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ANALYSE

                                                                © Sergio Goitia

mouvements de résistance n’ont pas tardé à se dé-               la Terre ont organisé une tournée européenne,
velopper dans tout le pays, avec la création notam-             invitant deux représentants argentins : Carolina
ment de la « Multisectorielle contre le fracking », réseau      Garcia, ingénieure en Ressources naturelles, et
réunissant des communautés mapuche, une diver-                  Diego di Risio, co-auteur du rapport d’enquête.
sité d’organisations sociales, des syndicats, etc. Grâ-         Activités de plaidoyer et échanges d’expérien-
ce à la mobilisation, une trentaine de municipalités            ces entre les militants argentins et européens se
du pays se sont déclarées « libres de fracking ». En            sont enchaînés pendant trois semaines dans six
août 2013, 5 000 personnes ont manifesté à Neu-                 pays européens.
quén contre la ratification d’un accord entre YPF et            Carolina Garcia a interpellé Christophe de Mar-
la compagnie américaine Chevron, et elles ont été               gerie, PDG de Total, devant des milliers d’action-
très durement réprimées par la police provinciale.              naires, réunis pour l’AG de l’entreprise à Paris :
Le lendemain, des maisons de la communauté ma-                  forer un puits de gaz de schiste malgré l’oppo-
puche sur le territoire de laquelle se trouve le projet         sition des experts environnementaux de l’aire
ont été brûlées.                                                protégée Auca Mahuida, est-ce vraiment cela
Par ailleurs, face à l’intensification des résistances          être une entreprise responsable ? Comme à son
et des remises en cause des « bonnes pratiques » de             habitude, le PDG de Total a d’abord essayé de se
l’industrie, les autorités publiques et les entrepri-           dédouaner au lieu de faire face à ses responsa-
ses ont lancé ce que le gouverneur de Neuquén a                 bilités, mais il a quand même reconnu publique-
appelé une « guerre de communication », basée sur               ment qu’il y avait peut-être un « problème » et
une campagne publicitaire qui a coûté des millions              que si besoin, ils « corrigeraient le tir ».
de dollars, dépensés en pages web, publicités dans
les médias de masse, ou encore en brochures.                                                                   Juliette RENAUD
                                                                       Chargée de campagne sur les Industries extractives
             Une campagne internationale
Le rapport de force reste très inégal en Argentine,                                                 Les Amis de la Terre France
et c’est pour faire pression directement sur les so-
ciétés-mères des multinationales que les Amis de

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