🇵🇾 Solidarité avec les camarades de la Coordination des Sans Terre du Nord, Paraguay (Communiqué collectif)


Les camarades de la Coordination des Sans Terre du Nord ont annoncé l’occupation de la vaste propriété nommée Lucipar, administrée par le Secrétariat national de l’administration des biens saisis et confisqués (Senabico). En conséquence, trois dirigeants ont été arrêtés sous le chef d’accusation « d’apologie de faits punissables ».

Rassemblement pour la récupération des terres de Lucipar en  avril 2025

Cette action intervient après des mois sans réponse de la part des institutions publiques chargées de traiter la demande de redistribution des 11 000 hectares de terre, saisie à un narcotrafiquant actuellement incarcéré au Brésil. Le dialogue avec les organismes compétents se poursuivait depuis des années, mais les autorités ont cessé de répondre, abandonnant de fait leurs responsabilités devant une problématique urgente. Face à cette inaction, l’occupation des terres constitue un geste de résistance pour imposer le respect de la loi.

Cet arrêt des négociations avec une organisation paysanne et la criminalisation de ses membres est symptomatique de la situation agraire au Paraguay. Une élite agraire s’accapare la grande majorité des terres afin de produire du soja transgénique avec le soutien affiché des instances étatiques. Cette dépossession détruit les écosystèmes et s’opère sur le dos des paysan·nes, toujours moins nombreux·ses, alors qu’iels représentent le modèle productif alternatif le plus crédible en vue du désastre climatique futur. C’est parce que les paysan·nes symbolisent un autre mode de production possible et qu’iels luttent contre l’agriculture intensive, qu’iels sont intensément réprimé.es par les autorités publiques en collaboration étroite avec l’agro-business.

Actuellement, les terres du domaine Lucipar sont louées sans aucun contrôle. En cas de mise aux enchères et de vente, elles retourneraient entre les mains de grands producteurs de soja ou de réseaux liés au crime organisé. Les organisations paysannes n’ont pas accès à ces parcelles. La distribution de ces terres dans le cadre de la réforme agraire, garantie par la Constitution, est juste, légitime et indispensable.

De fait, pousser le respect de la Constitution par l’application de la réforme agraire n’est, en aucun cas, un crime. Au contraire, le crime se trouve dans la persécution du mouvement social et le renforcement de l’agro-business, dans un État qui n’est efficace que dans son action répressive, et non dans la défense des droits des citoyens et des citoyennes.

Depuis la France, nous exprimons notre pleine solidarité et restons attentif·ves à la situation. Nous sommes conscient·es que l’accaparement des terres, la criminalisation des mouvements sociaux et l’attaque contre l’agriculture paysanne au profit de l’élite foncière, la corruption organisée, l’agrobusiness et le narcotrafic, aggravent la crise climatique et la crise démocratique, tant au niveau local qu’international.

Nous exigeons des garanties de protection pour les occupant·es, la suspension de toute expulsion ou mise aux enchères des terres, et la réouverture urgente du dialogue pour une solution juste.



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