🇨🇱 « Mon peuple a élu un fils de nazi admirateur de Pinochet » : la colère et la douleur des Chiliens réfugiés en France (Antoine Comte / France 3-Bourgogne)


Le 14 décembre 2025, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast était élu président du Chili. Un coup de poignard pour les ressortissants chiliens qui avaient fui le pays lors de la dictature d’Augusto Pinochet il y a cinquante ans, et leurs enfants. Témoignages.

José Antonio Kast arrive au Palais présidentielle de la Moneda, à Santiago, le 15 décembre 2025. • © Adriana Thomasa / EFE

Sonnés. Étonnés. Tout simplement déçus. Ils sont Chiliens ou Français d’origine chilienne. Tous ont un lien particulier avec cette terre qui les a vus naître ou avec laquelle ils ont grandi, à travers le récit de leurs parents exilés.

Francisco Daniels Rojas, Amalia, Elvira et Victor Diaz ont tous suivi avec attention les élections présidentielles chiliennes, dimanche 14 décembre 2025. Celles-ci ont accouché du retour de l’extrême droite au pouvoir, trente-cinq ans après la fin de la dictature d’Augusto Pinochet, avec la victoire de José Antonio Kast, fils d’un ancien officier de la Wehrmacht parti au Chili après la Seconde guerre mondiale.

Pour ces Chiliens francs-comtois, ce résultat électoral a été dur à encaisser. Et pour cause, tous charrient avec eux une histoire personnelle et familiale particulière avec ce pays. « C’est dur, très dur » souffle Francisco Daniels Rojas. « Mais je m’y attendais. C’était une tragédie annoncée« .

« Tragédie« . Le mot est fort. Mais le Bisontin d’adoption, né au Chili en 1954, ne l’utilise pas par hasard. Le 11 septembre 1973, Francisco a 19 ans quand survient le coup d’État de Pinochet. Militant socialiste, le jeune homme est arrêté puis placé en prison pendant deux ans. Alors qu’un bon nombre de ses compagnons seront exécutés, lui a eu la vie sauve. « On m’a dit, ‘on ne te tue pas toi car on a tué les autres’  » se souvient-il. Deux ans plus tard, il est expulsé en France, où il arrive « avec sa valise » à 21 ans.

Francisco Daniels Rojas, alors âgé de 21 ans, monte dans l'avion qui le conduira en France, le 24 septembre 1975, jour de son expulsion du Chili.
Francisco Daniels Rojas, alors âgé de 21 ans, monte dans l’avion qui le conduira en France, le 24 septembre 1975, jour de son expulsion du Chili. • © Francisco Daniels Rojas – DR

Il y fera sa vie. En région parisienne, d’abord, puis à Besançon. Sans couper le lien qui le lie à sa patrie d’origine. Depuis la fin de la dictature, Francisco est ainsi retourné au Chili et s’attache à voter à chaque élection. « Dimanche, j’ai fait 900 km pour aller voter à l’ambassade, à Paris. C’est cher, coûteux en temps, mais indispensable« . Malheureusement, le résultat n’a pas été celui escompté.

 Comment expliquer cette élection ? « Je m’informe beaucoup et je continue à lire la presse chilienne. Les médias parlent constamment d’insécurité, de meurtres, d’assassinats. La droite et l’extrême droite ont mis tous leurs moyens pour cela » analyse-t-il.

Un climat de peur et d’insécurité, distillé par des médias chiliens souvent détenus par des grandes fortunes proches de la droite, qui aurait jeté les citoyens chiliens dans les bras de José Antonio Kast, connu pour son programme centré sur le « rétablissement de l’ordre » ? C’est l’explication de Francisco, rejoint en ce sens par Amalia Diaz Aldunate. (…)

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Pour rappel, voir :
Élection de José Antonio Kast : FAL solidaire avec les mouvements populaires et progressistes chiliens (communiqué de France Amérique Latine)
Victoire de l’extrême-droite au Chili (entretien avec Franck Gaudichaud – France Inter / entretien avec Olivier Compagnon – France Culture / revue de presse)
La montée des extrêmes droites en Amérique latine (entretien avec Mathilde Allain et Olivier Compagnon par Clotilde Dumay (RFI)