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ACTUALITES

LE REVEIL DES MOUVEMENTS SOCIAUX AU CHILI

L’année 2011 restera inscrite dans l’histoire du Chili comme celle d’un nouveau réveil des mouve-
ments sociaux. Ceci après deux décennies de léthargie due à la conjonction de l’action « naturelle
» du modèle économique néolibéral, du souvenir de la dictature, des entraves et des restrictions lé-
gales et administratives à l’expression des demandes sociales et de la dictature virtuelle des medias
imposée par quelques groupes économiques et de pouvoir. Sans compter le contrôle exercé sur ces
mouvements et la cooptation de leurs dirigeants, pendant longtemps, par les gouvernements de la
Concertation et leurs partis.

Depuis le début de cette année, les mouve- que, égalitaire et de qualité. Le changement
ments sociaux se sont succédés avec une a été radical. De la même façon, demander
étonnante rapidité au Chili, et de façon mas- un référendum pour des choix importants
sive et persistante. Pour faire une synthèse concernant les citoyens, la renationalisation
rapide, mais incomplète, il faut citer le mou- du cuivre, une réforme fiscale pour financer
vement de protestation régional de Magalla- des solutions aux problèmes sociaux les plus
nes, les mobilisations contre le méga projet cruciaux, la convocation d’une Assemblée
hydroélectrique de HidroAysén, les marches Constituante pour que les peuples du Chili
pour le respect de la diversité sexuelle, les puissent pour la première fois dans leur his-
grèves communales de Calama, la contes- toire exercer leur souveraineté, étaient, il y a
tation d’Arica, les grèves des travailleurs du peu de temps encore, des rêves de gauchis-
cuivre (entreprises d’état et du privé), les grè- tes impénitents sans grand écho social. Or,
ves des fonctionnaires du fisc, sans oublier aujourd’hui, ces thèmes sont incontourna-
les luttes permanentes des Mapuche pour bles. Même la « classe politique » qui a vou-
la récupération de leurs terres et la recon- lu monopoliser la représentation citoyenne
quête de leur autonomie et de leur liberté. pendant ces dernières décennies doit- tout à
Mais, sans aucun doute, le mouvement le fait contre ses inclinations et ses intérêts- en
plus massif et qui a eu le plus grand reten- tenir compte, soit pour les réfuter, soit pour
tissement social, culturel et politique, est le
mouvement pour l’éducation publique dont Mobilisation du 14 juillet 2011 à Santiago devant le Palais de la Moneda
les étudiants sont la colonne vertébrale et la
composante essentielle. © Claudio Pulgar
Sans doute la principale vertu de ce mouve-
ment (outre le fait d’avoir inscrit avec force
la question de l’éducation au rang des prio-
rités politiques) a-t-elle été son apport à la
repolitisation de la société chilienne, en
permettant la réactivation de certains sec-
teurs et en remettant en question des cer-
titudes, des valeurs, des normes, des insti-
tutions et des façons d’agir qui semblaient
être devenues « naturelles » à des millions
de citoyens soumis à l’hégémonie idéologi-
que du néolibéralisme. Il y a quelques mois
encore, seule une minorité de Chiliens re-
mettait en cause le fait que l’Etat n’ait qu’un
rôle secondaire dans une éducation aux fins
lucratives. Aujourd’hui ce sont des millions
qui exigent, aux côtés des étudiants, une
éducation d’état gratuite, laïque, démocrati-