🇧🇷 Brésil : le moratoire sur le soja sauvé in extremis (Marina Fabre Soundron / Novethic)


À trois mois de la COP30, le moratoire sur le soja issu de la déforestation en Amazonie a finalement été rétabli par la justice brésilienne. Un sursis pour cet accord emblématique, attaqué par une partie du secteur agricole, mais considéré comme un rempart essentiel contre la destruction de la forêt.

La déforestation en Amazonie est principalement due à l’industrie et à l’agriculture, notamment celle de soja. – Flickr/CC BY-NC-SA 2.0/Grid-Arendal

Coup de théâtre au Brésil : le moratoire sur le soja, cet accord emblématique contre la déforestation en Amazonie, a finalement été rétabli le 25 août, à la suite d’une décision du Tribunal fédéral. Une semaine plus tôt, le Conseil administratif de défense économique (Cade), autorité brésilienne de la concurrence, avait pourtant prononcé sa suspension, déclenchant une vague d’indignation parmi les ONG.

Le 18 août, le Cade avait en effet accédé à une demande formulée par la commission de l’agriculture de la chambre des députés pour ouvrir une procédure contre le moratoire, accusé de « nuire à la libre concurrence ». Selon l’organe antitrust, cet accord signé en 2006 entre une trentaine d’exportateurs de soja, dont les géants Cargill, Bunge ou Louis Dreyfus, constituait un « accord anticoncurrentiel » désavantageant certains producteurs.

Ces entreprises s’étaient engagées à l’époque à ne pas acheter de soja cultivé sur des terres déforestées après 2008 dans la région amazonienne. Un engagement volontaire mais contraignant, conçu sous pression internationale, notamment de l’Europe, face à l’explosion de la déforestation liée à l’agronégoce brésilien. Mais la décision du Cade imposait aux signataires de se retirer du moratoire sous dix jours, sous peine de sanctions. Une attaque frontale contre un accord considéré par beaucoup comme l’un des outils les plus efficaces pour ralentir la destruction de l’Amazonie. Entre 2009 et 2022, la déforestation aurait chuté de 69% dans les zones couvertes par le moratoire.

Dans un communiqué, Greenpeace Brésil a salué le rétablissement du moratoire, parlant d’un « soulagement » face à une attaque qui « posait des risques de nouvelle déforestation » et envoyait « un signal négatif aux autres initiatives zéro déforestation ». Selon Cristiane Mazzetti, responsable des campagnes forêts, « démanteler un accord aussi efficace reviendrait à se tirer une balle dans le pied ».

Fait rare, c’est l’Association brésilienne des industries d’huile végétale (Abiove), habituellement alliée du secteur agricole, qui a déposé le recours devant le Tribunal fédéral. Le juge a donné raison à l’association, estimant que la suspension du moratoire n’avait pas pris en compte les arguments techniques et juridiques, et qu’elle interférait dans la politique environnementale du pays, selon le document recueilli par Agencia Brasil. Il a aussi souligné que le moratoire, bien que non contraignant par la loi, « constitue un instrument reconnu de promotion du développement durable », et que sa suppression par un acte unilatéral sans débat collégial était « disproportionnée et prématurée ».

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Voir également : Amazonie : Greenpeace Brésil salue le rétablissement du moratoire sur le soja par la justice fédérale