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nominale, qui a prévalu durant deux cents tection sociale et des droits des travailleurs
ans, en la remplaçant par la souveraineté et des consommateurs.
effective des peuples qui
vivent dans cet Etat na- Pour sa part, le mouve-
tion. Le plébiscite récent ment pour l’éducation pu-
sur l’éducation, récem- blique gratuite (qui selon
ment impulsé « d’en bas » les enquêtes d’opinion
par diverses organisations jouit de l’appui de 80%
citoyennes, a constitué de la population), spé-
la première étape sur ce cialement le mouvement
chemin vers la souverai- étudiant, devra, dans les
neté populaire. semaines qui viennent,
faire preuve de créativité
© Dominique Vétillard et d’habileté politique pour pouvoir dépasser
la difficile conjoncture actuelle. Cela impli-
Un dénouement en suspens quera nécessairement la redéfinition d’une
Au moment où j’écris ces lignes (fin octobre ligne d’action qui permette d’arracher au
2011) il n’est pas possible de prévoir l’issue pouvoir des concessions qui écornent de ma-
de ces grandes mobilisations pour l’éduca- nière significative le modèle d’éducation « de
tion publique qui se succèdent au Chili de marché ». Ainsi il serait possible d’éviter la dé-
manière ininterrompue depuis plus de cinq faite par usure qui serait source de divisions
mois. Le gouvernement de Piñera est décidé durables en son sein. Ce n’est que de cette
à écraser le mouvement des étudiants, des manière que le mouvement pour l’Education
professeurs et des travailleurs de l’éducation Publique gratuite serait en condition d’entrer
par la répression, la manipulation médiati- dans une nouvelle phase de la longue mar-
que, le chantage de la menace de perte de che vers la réalisation de tous ses objectifs. Il
l’année scolaire et universitaire, la suspen- participerait ainsi au réveil des mouvements
sion des bourses, et l’étouffement financier sociaux populaires dans la perspective d’une
des universités publiques. Dans le même politisation autonome qui réduise les risques
temps il multiplie les manœuvres de tentati- de corporatisme, d’économisme, et d’enfer-
ves de division du front uni des partisans de mement sectoriel ou local. Le Chili vit une
l’éducation publique gratuite. situation politique «ouverte» comme jamais
Les effets de ces mesures et la fatigue natu- depuis deux décennies. Le dénouement est
relle parmi les protagonistes mêmes, consti- imprévisible.
tuent la seule carte du pouvoir pour tenter
de sortir de cette impasse, car ses annonces Sergio GREZ TOSO
de « concessions » et de supposées « amé- Historien chilien
liorations » dans l’éducation ne réussissent
à tromper personne. Sa marge de manœu- Professeur de l’Université du Chili
vre est étroite puisqu’il ne peut mettre fin à
l’aspect lucratif de l’éducation, ni accorder
l’éducation d’état gratuite à tous les niveaux.
S’il le faisait il se priverait de l’appui d’une
grande partie des privilégiés qui constituent
le noyau dur de sa base sociale, et le modèle
néolibéral commencerait à s’écorner car, sti-
mulés par les partisans de l’école publique,
des mouvements similaires pourraient voir
le jour dans le domaine de la santé, de la pro-