Honduras: l’ex-président Juan Orlando Hernández arrêté et en détention provisoire (revue de presse)


L’ex-président hondurien Juan Orlando Hernández, réclamé par la justice étasunienne qui le soupçonne d’être lié à un trafic de 500 tonnes de cocaïne, s’est rendu mardi 15 février à la police de son pays et s’est dit prêt à coopérer avec la justice. Il a été placé mercredi en détention provisoire par le juge de la Cour suprême qui l’a entendu sur la demande de son extradition aux États-Unis.


Réclamé par les États-Unis, l’ex-président du Honduras
se rend à la police
(France 24 / 15 février)

L’ex-président hondurien Juan Orlando Hernández menotté par la police devant son domicile de Tegucigalpa, le 15 février 2022. © Police du Honduras via AFP

Vêtu de bleu, l’ancien chef de l’État est sorti de sa résidence, située dans la capitale hondurienne. Il a été immédiatement équipé d’un gilet pare-balles et enchaîné aux poignets et chevilles par la police pour être conduit devant un juge. Son domicile était cerné par environ 600 policiers depuis lundi soir, lorsque la demande d’extradition de Washington a été transmise à la justice hondurienne. Peu avant, un juge de la Cour suprême du Honduras avait émis un mandat d’arrêt contre l’ex-chef de l’État. “Je suis prêt et disposé à collaborer et à me rendre volontairement” pour rencontrer “le juge qui sera nommé par l’honorable Cour suprême afin que je puisse faire face à cette situation et me défendre”, avait indiqué dans la matinée l’ancien président dans un message audio.

Son frère condamné aux États-Unis

Juan Orlando Hernández, 53 ans, désigné habituellement par ses initiales JOH, a quitté le pouvoir à l’issue de deux mandats à la tête du Honduras depuis 2014. Il a été remplacé le 27 janvier à la présidence par sa rivale de gauche, Xiomara Castro.

Son frère cadet et ancien député, Antonio “Tony” Hernández, a été condamné en mars 2021 aux États-Unis à la prison à vie pour trafic de drogue. Les procureurs de New York soupçonnent JOH d’être son complice.

Des dizaines de personnes munies de banderoles ont célébré devant le domicile de Juan Orlando Hernandez la demande d’extradition lancée par Washington. Dans d’autres villes du pays, des habitants sont descendus dans la rue avec en chantant “Juancho va à New York !”, en référence à un autre surnom de l’ex-président. (…)

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L’ex-président Hernández en détention provisoire
(L’Express / AFP / 16 février 2022)

L’ex-président Juan Orlando Hernández escorté par la police au palais de justice de Tegucigalpa, le 16 février 2022 au Honduras. Photo : afp.com/-

Au lendemain de son arrestation à Tegucigalpa, l’ancien chef de l’État (2013-2022) a été entendu mercredi matin une première fois par le juge chargé d’examiner les informations transmises par Washington pour motiver sa demande.  Celui-ci a rejeté la requête en détention domiciliaire présentée par la défense et “a décidé d’ordonner la détention provisoire (…) afin de garantir la présence” de M. Hernandez lors d’une deuxième audience, fixée au 16 mars, a indiqué le porte-parole de la Cour suprême, Melvin Duarte. 

D’ici là, les États-Unis devront remettre au juge “les preuves à l’appui de la demande d’extradition (…) et les peines attachées aux charges imputées à M. Hernández“, a-t-il ajouté. 

Juan Orlando Hernández, 53 ans, surnommé “JOH“, est accusé par la justice américaine d’avoir facilité entre 2004 et 2022 le passage de quelque 500 tonnes de cocaïne par le Honduras, en sachant que la drogue était destinée aux Etats-Unis, a déclaré dans un communiqué l’ambassade des États-Unis à Tegucigalpa. 

Il aurait également reçu des “millions de dollars” de pots-de-vin de narcotrafiquants pour empêcher toute enquête, détention ou extradition à leur encontre.  En 2013, année de son élection à la tête du pays, il aurait reçu un million de dollars du célèbre criminel mexicain Joaquin “Chapo” Guzmán. 

L’ex-président doit répondre de trois chefs d’accusation : “association de malfaiteurs en vue d’importer une substance contrôlée aux États-Unis“, “utilisation ou port d’armes à feu” et “association de malfaiteurs pour l’utilisation ou le port d’armes à feu (…) dans la poursuite d’un projet d’importation de stupéfiants” aux États-Unis.

M. Hernández avait été transféré mercredi matin au siège de la Cour suprême du Honduras au milieu d’un imposant déploiement policier, avec le soutien de véhicules blindés et d’un hélicoptère. Arrêté mardi dans sa résidence par la police hondurienne en coordination avec plusieurs agences américaines, dont l’Agence antidrogue (DEA), celui qui était encore le chef de l’État il y a moins trois semaines n’a opposé aucune résistance. (…)

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Entretien avec le vice-ministre
des Affaires étrangères du Honduras
Jean-Jacques Régibier / L’Humanité / 17 février)

Photo: EFE

Mardi, vingt jours après avoir quitté le pouvoir, l’ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a été arrêté à son domicile dans la capitale Tegucigalpa, après que la justice américaine qui l’accuse de trafic de drogue, a réclamé lundi son extradition. En mars 2021, son frère avait déjà été condamné à la prison à vie aux États-Unis pour narcotrafic. Le 28 novembre, l’élection d’une présidente de gauche, Xiomara Castro, mettait fin à un siècle de domination des deux partis de droite et de centre droit (Parti national et Parti libéral) dans un pays gangrené par la corruption, la pauvreté, et la violence. Le Honduras est le pays du monde où le taux d’assassinats politiques rapporté au nombre d’habitants est le plus élevé, ces meurtres touchant surtout les militants pour l’environnement et les syndicalistes. Gerardo Torres Zelaya, le nouveau vice-ministre des affaires étrangères du Honduras dans le gouvernement de Xiomara Castro, s’est rendu mercredi au Parlement européen de Strasbourg pour y rencontrer des responsables européens et des députés. Entretien.

Pourriez-vous nous réexpliquer dans quel contexte a été arrêté mardi l’ancien président du Honduras ?

Juan Orlando Hernández a été l’une des figures du coup d’État de 2009, il était à ce moment-là président du parlement, et ensuite il est devenu président de la République. Il a été soutenu par les États-Unis qui lui ont apporté beaucoup d’armes, de logistique et d’argent. Il est considéré comme la figure principale des ultraconservateurs au Honduras. Il avait très peur d’une force politique « socialiste » et de ses forces amies dans toute l’Amérique latine. Cette peur là justifiait le soutien absolu de Juan Orlando Hernandez par les États-Unis. L’argent et d’autres moyens qu’ils envoyaient n’ont pas été utilisés pour renforcer la démocratie ni pour sortir les gens de la pauvreté, mais pour créer une structure criminelle liée au trafic d’armes et de drogue. Pour les États-Unis, l’alternative, c’était soit les menaces « socialistes », soit le maintien de ce régime violent et criminel. Pendant longtemps, les États-Unis ont soutenu le régime criminel à cause de cette peur d’un gouvernement plus social.

Qui a donné l’ordre de l’arrestation de Juan Orlando Hernández ?

Il faut rappeler que Juan Orlando Hernández a fait son coup d’État six mois après l’arrivée de Barack Obama à la présidence en janvier 2009, et pendant huit ans les États-Unis ont accordé leur soutien à JOH – c’est son surnom. Et pendant la présidence de Trump, ce soutien s’est renforcé. Néanmoins la DEA (Drug Enforcement Administration, l’agence fédérale américaine chargée de lutter contre le trafic de drogue aux USA, N.D.L.R.) a commencé à faire des recherches sur les liens entre Orlando Hernandez et son frère, et les cartels de la drogue. Et on voit très bien qu’avec Biden, il y a eu un changement de politique qui a amené les États-Unis a cessé leur soutien aux politiques criminelles au Honduras. (…)

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