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Honduras : Rien n’a changé ! Tout a changé !

Presque trois ans se sont écoulés depuis le Coup d’Etat au Honduras le 29 juin 2009. Tout
le monde sait la souffrance du peuple hondurien qui s’en est suivie.
Cependant la naissance du Frente Nacional de Resistencia Popular (FNRP), l’acte de ré-
sistance le plus fort que le pays ait jamais connu, mérite de revenir sur ce qui se passe
vraiment et sur les perspectives d’avenir.

DOSSIER Rappelons qu’après les fausses élections de no- Rien n’aurait changé?
vembre 2009 –que le FNRP n’a pu annuler malgré Avec Libre, l’espérance est née. En effet, tout a
l’ampleur des protestations–, gagnées par l’ac- changé. Naturellement, des contradictions per-
tuel président Porfirio Lobo Sosa, connu sous le sistent, mais en novembre 2011 l’instrument po-
nom de Pepe Lobo (loup), les États-Unis et l’Union litique du FNRP est né : le Parti “Libertad y Refun-
européenne ont salué “le retour de la démocratie” dación” (Libre) est enregistré au Tribunal suprême
dans le pays, oubliant au passage que ces élec- électoral grâce à 62 000 signatures, beaucoup
tions sont nées dans le sang et l’illégitimité. plus que les 42 290 exigées. Le nouveau parti sa-
Dès le début le FNRP a été une organisation politi- tisfait aussi aux autres exigences d’avoir des re-
que et un réseau englobant des mouvements de présentants dans 18 provinces et dans la moitié
défense des droits humains, le mouvement indi- des 298 municipalités du pays.
gène, les syndicats, le Bloque Popular né contre les Les élections présidentielles auront lieu en no-
accords de libre-échange, et un courant du Parti vembre 2013, et Xiomara Castro, la femme de l’ex-
Liberal (le Parti de Zelaya) qui n’a pas soutenu le president Manuel Zelaya déchu par le Coup d’Etat,
“remplacement constitutionnel” et Micheletti, etc. sera la candidate pour Libre. Les cinq courants au
sein du parti (Mouvement Résistance Progressis-
Une résistance et aussi une alternative te, 28 juin, 5 juillet, Force de rétablissement popu-
Le FNRP n’a jamais cessé de protester, démontrer, laire, Peuple organisé en résistance) sont d’accord
dénoncer, payant ce combat très cher : il est diffi-
cile de faire un bilan complet de la répression et
la liste des meurtres des leaders sociaux. Le Coup
d’Etat continue. Le dernier meurtre – au moment
où j’écris – a été commis au début du mois de
mai : Erick Alexandre Martinez Àvila, dirigeant
de l’organisation “Diversidad en Resistencia” et de
l’organisation politique et d’information “Los Ne-
cios”. Un nom qui en représente des centaines.
Malheureusement cela arrive tous les jours avec
une moyenne de 20 meurtres par jour, selon le
délégué Comité national des droits de l’homme
(Conadeh). La liste est longue : paysans dans le
Bajo Aguán qui défendent leurs terres, journalis-
tes qui dénoncent ce qui se passe ; chaque jour
quelqu’un est menacé, frappé, tué.
Mais malgré tout, la résistance ne faiblit pas, au
contraire, et la prise de conscience politique se
fait chaque jour plus forte. Le 1er mai dernier
fut marqué par une mobilisation sans précédent
avec les syndicats en première ligne, suivis d’une
foule immense !
Alors quelles sont les perspectives? Le peuple
du Honduras ne sera-t-il toujours et “seulement”
qu’en résistance?

© James Rodriguez