🇵🇪 Pérou : crise de démocratie, mobilisations et répression, sur le chemin d’ élections sous contrôle (communiqué du collectif « Pour la démocratie au Pérou » et de l’association France-Amérique latine)


Dans le contexte d’une crise généralisée (grande instabilité politique, institutions gangrénées par la corruption, répression des opposant·es et augmentation de l’insécurité citoyenne), la colère et l’indignation, notamment de la jeunesse et des secteurs populaires, ont provoqué une vague de protestations et de mobilisations dites de réveil citoyen.


Depuis septembre dernier, la résistance face à la politique gouvernementale se redynamise avec des mobilisations qui rappellent celles de 2022 et 2023.  

De multiples revendications se sont généralisées, dont celles des jeunes contre la réforme des retraites, des transporteurs et des citoyen·nes contre la criminalité, l’extorsion et l’insécurité, ou celles des rondes paysannes pour la défense de leurs territoires contre l’intensification de l’extractivisme comme des revendications politiques « dégagistes ».  

Le 10 octobre 2025, la destitution de Dina Boluarte, présidente illégitime qualifiée d’assassine, n’a pas calmé les esprits. La nomination de José Jeri – président intérimaire- est interprétée comme une stratégie des forces de droite et d’extrême droite au pouvoir pour se refaire une image à l’approche des élections générales.

Le 15 octobre, cinq jours après la nomination de José Jeri, les manifestant·es, lors d’une immense mobilisation à l’initiative de jeunes de la Génération Z -rejoints par des transporteurs, étudiant·es, petits commerçants, rondes paysannes, collectifs et organisations citoyennes, syndicales et politiques -, ont exigé sa démission.

Le gouvernement a répondu par la répression et l’usage disproportionné de la force, provoquant l’assassinat du jeune musicien rappeur Mauricio Ruiz Sáenz par un policier en civil, une centaine de blessés et de nombreuses arrestations. 

Face à l’indignation des manifestant·es exigeant justice et appelant à une nouvelle mobilisation pour le 25 octobre, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence à Lima et au Callao, prétextant une mesure de lutte contre la criminalité, alors qu’il s’agissait de fait de violation des droits  d’expression et de manifestation.

La campagne électorale pour les élections générales du 12 avril 2026 a démarré dans cette situation très tendue. Le processus électoral avait été préparé par la majorité parlementaire de droite et d’extrême droite, au moyen de l’adoption d’un nombre important d’amendements à la Constitution. Parmi elles, le retour à la bi-cameralité – allant à l’encontre de la décision exprimée par référendum en 2018- destinée à permettre aux députés corrompus de se maintenir au pouvoir et de garder leur immunité parlementaire en se présentant comme sénateurs. 

La mainmise du pouvoir exécutif et législatif sur l’institution judiciaire, dès le début de la campagne, a permis – par des procédés scandaleux – d’éliminer des candidats démocratiques, au moyen d’une persécution politique, et de préparer le chemin des extrémistes de droite.

Enfin le Congrès, en déclarant la présidente du Mexique, Claudia Sheibaum, personne « non grata », a marqué une escalade de l’autoritarisme gouvernemental.  

Face à cette situation, le collectif « Pour la démocratie au Pérou » et l’association France-Amérique latine :

  • tiennent à manifester leur solidarité avec la jeunesse et les populations péruviennes en résistance contre un régime autoritaire et mafieux et exigent justice pour les victimes de la répression en cours;
  • dénoncent la répression brutale, l’usage disproportionné de la force, la violation des droits humains d’expression et de manifestation et l’utilisation de l’état d’urgence comme une arme contre la mobilisation sociale ; 
  • dénoncent un processus électoral anti-démocratique qui risque d’aboutir à des élections frauduleuses et réclament le respect du droit international.
  • invitent les organisations syndicales, associatives et politiques démocratiques représentant la jeunesse, les femmes, et les secteurs populaires à réaliser l’unité sur la base d’un programme de rupture avec le modèle économique néolibéral et pour la défense de la justice sociale et environnementale.
  • demandent aux organisations politiques et démocratiques françaises de manifester leur solidarité avec la résistance des populations péruviennes, en dénonçant les violations des droits humains et la répression, en exigeant le respect des règles démocratiques et la présence d’observateurs internationaux dans le processus électoral en cours.   

Oui à la solidarité et à l’unité  !
Non à l’impunité !

Collectif pour la Démocratie au Pérou et Association France Amérique Latine
Paris, 17 novembre 2025