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ACTUALITES
d’être là, mais les narcotrafiquants ont des titres par l’intermédiaire des archéologues français et
de propriété et Perenco vient d’obtenir le droit guatémaltèques et tous nous ont dit : c’est une
de forer de nouveaux puits ». Les communau- entreprise qui fait travailler les Mayas ». Si le
tés voudraient protester, mais un important soutien de la diplomatie française à Perenco
dispositif militaire les intimide. En effet, dans était attendu, celui des archéologues est plus
le cadre du renouvellement du contrat 2-85, surprenant. Le 27 juin, lors de la soirée privée
Perenco finance 6 bataillons militaires dans la organisée par Perenco dans les locaux du mu-
zone. Officiellement destinés à la lutte contre sée, Philippe Nondédéo et Hansen, respecti-
le narcotrafic et les « paysans envahisseurs », vement responsables des fouilles Naachtum et
ces militaires sont positionnés près de l’en- El Mirador, ont même cru bon de faire du zèle
trée des installations de Perenco « pour proté- pour défendre l’image de l’entreprise qui les
ger les intérêts de l’entreprise*». finance. L’archéologue américain allant même
jusqu’à affirmer que « les écologistes du Guate-
© Anna Bednik
mala et les populations
pauvres détruisent la
forêt, alors que Perenco
protège la nature. C’est
l’exemple à suivre ».
À Paris, le 20 juin, lors de l’inauguration de l’ex- Si Perenco sort pour
position au MQB, un groupe de manifestants l’instant indemne de
s’était réuni devant le musée afin de protester cette polémique, ses
contre l’hypocrisie du mécénat de Perenco. méthodes sont doréna-
Derrière une banderole titrant : « Perenco vant connues et les dé-
préfère les Mayas empaillés », un des mani- nonciations enfleront à
festants s’insurge : « Comment se fait-il qu’une mesure que l’informa-
entreprise pillant un pays, finançant l’armée et tion sur ses activités
piétinant les droits des populations locales se ra- au Pérou, en Équateur
chète une image en s’affichant en France com- ou encore en Républi-
me le défenseur des Mayas?». Plus tôt dans la que Démocratique du
journée, un collectif d’associations**, accom- Congo se fera connaî-
pagné par le député guatémaltèque Anibal tre. En attendant, Pe-
Garcia dénonçait devant les médias les consé- renco a son nom accro-
quences de l’activité pétrolière sur les popu- ché au tableau d’honneur des bienfaiteurs du
lations locales. Interrogé par France culture, MQB, un musée - qui dans le cas de l’expo-
le patron du MQB y voyait une fausse polé- sition sur les Mayas - prouve que nous som-
mique : « Nous faisons attention dans le choix mes encore dans un schéma de domination
des mécènes. Cette société, nous l’avons trouvée culturelle où, « l’instance suprême occidentale
fait dialoguer les autres cultures » et où les po-
* Entretien avec un paysan de la Laguna del Tigre, mars 2011. pulations locales, comme le souligne M. Han-
** Collectif Guatemala, Une seule Planète, FAL sen, sont surtout considérées comme «des
données ethnographiques qui nous servent à
mieux comprendre les Mayas anciens».
Grégory Lassalle
Collectif Guatemala
Pour consulter le rapport :
http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/campagnes/rapport_perenco.pdf
Se joindre à la campagne :
http://collectif-guatemala.chez-alice.fr