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ACTUALITES

IL Y A 100 ANS CHILI

LE MASSACRE DE SANTA MARIA
DE IQUIQUE

Moins d’un siècle après son indépendance, sous la présidence de Pedro
Montt, l’école de Santa María de Iquique fut le théâtre du plus grand mas-
sacre d’ouvriers que le Chili ait connue avant l’arrivée de Pinochet au pou-
voir. « Mesdames et Messieurs/Nous allons vous raconter/Ce que l’histoire/Veut
oublier. » 1

Santa María de Iquique, décembre 1907. dans les magasins de la compagnie, des mesu-
Au nord du Chili dans les régions de Tara- res de sécurité contre les accidents, un préavis

pacá et d’Antofagasta, sur une population de en cas de licenciement…

110000 habitants,près de 40000 ouvriers (dont Hernàn Rivera Letelier, lui-même ancien em-

13000 étrangers pour la plupart boliviens et ployé des mines de nitrate d’Atacama, décrit

péruviens) travaillaient dans dans un roman digne de

les mines de salpêtre2 de © Extraite du livre «Ecole Santa María de Iquique», Germinal3 cette marche des

l’Atacama. L’activité du port Hugo Barraza Jofré, 2006 grévistes sur Iquique :

d’Iquique reposait donc en « Le samedi 14 décembre,

grande partie sur cette exploi- à quatre heures du matin,

tation minière. l’heure à laquelle on se lève

La dépréciation de la mon- pour aller à la mine, la foule

naie aggrava sérieusement des grévistes, telle une grosse

la situation de précarité que bête qui s’étire, s’était lente-

connaissaient les ouvriers ment mise en mouvement…

d’Iquique et les mineurs. Dès Maintenant hors du village,

le 4 décembre, les employés en rase campagne, éclairés

des chemins de fer se mirent Ouvriers travaillant dans les mines de Salpê- par des torches ou des lam-
tres de l’Atacama, en 1907, à pes à carbure et suivant tou-
en grève et obtinrent une aug- Santa María de Iquique jours la ligne de chemin de
mentation de salaire, suivis le
fer, nous allongions le pas,
9 par les employés des com-
plein de courage et d’espoir en notre mission. A
pagnies de salpêtre auxquels cette augmen-
la vérité, la grande épopée que nous étions en
tation fut cette fois refusée. Cette dernière
train de vivre nous paraissait incroyable : nous
grève s’étendit de la mine de San Lorenzo si-
prenions soudain conscience de n’être plus une
tuée dans la Pampa à celle de Santa Lucía et
poignée de travailleurs de la compagnie San
bientôt trente mines situées tout au long de
Lorenzo mendiant une augmentation de salaire
la ligne de chemin de fer cessèrent le travail.
au gringo… mais de nous être transformés en
Les ouvriers souvent accompagnés par leurs
une sorte d’armée de libération des pampinos,
familles décidèrent de se rendre à Iquique. Ils
en une caravane épique et dépenaillée d’hom-
exigeaient d’être payés en argent et non par
mes, de femmes et d’enfants traversant un des
des jetons, l’abandon de l’obligation d’acheter

1 Cantate populaire Santa Maria de Iquique, Paroles et musique : Luis Advis (1968), Interprètes : Les Quilapayùn.
2 Salpêtre : nitrate de potassium, représente en 1900 près de 70% des exportations chiliennes.

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