. Ce modèle accroît également une
crise environnementale dont les conséquences se font sensiblement sentir depuis quelques années. Sui-
te à la crise énergétique qui menace le modèle de production et de consommation établi, une nouvelle
fonction est attribuée à l’agriculture. La fabrication d’agrocarburants est privilégiée en substitution au
pétrole, au détriment des cultures alimentaires. La spéculation sur les denrées alimentaires est de plus
un des facteurs importants responsables de la crise alimentaire en 2008 – crise qui, selon les prévisions
de la FAO, risque de durer encore des années. Cet ensemble de facteurs dessine une situation qui donne
à la problématique agraire et paysanne une dimension et une signification d’une importance que nous
sommes encore en train d’analyser et d’évaluer.