🇵🇪 Pérou : destitution de la présidente Dina Boluarte et mobilisations (revue de presse)


La présidente péruvienne, Dina Boluarte, a été destituée ce vendredi 10 octobre, après une procédure marathon devant le Parlement, sur fond de crise sécuritaire et de mobilisations dans le pays. Le président du Parlement, José JerÍ Oré, va assurer la transition jusqu’aux prochaines élections, en 2026. Mais le nouveau gouvernement semble peu apte à apaiser la colère sociale. Revue de presse.

Photo : Sala de Prensa

Pérou : la présidente illégitime Dina Boluarte destituée (Vadim Kamenka / L’Humanité / 10 octobre)

La présidente Dina Boluarte, qui avait usurpé le pouvoir en 2022 après le renversement du président Pedro Castillo a été destituée dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 octobre. La droite et l’extrême droite ont lâché la cheffe de l’État, largement discréditée, pour éviter une crise politique à quelques mois des élections générales, prévues en avril.

Photo : Carlos Garcia Granthon/ZUMA Press Wire

La présidente Dina Boluarte, qui avait usurpé le pouvoir en 2022, a été à son tour destituée ce vendredi. Lors d’une session parlementaire, débutée à partir de 23 h 30 locales jeudi (6 h 30, vendredi, en France), la résolution a été adoptée par les principales forces politiques qui ont déposé cinq motions de destitution. L’examen de quatre d’entre elles a été approuvé dans la soirée à la majorité par le Parlement monocaméral.

Les motions invoquent une « incapacité morale permanente » de la présidente à exercer ses fonctions, selon les documents lus à l’ouverture de la session. Dina Boluarte qui avait été convoquée ne s’est pas présentée. Sa popularité avait tellement chuté mois après mois que l’institut de sondage IPSOS la pointait à 0 %…

Une incompétence illustrée par diverses affaires. Face à la crise économique et sociale dans le pays, avec 52 % des Péruviens qui sont en situation d’insécurité alimentaire selon la FAO, la présidente, exhibant des bijoux Cartier, avait affirmé que les citoyens pouvaient manger avec trois dollars.

Pourquoi cette fois ses soutiens, les partis de droite et d’extrême droite, les groupes néolibéraux, le patronat, l’ont finalement lâchée, ce vendredi ? L’ancienne présidente avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution. Après le renversement du président Pedro Castillo par la droite et l’arrivée illégitime de Dina Boluarte au pouvoir, des grèves et des manifestations éclatent en 2022 et 2023 pour dénoncer « ce coup d’État ». En avril 2023, les cercles du pouvoir l’avaient protégé contre une tentative de destitution pour sa responsabilité dans le meurtre de cinquante manifestants lors des soulèvements. (…)

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Pérou : le Parlement vote en faveur de la destitution de Dina Boluarte (France 24 / 10 octobre)

La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 octobre par un vote majoritaire du Parlement, à la suite de plusieurs motions en ce sens déposées au cours de la journée par les principales forces politiques de l’assemblée.

Agathe Fourcade, correspondante France24 au Pérou, décrypte la situation.

Reportage de France 24

Reportage de France 24

Pérou: la destitution de la présidente Boluarte «n’était qu’une étape» selon les protestataires (Martin Chabal / RFI / 11 octobre)

Le Pérou continue sa descente aux enfers dans l’instabilité politique. La très impopulaire et désormais ex-présidente Dina Boluarte a été destituée dans la nuit de 9 au 10 octobre, sous la pression des chiffres sur l’insécurité records depuis le début de l’année. Mais aussi depuis que les Péruviens manifestent sans relâche tous les weekends depuis la mi-septembre pour plus de sécurité et la démission du gouvernement. Et malgré la destitution de Boluarte, ils sont encore nombreux dans la rue à demander plus de changements.

Les protestataires réclament maintenant la démission du président du Parlement José Jeri, à Lima, le 10 octobre 2025 © Guadalupe Pardo / AP

La destitution de Dina Boluarte n’a pas apaisé les tensions au Pérou/ Elle n’est plus présidente, mais de nombreux manifestants réclament encore justice. Notamment pour la mort de cinquante manifestants en 2023, juste après son arrivée à la tête de l’État (…) 

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Pérou: le ras-le-bol populaire se généralise contre la classe politique du pays (Martin Chabal / RFI / 13 octobre)

Au Pérou, le départ de la présidente Dina Boluarte, jeudi 9 octobre, n’a pas apaisé les tensions. Les appels à manifester se multiplient dans tout le pays : contre le nouveau président en place et pour plus de sécurité alors que les assassinats et les extorsions sont devenus monnaie courante depuis le début de l’année. La première semaine depuis l’éviction de Dina Boluarte s’annonce déjà très mouvementée.

Manifestation contre le nouveau président péruvien, José Jeri, le 10 octobre 2025 à Lima. AFP – CONNIE FRANCE

Après la destitution express de Dina Boluarte, c’est tout le Pérou qui se soulève contre sa classe politique, écrit notre correspondant à LimaMartin Chabal. Et José Jeri, le nouveau président en poste, est déjà très critiqué, notamment pour une plainte pour viol déposé contre lui au début de l’année. Maritza réclame son départ immédiat : « Tout ce gouvernement c’est une mafia, et maintenant en plus de ça, le président est accusé de viol… Comment, en tant que femme, je peux me sentir protégée par ce gouvernement ? Il y a encore beaucoup à faire, il faut continuer à sortir dans la rue. »

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Pérou : après la destitution de Dina Boluarte, le gouvernement de José Jeri réprime déjà la jeunesse en colère (Luis Reygada / L’Humanité / 15 octobre)

Un mauvais départ ? Alors que le Pérou connaissait de fortes mobilisations depuis plusieurs semaines, le nouveau président José Jeri – nommé vendredi 10 octobre pour succéder à une Dina Boluarte éjectée par le Congrès à l’issue d’une procédure de destitution accélérée – a présenté ce mardi un gouvernement qui semble peu apte à apaiser la colère sociale.

Syndicats, étudiants et membres de la Génération Z sont descendus dans la rue pour dénoncer le gouvernement Jeri. Ils réclament la démission du président en place après la destitution de Dina Boluarte.
© Carlos Garcia Granthon/ZUMA Press Wire

Syndicats, étudiants, organisations du secteur des transports et autres manifestants se revendiquant du mouvement Génération Z : tous étaient invités à participer ce mercredi 15 octobre à une nouvelle journée de grève et de mobilisation nationale pour forcer sa démission.

Une façon de montrer que le mécontentement dépasse la figure de l’ex-cheffe de l’État, perçue comme une « dictatrice » illégitime et corrompue par nombre de Péruviens après le renversement réprimé dans le sang de Pedro Castillo (décembre 2022).

« Ce sera très difficile pour (José Jeri) de trouver une stabilité », a exprimé sur X l’universitaire Anahi Durand, « car il existe le sentiment que certains groupes de pouvoir font et défont (les présidents) à leur guise, ne servant que leurs intérêts ».

 À l’approche des élections générales – prévues en avril 2026 –, il est plus qu’évident que Dina Boluarte, devenue un fardeau pour la droite, a été écartée du pouvoir par calcul politique, et non pas pour les graves affaires pour lesquelles elle aurait pu être inquiétée. « L’indignation des citoyens ne se tarit pas », ajoutait celle qui fut la ministre des Femmes sous Castillo, tout en dénonçant « une farce de gouvernement pour une farce de démocratie ».

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Au Pérou, un mort et plus de cent blessés à Lima lors d’une manifestation contre l’insécurité et le nouveau gouvernement (Le Monde / AFP / 16 octobre)

Des milliers de personnes ont défilé mercredi 15 octobre à Lima, Arequipa, Cusco, ou Puno, face à une vague sans précédent d’extorsions et d’assassinats, visant des chauffeurs, des artistes et d’autres milieux, imputés au crime organisé. Un homme a été tué et au moins cent personnes blessées à Lima, au Pérou, dans les heurts qui ont éclaté, dans la nuit de mercredi à jeudi 16 octobre, après l’une des manifestations de la jeunesse dans le pays contre le nouveau gouvernement, a annoncé la présidence péruvienne.

Manifestation contre la hausse de la criminalité, l’insécurité économique et la corruption, au lendemain de la présentation du nouveau gouvernement par le président José Jeri, à Lima, le 15 octobre 2025. Sebastián Castaneda / Reuters

« Je déplore la mort d’Eduardo Ruiz Sanz, 32 ans », a écrit sur le réseau social X le président péruvien par intérim, José Jeri. « Cinquante-cinq policiers » et « 20 civils blessés », avait-il précisé un peu plus tôt, réévaluant très régulièrement le bilan à la hausse, et précisant citer le Défenseur des droits en ce qui concerne les données sur les civils.

Dans la lignée des précédentes, la mobilisation de mercredi, prévue avant le changement inattendu de gouvernant, répond notamment à l’appel de la Gen Z, un mouvement de jeunes manifestants qui se répand partout dans le monde, identifiable grâce au drapeau « One Piece » qu’ils brandissent – le manga le plus vendu de l’histoire, dans lequel le héros, Luffy, s’oppose à des groupes dominants.

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Au Pérou, Destitution d’une présidente, … Au suivant … ? (Jean-Jacques Kourliandsky / Nouveaux Espaces Latinos / 14 octobre)

Jeudi 9 octobre, ou vendredi 10, en session de nuit, les députés péruviens ont destitué la présidente Dina Boluarte. Le vote a été unanime. Pas une voix, de droite à gauche, n’a manifesté une quelconque hésitation. Le motif invoqué, serait une « incapacité morale permanente » de l’intéressée. 


« Ce motif » de destitution selon le constitutionnaliste péruvien Omar Cairo, « n’existe qu’au Pérou, il a un contenu très gazeux », utilisé par les congressistes de façon discrétionnaire[1]. L’intérimaire entré en fonction, jusqu’aux présidentielles de 2026, José Jeri, a hérité du poste en tant que président du parlement. C’est ce que prévoit la Constitution.  Déjà les mauvaises langues et des rumeurs ayant fuité dans la presse signalent qu’il a un curriculum tout aussi chargé, côté moralité, que celui de Dina Boluarte.

Le parlement préparerait-il la destitution de l’intérimaire ? Ou s’agit-il d’un avertissement caché au cas où il ne ferait pas l’affaire, dans tous les sens du mot répertoriés par le dictionnaire ? Le Pérou, en effet vit depuis la fuite du président Alberto Fujimori, en 2000, en instabilité institutionnelle structurelle. Rien ne l’impose, aucune loi, aucun texte fondamental. Pourtant être chef de l’État au Pérou, c’est accepter un risque politique et personnel.

Alberto Fujimori (1938-2024) a passé les années 2007 à 2023 en prison. Alejandro Toledo, élu en 2002, est actuellement dans un centre pénitentiaire. Alán García qui lui a succédé en 2006, s’est suicidé. Ollanta Humala, élu en 2011, a été mis sous les verrous en 2025. Son successeur en 2016, Pablo Kuczynski, a été contraint de démissionner à mi-mandat en 2018. Il vit en résidence surveillée depuis 2019. Manuel Vizcarra qui alors a pris le relai, de façon intérimaire, n’a pas terminé son CDD. Le Congrès l’a en effet destitué en 2020 « pour incapacité morale ». Emprisonné pendant quelques jours, ses droits civiques lui ont été retirés pour une durée de dix ans. Pedro Castillo, élu en 2021, est interné depuis décembre 2022. Dina Boluarte, vice-présidente, exerce la magistrature suprême depuis le 8 décembre 2022. Un commentateur attentif aux choses péruviennes, avait alors signalé noir sur blanc, un doute matérialisé trois ans plus tard : « Le Pérou a une nouvelle présidente : pour combien de temps ? »[2].

Hormis quelques intermèdes, très courts, la quasi-totalité des chefs d’État péruviens depuis vingt-cinq ans a donc soit été soit destituée, soit emprisonnée voire pour l’un d’entre eux poussée à se donner la mort. Les partisans des uns et des autres contestent ces mises à l’écart. Certaines sont motivées par de graves violations de l’ordre constitutionnel. Alberto Fujimori en 1992 et Pedro Castillo en 2022 ont effectivement décrété la dissolution du parlement sans en avoir les compétences. Alberto Fujimori et Dina Boluarte ont été accusés de graves violations des droits humains. D’autres accusations ont été fondées sur des actes de corruption, des « affaires » auxquelles auraient trempé Alejandro Toledo, Alan Garcia, Ollanta Humala, Pedro Kuczinski, Manuel Vizcarra et Dina Boluarte.

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Pour rappel, voir Pérou: mobilisations contre le pouvoir politique (Vatican News / RFI)