🇳🇮 Pour le président du Nicaragua Daniel Ortega, l’Eglise catholique est une « dictature parfaite » (Le Monde)


Le chef d’Etat refuse la main tendue du pape François, qui a appelé au maintien du dialogue après la répression de membres du clergé nicaraguayen accusés d’avoir soutenu la contestation populaire née en 2018.

Daniel Ortega à Managua, le 2 septembre. JAIRO CAJINA / AFP

Faisant fi de la main tendue du pape qui a insisté sur la nécessité du « dialogue », le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a qualifié mercredi soir l’Eglise catholique de « dictature parfaite, de tyrannie parfaite », dans un contexte de tension croissante avec l’Eglise après l’arrestation d’un évêque critique envers le gouvernement et l’expulsion du nonce apostolique.

A l’occasion d’un discours pour le 43e anniversaire de la fondation de la police nicaraguayenne, M. Ortega a prononcé un réquisitoire contre l’Eglise. Il est allé de l’Inquisition aux violences contre des enfants autochtones au Canada, en passant par « des curés, des évêques » nicaraguayens accusés d’avoir « armé » les manifestants qui réclamaient sa démission en 2018 dans le cadre, selon lui, d’« une tentative de coup d’Etat » à l’instigation de l’« impérialisme » américain.

« Il y a un dialogue »

Les autorités nicaraguayennes ont déjà agressé et harcelé, à de nombreuses reprises, des membres du clergé. Ceux-ci appellent à la fin de la répression contre le mouvement de révolte né en avril 2018 pour réclamer le départ de M. Ortega (au pouvoir de 1979 à 1990 et depuis 2007). Cette année-là, les forces de l’ordre avaient tué 355 manifestants, blessé 2 000 autres et procédé à des centaines d’arrestations arbitraires, selon la Commission interaméricaine des droits humains.

En mars dernier, le Nicaragua avait expulsé l’ambassadeur du Vatican. En août, Mgr Rolando Alvarez, critique envers le régime, a été arrêté et « assigné à résidence », selon la police qui a invoqué des activités « déstabilisantes et provocatrices » de l’évêque. Le pape François avait insisté, le 15 septembre, sur la nécessité de maintenir la discussion avec le Nicaragua. « On a parlé avec le gouvernement. Il y a un dialogue. Ça ne veut pas dire que l’on approuve tout ce que fait le gouvernement. Ou que l’on désapprouve tout », a dit le pape argentin.

« Moi, je dirais à Sa Sainteté le pape, bien respectueusement, aux autorités catholiques – je suis catholique – : comme chrétien, je ne me sens pas représenté », a répondu Daniel Ortega mercredi, en évoquant « l’histoire terrible » de l’Eglise. « Nous les entendons parler de démocratie », a-t-il ironisé, en recommandant que tous les ecclésiastiques soient élus par les fidèles. (…)

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