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portes de la présidence. Plus de cinquante En Bref
parlementaires, très proches du président
Uribe, sont actuellement détenus, accusés de SOUTIEN AU PARAMILITARISME:
liens étroits avec les paramilitaires. Lors des CHIQUITA NOUVELLEMENT ACCUSÉE
récentes élections locales, les « paras » se sont
consolidés considérablement dans certaines A la mi novembre 2007, une plainte accuse
régions du pays. A Bogota, en revanche, c’est le l’entreprise étasunienne « Chiquita Brands
Polo democratico alternativo (PDA), seule vé- International » d’avoir financé et armé une
ritable force de gauche, qui a remporté, pour organisation paramilitaire colombienne
un second mandat consécutif, la mairie de la (AUC-Autodefensa Unidas de Colombia) qui
capitale. Après la mort des parlementaires qui aurait tué des cultivateurs de bananes.
étaient aux mains des FARC lors d’une attaque La transnationale est accusée de soutien à des
de l’armée colombienne, le PDA a clairement activités terroristes, à des crimes de guerre et
condamné les pratiques de la guérilla. Cela à des tortures : le remboursement demandé
n’empêche pas Alvaro Uribe de présenter le par les 393 victimes et leur famille au géant
PDA comme « l’ami des terroristes », caution- des bananes est de 7,86 milliards de dollars.
nant ainsi toute attaque ou agression contre Cette plainte n’est pas la première déposée
ses dirigeants et ses militants. à l’encontre de la multinationale, qui a déjà
versée 25 millions de dollars,suite à une plainte
Les FARC, qui ont, dans les dernières années, du ministère étasunien de la Justice pour le
perdu le soutien de la majeure partie de la financement des AUC, groupe paramilitaire.
population, réclament toujours une zone dé-
militarisée pour procéder à l’échange de pri- LES DEUX SOMMETS DE SANTIAGO
sonniers (50 otages des FARC contre 500 pri-
sonniers politiques du gouvernement) dans le Le Chili vient d’accueillir du 8 au 10 novembre
cadre de l’accord humanitaire. Sans doute sa- le 17ème sommet Ibéro-américain réunissant
vent-elles que le président Uribe ne veut rien 22 chefs d’Etats et de gouvernement. Au pré-
d’autre qu’une victoire militaire.Il s’oppose ain- cédent sommet qui s’était tenu à Santiago
si, depuis son élection, à toutes négociations, en 1996, seul Cuba défendait l’idée qu’une
torpillant systématiquement les initiatives en autre politique tournant le dos au néo-libé-
vue de l’accord humanitaire. Ce qui s’est passé ralisme était possible. On mesure aujourd’hui
à la fin du mois de novembre avec le prési- 12 ans après avec les changements inter-
dent vénézuélien Hugo Chavez et la sénatrice venus en Bolivie, en Equateur, au Venezuela
du PDA, Piedad Cordoba, est révélateur. Dans mais aussi avec les espoirs nés des résultats
l’affaire « des preuves de vie des otages » en uti- des élections en Uruguay, au Nicaragua, au
lisant puis rejetant le travail de Hugo Chavez Guatemala l’ampleur du chemin parcouru. A
et de Piedad Cordoba, Alvaro Uribe a joué sa l’initiative du gouvernement chilien soumis
propre partie au mépris de toute éthique et de depuis plusieurs mois à la pression d’un mé-
ses engagements internationaux. contentement croissant, lesdébatsontportésur
le thème de la « cohésion sociale ».La déclaration fi-
Comme l’a souhaité la mission d’observation, naleappelleà«promouvoir des politiques socia-
la communauté internationale doit faire con- les et à réduire progressivement la pauvreté et
naître la situation des droits humains en Co- garantir la qualité de l’éducation et de la santé ».
lombie et faire pression sur le gouvernement Au delà de ses déclarations de principes, paral-
d’Alvaro Uribe pour que cessent les exécutions lèlement à la rencontre « officielle », s’est tenu
extralégales et que soient punis leurs auteurs. à l’Université des arts et sciences sociales de
Santiago le « sommet pour l’amitié et l’intégra-
Françoise Escarpit tion des peuples » permettant à des milliers de
Journaliste citoyens de débattre sur l’éducation, la santé,
l’environnement ou l’intégration régionale.
9 Ce « sommet des peuples » se terminant sa-
medi 10 novembre par un temps fort au vé-
lodrome du stade national que les présidents
Chavez, Correa, Lage (vice-président cubain),
Morales et Ortega sont allés saluer.