🇺🇸 Affronter, s’adapter ou se soumettre : les pays d’Amérique latine face à Trump (AFP / Le Journal de Montréal)


Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’Amérique latine navigue entre intimidations économiques et militaires d’un côté, offres de rapprochement en échange de services de l’autre. Certains chefs d’État résistent, d’autres se soumettent.

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Aucun pays de la région n’a été épargné par ce que beaucoup assimilent à un retour de l’interventionnisme américain dans ce que l’administration Trump a pour habitude d’appeler «notre hémisphère». Tour d’horizon des postures adoptées par les pays latino-américains:

Le principal allié idéologique de Trump en Amérique latine, le président argentin Javier Milei, «fait tout ce que Trump fait et tout ce que Trump veut», a estimé auprès de l’AFP l’analyste Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington. Son besoin impérieux de soutien financier pour mener ses plans de relance d’une économie depuis longtemps en difficulté, a poussé M. Milei à offrir aux entreprises américaines un accès préférentiel au marché argentin. En retour, l’administration Trump a levé les restrictions sur les importations de bœuf argentin dans un accord réciproque, et a surtout offert au pays une bouée de sauvetage de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Autre fidèle allié de Donald Trump, cette fois en Amérique centrale: le président du Salvador Nayib Bukele, le premier à avoir accepté dans ses prisons des centaines de migrants expulsés par la nouvelle administration américaine. Pour son geste, M. Bukele a obtenu des compensations, notamment un sursis temporaire pour les plus de 200 000 Salvadoriens vivants aux États-Unis et qui envoient des milliards de dollars aux familles restées au pays. Des transferts de fonds indispensables à l’économie salvadorienne.

En Équateur, le président Daniel Noboa a aussi accepté d’accueillir des migrants expulsés et a loué le déploiement militaire américain dans les Caraïbes et le Pacifique pour bombarder des bateaux soupçonnés de transporter de la drogue. En échange, il a décroché une coopération militaire américaine dans sa propre lutte contre les gangs.

En Colombie, le président de gauche Gustavo Petro s’est frontalement opposé à Trump, le qualifiant de «grossier et ignorant», allant jusqu’à le comparer à Adolf Hitler. M. Petro a dénoncé à plusieurs reprises le traitement des migrants et les plus de 80 «exécutions extrajudiciaires» lors de frappes contre des bateaux de narcotrafiquants présumés. L’Amérique latine étant devenue ces dernières années un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington, Gustavo Petro a rejoint le grand projet chinois d’infrastructures des Nouvelles routes de la soie, un pied de nez aux États-Unis. Depuis, Donald Trump l’accuse de trafic de drogue et le Trésor lui a imposé des sanctions ainsi qu’à son entourage. Les États-Unis ont également retiré Bogota de la liste de leurs alliés dans la lutte contre le trafic de drogue. La Colombie échappe pour l’heure à des sanctions plus sévères, Washington semblant attendre un possible retour de la droite lors de la présidentielle de 2026.

Le président de gauche de la plus grande économie d’Amérique latine, Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil, a fait face à M. Trump de façon «plus pragmatique et ferme», selon Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas à São Paulo. Lula a dénoncé l’«ingérence» étrangère après des surtaxes douanières en représailles au procès pour coup d’État contre l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Aujourd’hui, «le Brésil exporte plus vers la Chine que vers les États-Unis et l’Europe réunis», note M. Stuenkel. (…)

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