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HORS-SÉRIE 2016
d’un acteur de la société atypique de partie : plus question de partager, la
la deuxième moitié du XX ème siècle : conjoncture internationale empire, on
les prêcheurs évangéliques. La Igreja ne va pas toucher aux profits, retour à CIDADE ALERTA OU
Universal do Reino de Deus (IURD), la lutte des classes pure et dure ! LE VOYEURISME DU MAL
dirigée par Edir Macedo, télévangéliste
milliardaire, profite en 1989 de la C’est exactement ce que disait, dans Marcelo Resende, le présentateur,
faillite de TV Bandeirantes pour la l’éditorial du 17 avril 2016, le patron debout dans un studio vide devant un ou
deux écrans, vous regarde dans les yeux
racheter dans des circonstances du Globo, petit-fils du fondateur, et vous prend à témoin dans un langage
troubles (détournement de l’argent indignant les militants anti-golpe : il familier, l’air profondément indigné :
de l’IURD et probable utilisation de résumait l’histoire de l’attitude vis-à- «vous le voyez celui-là ? Il a attendu sa
femme dans le noir et lui a porté vingt
fonds venus du narco-trafic, aux vis du PT du grand patronat brésilien, coups de couteau ! vingt coups, vous
dires mêmes de l’ancien numéro 2 dont il est un fleuron. « Le PT a bénéficié entendez, pas moins ! Vous imaginez un
de l’Église.) : la Record TV est née, et de la décision du premier gouvernement peu, vingt coups de couteau ! ».
deviendra le noyau d’un important Lula de préserver les bases d’une politique Sur l’écran, des photos : un homme au
groupe multimédia. Le ton général économique raisonnable, aidée par visage patibulaire, puis une femme à
l’air heureux. « Tout avait bien commencé
des programmes est une alliance de bonheur par un cycle important de cours pourtant ! » Photo d’un couple, bisou-
charisme religieux et de lutte contre élevés des commodities. Le gouvernement bisou. Et cela reprend dix, quinze, vingt
le Mal - c'est-à-dire, pêle-mêle, l’alcool, en a profité et a développé les programmes minutes de conversation de comptoir
pratiquement
sans
information,
les drogues, la permissivité sexuelle, sociaux hérités des « tucanos ». L’article totalement à charge contre celui qui,
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la délinquance, le communisme, les poursuit : le PT a cru que cela durerait, avant même d’être jugé, est présenté
religions afro-brésiliennes, la théologie et lorsque la conjoncture internationale comme le coupable, désigné à la vindicte
publique, son visage revenant sans cesse
de la libération- qui fanatise les a changé, il a espéré s’en tirer au prix à l’écran. Puis une autre séquence, un
foules, surtout à la lisière des couches d’artifices comptables, ce qui était tout «reporter» sur les lieux du crime - souvent
moyennes et des couches les plus à fait «déraisonnable»… tel est le «crime» juste une porte dans la rue, mais ça fait
plus vrai - répète exactement la même
pauvres. inacceptable ! Le sociologue Ruy Braga, chose avec les mêmes détails sordides,
proche des milieux syndicaux, le et si possible le « témoignage » d’une
La Globo et la Record confirme : Dilma, réélue sur un discours voisine choquée, d’un voisin en colère
dans les années Lula-Dilma de gauche en 2014, tourne le dos à sa ou d’un cousin éploré qui n’ont rien vu
ni entendu mais ont quand même une
base, s’en prend aux droits sociaux, opinion sur la question. Retour en studio
La Record est pour l’IURD un levier multiplie les mesures liberticides dites où Marcelo reprend sur le ton « Peut-
on imaginer des horreurs pareilles ? »,
politico-religieux, soutenant les « antiterroristes » au nom de la Coupe quand ce n’est pas « il faut qu’il paie !».
«candidats de Jésus» de différents partis, et des JO : cela ne suffit plus, la droite Record TV sur tous les tableaux : l’émission
un moyen bien utile pour échapper aux veut le pouvoir pour elle seule et ne coûte pas cher à fabriquer ; elle sidère
poursuites en criant à la persécution profite du désarroi de la gauche. tous les jours son public dans la fascination
politique ou religieuse ! Cette entrée On connaît la suite : dans et hors du du sordide au quotidien et la peur
permanente ; elle en appelle sans cesse à
en politique par des canaux inédits est gouvernement, la pression s’accroît, punir pour arrêter cette montée inexorable
une sorte de trumpisme avant la lettre. les grands médias dénoncent, et du laid, du sordide et du dangereux. Le tout
Ainsi le n°2 de l’IURD vient-il d’être élu l’opération Lava Jato créera dans avec une rhétorique, un débit et un ton de
voix qu’on retrouve à l’identique dans des
maire de Rio, sur fond de déroute du une partie de l’opinion publique émissions à contenu religieux sur la même
PT. Une partie, encore minoritaire, de le climat propice au coup de grâce antenne, les shows inspirés des prêcheurs
la gauche, essaie d’attirer l’attention institutionnel. Reste à savoir ce que évangéliques à l’américaine qui électrisent
les foules dans le combat contre le Mal,
sur les dangers de cette «autre utopie» donnera dans les prochaines années et font « témoigner » (souvent en parlant à
que représentent les prêcheurs le goût de la « transparence », arme à leur place !) des personnes qui ont réussi
évangéliques. double tranchant pour tous ceux qui la à combattre le Mal et à changer de vie
depuis qu’elles ont « rencontré Jésus », ou
Face aux gouvernements Lula et manient… plus exactement le prêcheur évangélique
Dilma, les médias dominants ont suivi en question. Et l’on retrouve le même ton
l’évolution de leurs propriétaires : et la même rhétorique dans des émissions
religieuses-publicitaires grotesques : par
neutralité plus ou moins bienveillante exemple ce prêcheur de l’IURD qui, à l’aide
du temps des premiers succès de la Jean-José MESGUEN de deux effets spéciaux qu’un collégien
Bolsa Familia, des rêves nationalistes Membre de FAL Marseille peut fabriquer avec son ordinateur, vend
(à tous les sens du terme) « la guérison
d’«émergence» et de la marche par la Lumière »… En quelques heures de
triomphale des BRICS ; silence complice Record TV, on est exposé à un flot continu
devant la corruption traditionnelle et homogène, qui pourra être interrompu
par des telenovelas du style « Les Dix
avant le scandale du mensalão — de 1 Surnom donné aux membres du PSDB, Partido da Commandements » auprès desquelles
larges pans de la droite et l’intergroupe Social Democracia Brasileira, parti libéral-(parfois) un péplum traditionnel passerait pour un
social.
évangélique monnayaient, à tous les austère cours d’histoire. Cidade Alerta,
quotidiennement, avec ses déclinaisons
sens du terme, leur participation à la régionales, atteint des records de diffusion,
majorité gouvernementale ; pressions et certains épisodes ont dépassé l’audience
pour un changement politique suite du journal télévisé de la Globo.
à la crise de 2012, la bourgeoisie
brésilienne ayant sifflé la fin de
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