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toire », les reconstruit au travers d’une narration littéraire, timent que le journalisme et la littérature étaient des frères,
à la manière du Récit d’un Naufrage. issus d’une même lignée » décrit Anubis Galardy, corres-
De retour au pays, García Márquez s’engage en faveur de pondante pour Prensa Latina à Bogotá. Comme pour la
la Révolution cubaine en participant à la fondation de poésie ou le roman, l’objectif est d’: « hypnotiser le lecteur,
l’agence de presse, Prensa Latina. L’objectif est de rompre faire en sorte qu’il ne se réveille pas avant le dernier mot de la
avec le monopole des grandes agences internationales dernière phrase, ne pas le laisser respirer ». García Márquez
et de diffuser une autre image de la révolution, de Cuba se livre à cette cause, use pour cela les pages des livres et
et de l’Amérique latine. Une position qui lui vaut d’être des journaux, tout en s’interrogeant sur ce « mystère qui
constamment exilé, de figurer sur les listes noires du dé- fait que le simple désir de raconter des histoires se transforme
partement de l’immigration américain, refoulé même en une passion, qu’un être humain soit capable de mourir
de son pays en 1961. S’il reconnait que le journalisme a pour elle, de mourir de faim, de froid ou de n’importe quoi,
éveillé sa conscience politique, García Márquez n’est ni simplement pour réaliser cette chose qu’on ne peut voir ni
un staliniste ni même un marxiste. Ses amis sont l’uni- toucher, qui, au final peut se regarder mais ne sert à rien». Si
que priorité : « On dit que je suis un mafieux parce que mon la frontière entre le journalisme et la littérature est mince,
sens de l’amitié est un peu celui des gangsters : d’un côté il y a reconnaît l’auteur, une différence existe toutefois, inviola-
mes amis, de l’autre le reste du monde, avec lequel j’ai peu de ble et sacrée : le roman et le conte admettent la fantaisie
contacts ». Parmi les membres du « clan » García Márquez : sans limite, le reportage doit être véridique jusqu’à la der-
Mario Vargas Llosa, Fidel Castro ou Bill Clinton. « Gabo n’est nière virgule.
pas le laquais des politiques » souligne son biographe Ge- Avec pour slogan « Les meilleures histoires d’Amérique et de
rald Martin. Au pouvoir il préfère la médiation, transmet la péninsule ibérique », la FNPI se charge de faire rayonner
les messages, règle les crises, fait libérer des prisonniers et la réflexion de son fondateur. Les « qualités narratives et la
sauve des vies parfois. rigueur de l’investigation » arrivent en deuxième position
En 1982, la cérémonie des Nobel signe un changement des valeurs revendiquées, après l’ « éthique journalistique ».
de vie radical. García Márquez reçoit le prix de littératu- Et chaque année, son prix García Márquez de Periodismo
re pour l’ensemble de son œuvre. Les hôtels de luxe, les récompense une « bonne plume », capable de manier la
amis-stars, la célébrité ne lui font toutefois pas oublier son langue de Cervantès pour faire briller toute la profession.
premier amour, « le meilleur métier du monde ». « Je n’ai pas
débuté comme journaliste par hasard, ou par nécessité, mais Pauline STEFANINI
parce que je voulais être journaliste » confie-t-il en 1976 à
ses confrères de Radio Habana. « Il a toujours eu le pressen-

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