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Comment gérer la finca centraméricaine ?
Un simple regard sur la géographie de l’Amérique centrale suffit pour constater que ses
franges regardent dans des directions radicalement opposées. Par quel bout alors prendre
l’analyse de ce territoire coincé entre le géant mexicain et le continent sud-américain ?
Paradoxalement, la construction de l’Amérique qué une reconfiguration politique qui s’est tra- DOSSIER
centrale comme un tout, convoité par des puis- duite par la transformation des guérillas en forces
sances extérieures, a été, par le passé, le fait d’un politiques et leur participation au système de dé-
aménagement territorial façonné en fonction de mocratie participative. Mais en même temps que
la production des ressources assignée à chaque les discours officiels incitaient les anciens com-
pays, tant par les compagnies bananières, miniè- battants à œuvrer à la réconciliation et à construi-
res et les entreprises agro-exportatrices que par re une « culture de paix », le spectre du retour à la
les grands projets d’aide au développement. L’al- guerre a été constamment brandi par les oligar-
liance pour le progrès notamment, mise en œu- chies locales pour faire barrage à ces nouveaux
vre par le gouvernement des États-Unis dans les partis d’opposition. Les tentatives pour conquérir
années 1960 en direction de l’Amérique latine a le pouvoir (ou de le reconquérir dans le cas du
contribué à redessiner la géographie productive FSLN au Nicaragua) n’ont pu aboutir qu’au prix de
de la région, attribuant à chaque pays des spécifi- concessions non négligeables au camp adverse.
cités encore perceptibles aujourd’hui. Il s’agissait, en premier lieu, de fournir des ga-
ges d’adhésion aux « valeurs démocratiques »,
Géographie et géométries variables suffisamment convaincants pour faire oublier la
À géographie similaire par rapport aux autres violence de la guerre dont la responsabilité leur
pays de la région, la réussite économique du avait été unilatéralement attribuée. Ainsi le gua-
Costa Rica s’explique en grande partie par la vo- témaltèque Alvaro Colóm, candidat malheureux
lonté politique des États-Unis d’en faire un mo- par deux fois (en 1999 et 2003), ne fut élu en 2008
dèle prospère et démocratique alors même qu’ils qu’après s’être démarqué de ses alliés de l’UNRG
encourageaient les régimes autoritaires des pays et des organisations sociales rassemblées au sein
voisins à assurer, par des moyens bien moins pa- de l’Alliance Nueva Nación en 1999. Le second défi
cifiques, l’ordre nécessaire au développement des consistait à se présenter comme un gestionnaire
entreprises étasuniennes. efficace et définitivement converti aux « valeurs
Ce type de favoritisme local obéissait donc à la dé- du libre marché ».
finition d’une stratégie régionale. Les actuels trai- Au Salvador, le décès, en 2006, de Shafik Handall,
tés de libre échange avec les États- Unis, comme représentant de l’aile la plus à gauche du FMLN,
le DR-CAFTA, les négociations de partenariat avec ne permet certes pas de dire si après avoir perdu
l’Union Européenne (AdA) ou encore les plans de les élections en 2004, il aurait pu remporter les
développement régionaux tel le plan Meso-amé- suivantes. Mais force est de constater que les po-
rica (anciennement Plan Puebla Panamá) s’inscri- sitions de Mauricio Funes, élu en 2007 sous l’éti-
vent dans la même optique. quette du FMLN, étaient fort éloignées de celles
Celle-ci consiste à considérer la région comme de son prédécesseur.
un ensemble politique afin de mieux exploiter les Au Nicaragua, le retour au pouvoir de Daniel
avantages économiques offerts par telle ou telle Ortega en janvier 2007 est la conséquence, non
portion de territoire, ce qui contribue à accentuer pas de l’application de l’appel à « gouverner par
les disparités économiques existantes, non plus le bas », lancée au soir de la défaite électorale
seulement entre les différentes nations mais en- du FSLN le 25 février 1990, mais au contraire le
tre différentes régions d’un même pays. résultat d’une stratégie consistant à tisser avec
le président du Parti Libéral Constitutionnaliste,
Démocraties ou alors au pouvoir, un pacte permettant aux deux
stratégies de contournement ? forces antagonistes de contrôler l’ensemble des
La fin des conflits armés au Nicaragua (1990), au institutions de l’État. Après deux échecs (en 1996
Salvador (1992) et au Guatemala (1996) a provo- et 2001), la tactique de reconquête du pouvoir
« par le haut » finit par aboutir mais en faisant,
de surcroit, payer aux femmes nicaraguayennes
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