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Honduras : les élections se rejouent dans la rue
et dans la violence
Cinq jours après les élections au Honduras, le mutisme des magistrats du Tribunal
Suprême électoral et l’inversion de la tendance qui donnait l’avantage au candidat
de l’opposition Salvador Nasralla, ont créé une tension qui, depuis le 30 novembre, a
dégénéré en situation quasi-insurrectionnelle.
Photos : Hélène Roux
Le 26 novembre, à l’ouverture de Xiomara Castro (Libre) s’étaient destinée à signifier la détermination
des bureaux de vote, se référant vus spoliés de suffrages au profit du des électeurs à défendre un processus
à la candidature controversée de candidat du Parti National. électoral transparent. Dans le même
l’actuel président Juan Orlando Dans ce climat, qui, d’emblée, temps, les partisans du Parti National
Hernández (JOH), interdite par la s’annonçait confus, les regards se célébraient également la victoire de
Constitution, Rafael Alegría, dirigeant tournèrent vers le Tribunal Suprême leur candidat.
de Vía Campesina et candidat aux Électoral (TSE) dans l’attente de
législatives pour l’Alliance d’opposition résultats préliminaires qui tardèrent Commença alors une guerre des nerfs,
à la dictature, déclarait que ces à arriver ; situation, tout à fait entretenue à la fois par le silence du
élections étaient inédites. La suite des inhabituelle, qui contribua à renforcer TSE et les affirmations du président
évènements lui a donné raison... l’impression d’un TSE aux ordres du JOH que le vote rural encore non
En premier lieu, les autorités n’ont gouvernement. Les magistrats ont, en dépouillé lui garantirait la victoire,
pas, comme de coutume, accordé effet, été nommés en janvier 2014 par hypothèse bientôt reprise par certains
de prolongation pour permettre aux les représentants sortants du Congrès, médias qui commencèrent à évoquer
retardataires de voter. Au contraire, dont le président n’était autre que Juan un ballotage entre les deux candidats.
de nombreux bureaux de vote ont Orlando Hernández. Le mardi 28, les statistiques publiées
fermé avant l’heure réglementaire au compte-goutte montraient
de 16 heures. En début de soirée, À 1h 44 du matin, la première effectivement que l’écart entre JOH et
les premières tendances donnaient projection annoncée par le TSE fut Nasralla se resserrait inexorablement.
l’avantage au candidat de l’Alliance précédée sur les principaux médias, Du coté de l’Alliance, on commençait
d’opposition contre la dictature. par une nouvelle déclaration de JOH, à dénoncer un stratagème consistant à
Pourtant, se basant sur des sondages se proclamant vainqueur. Pourtant, traiter en priorité les relevés favorables
de sortie des urnes, le président- sûrs de leur fait, les cadres de l’Alliance au Parti National et à reléguer les votes
candidat, affirmait disposer d’une affichaient des visages confiants et favorables à l’Alliance dans la rubrique
confortable avance sur son rival. En c’est dans une atmosphère bon enfant des actes présentant des irrégularités
réaction, le coordinateur de campagne que les partisans de l’Alliance en et devant être nouvellement vérifiés.
de l’Alliance, « Mel » Zelaya affirmait liesse convergèrent vers le centre de Dans la soirée du 28, voyant le
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que les estimations, fondées sur les comptage. « Fuera JOH, fuera JOH ! » : mécontentement augmenter, l’ex-
procès verbaux fournis matériellement, ce grondement sourd scandé pendant président bolivien Jorge Quiroga,
confirmaient «de manière irréversible» toute la campagne avait pour l’occasion chef de la mission de l’Organisation
la tendance en faveur de l’Alliance. été remplacé par un message, certes, des États Américains/OEA obtint
Pour autant, Nasralla invitait à la de la même teneur (JOH ! es pa’fuera l’engagement écrit des deux candidats
vigilance, s’adressant spécialement aux que va !) mais au rythme d’une mélodie à respecter les résultats proclamés
Commandos anti-fraude, créés pour guillerette. par le TSE. Mais dès le lendemain, les
éviter que ne se répète le scénario des principaux quotidiens titraient sur
élections de 2013, au cours desquelles, Dans l’après-midi du 27 novembre, le fait que Salvador Nasralla se serait
son parti Anti-corruption (PAC) et celui «Mel» Zelaya invitait les partisans de dédit en exigeant que soit contrôlée la
l’Alliance à faire acte de présence aux conformité des relevés de vote remis
1 Manuel Zelaya a été président de la République du
Honduras entre janvier 2006 et le coup d’état du 28 abords du TSE : une manifestation au TSE avec ceux reçus par les partis
juin 2009. (NDR)
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