🇦🇷 Argentine: les politiques de mémoire remises en cause sous la présidence de Javier Milei (Théo Conscience / RFI)



« Messieurs les juges, plus jamais ! », « nunca más ! »: la formule est restée célèbre. Il y a quarante ans, l’Argentine jugeait les principaux dirigeants des juntes militaires de la dictature pour leurs crimes commis entre 1976 et 1983. Le plus tristement célèbre d’entre eux, Rafael Videla, était condamné à la prison à perpétuité. Un verdict historique qui a ouvert la voie à un processus de justice transitionnelle depuis cité en exemple, avec plus de 1 200 militaires condamnés pour crimes contre l’humanité. Un processus pourtant aujourd’hui ouvertement questionné dans l’espace public, et jusqu’au plus haut niveau de l’État argentin. 

Des proches de victimes de la dictature en Argentine brandissent les portraits des disparus lors du procès de Reynaldo Bignone, président entre le 1ᵉʳ juillet 1982 et le 10 décembre 1983 et dernier dirigeant de la junte militaire. Le 20 avril 2010. ASSOCIATED PRESS – Rolando Andrade Stracuzzi

Samedi 29 novembre 2025. Sur la place de Mai à Buenos Aires, une petite centaine de personnes, pour beaucoup en uniforme militaire, sont rassemblées devant la Casa Rosada, le palais présidentiel de l’Argentine.

L’un d’entre eux se présente. « Juan Manuel Barros, soldat du contingent 55. Je suis venu apporter mon soutien à ceux qui ont combattu la subversion et qui sont aujourd’hui prisonniers pour avoir fait leur devoir ! » Juan Manuel Barros est venu réclamer la libération des militaires et des policiers condamnés pour crimes contre l’humanité pendant la dictature. Des hommes incarcérés pour meurtre, disparition forcée, viol, torture, enlèvement d’enfant, qui n’ont selon lui fait qu’obéir aux ordres.

De l’autre côté d’une rangée de barrières anti-émeutes et d’un cordon de police, des militants de gauche sont venus protester contre ce rassemblement.

« La place appartient aux Mères de la place de Mai », scandent-t-ils en référence aux mères des disparus qui venaient protester ici pendant la dictature avec un foulard blanc autour de la tête.

Le foulard qu’Asunción Benedict porte autour de la tête est noir. C’est le symbole provocateur de l’association qu’elle a fondée pour réclamer la libération des militaires condamnés. Son frère Beltran, député du parti du président Javier Milei, est allé rendre visite à certains d’entre eux en prison, une première pour un élu depuis le retour de la démocratie.

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