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ACTUALITES
Mobilisations étudiantes au Chili,
En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet !
Des centaines de milliers de personnes diante atteint sa vitesse de croisière : le 16
dans les rues des grandes villes du pays,
et ce depuis plusieurs mois ; un maire, ce- se produit la première manifestation de
200 000 personnes – la plus grande de-
lui de Santiago, qui suggère de faire appel puis la période de la dictature. Organisant
à l’armée pour éviter que la commémora-
tion du 11 septembre 1973 (date du coup des grèves massives et bloquant des ly-
cées, les manifestants dénoncent la « mar-
d’Etat contre le président Salvador Allen- chandisation de l’éducation » et exigent
de) ne fasse l’objet de débordements : le
Chili vit une période inédite. « un enseignement gratuit et de qualité » :
une revendication qui remet en cause les
Jamais, depuis la fin de la dictature, en fondations mêmes du « modèle chilien »,
1990, le pays n’avait connu d’aussi impor-
tantes mobilisations. Jamais, depuis 1956, hérité de la dictature. Dans les rues, les
étudiants ne s’y trompent pas, qui scan-
un gouvernement démocratique n’avait dent « Elle va tomber, elle va tomber, l’édu-
fait face à une telle contestation popu-
laire. cation de Pinochet ! », en référence aux
slogans entendus lors des manifestations
A l’origine de ce mouvement, les contre la dictature, il y a plus de
étudiants ont placé le gouver- « L’éducation est vingt ans (« Elle va tomber,
nement de M. Sebastián Piñera une marchandise elle va tomber la dictature de
(droite) dans une position délicate : sa comme une autre » Pinochet ! »). Les manifestants
côte de popularité – 26 % – fait d’ores Sebastián Piñera, n’hésitent pas, d’ailleurs, à réha-
et déjà de lui le président le moins président du Chili biliter la figure de l’ancien pré-
populaire depuis le retour à la dé- sident, Salvador Allende. Cette
mocratie.
clarté politique n’a pas affaibli le mou-
vement étudiant – bien au contraire. Ils
Réunissant 8 000 personnes, la première ont reçu le soutien des universitaires, des
manifestation d’avril ne semble pas, a
priori, promise à un quelconque avenir. enseignants du secondaire, des associa-
tions de parents d’élèves, de différentes
Elle vient néanmoins gonfler un peu plus personnalités et de syndicats importants
le fleuve de la protestation sociale, déjà
nourri par diverses mobilisations à tra- (professeurs, fonctionnaires, personnels
de santé, etc).
vers le pays. En juin, la mobilisation étu- Alors, pourquoi maintenant ? Certes, le
© Renata Molina
Université du Chili à Santiago, juillet 2011.
