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De nombreuses affiches sur les murs de La Paz ont
célébré la rencontre entre le pape et Evo Morales
(juillet 2015). Photo : Cathy Ferré.
lutte libératrice du Dieu de Jésus-Christ contre les interagissant dans le temps. Des peuples qui luttent
multiples dieux de l'Olympe capitaliste. pour une signification, pour un destin, pour vivre
avec dignité, vont dans ce sens ». Ce « Bien vivre »
« Aucun pouvoir établi n’a le droit de priver ne correspond ni au « bien-être occidental» ni au
les populations du plein exercice de leur « développement » contemporain, mais s’appuie
souveraineté » sur la cosmovision des peuples originaires, leur
expérience de vie dans une relation de respect
Le Pape François dénonce le pouvoir des mutuel avec la Nature Mère. Les premières
institutions à l’origine des programmes expressions du « Bien vivre » sont inscrites dans
d’austérité. Pour lui, il s’agit d’un « nouveau les nouvelles constitutions de l’Équateur (2008)
colonialisme à plusieurs visages : parfois, il a et de la Bolivie (2009). Ce pas significatif fut le
l’influence anonyme des veaux d’or que sont les produit de nouvelles conditions politiques et
entreprises, les organismes de crédit, certains citoyennes ainsi que de l’émergence croissante
traités de libre échange et l’imposition de mesures des peuples indigènes comme protagonistes.
d’austérité qui obligent toujours les travailleurs Le Pape précise : « C'est une économie où l'être
et les pauvres à se serrer la ceinture ». Il fait ainsi humain, en harmonie avec la nature, structure tout
allusion non seulement au Traité Transatlantique le système de production et de distribution pour que
de Libre Échange Europe-États-Unis (TAFTA) mais les capacités et les nécessités de chacun trouvent
aussi à l’Accord Stratégique Transpacifique (TPP), une place appropriée dans l'être social. Vous, et
actuellement en débat au Chili : « Aucun pouvoir d'autres peuples aussi, résumez ce désir ardent
établi n’a le droit de priver les populations du plein d'une manière simple et belle: ‘‘vivre bien’’, qui n’est
exercice de leur souveraineté. À chaque fois que cela pas la même chose que ‘‘prendre du bon temps’’ ».
se produit, nous voyons la montée d’une nouvelle
forme de capitalisme qui porte un sérieux préjudice « Nous voulons un changement… »
à la paix et à la justice ». Rappelons que Ricardo Le pape appelle à l’action : « Nous voulons un
Lagos, président social démocrate du Chili avait changement réel, un changement de structures.
refusé en 2003 que le Traité de libre commerce On ne peut plus supporter ce système qui ruine
avec les États-Unis soit voté par le Parlement. la société, condamne l’homme, le transforme
en esclave, détruit la fraternité, oppose les
Vivre bien ou Bien vivre peuples les uns aux autres et met en danger
Le Pape ne manque pas également de faire notre maison commune, c’est-à-dire la planète
allusion au « Vivre bien ou Bien vivre » : « Chacun de Terre ».
nous n’est qu’une part d’un tout complexe et divers, « Vous les humbles, les exploités, les pauvres et les
exclus, vous pouvez et faites beaucoup… ne vous
sous-estimez pas ! ». Mais comment opérer un
tel changement? Quelles sont les solutions ?
Le pape reconnaît qu’il n’est « pas si facile » de
répondre à ces questions, et ajoute : « N’attendez
pas de ce pape une recette ». Mais il propose une
méthode.
1) Mettre l’économie au service des peuples.
Le Pape estime important de promouvoir des
« formes d'économie populaire et de production
communautaire. Cela implique d’améliorer les
processus de travail, de pourvoir une infrastructure
adéquate et de garantir tous les droits aux
travailleurs de ce secteur alternatif ». Le Pape sait de
quoi il parle. Cinq millions d’Argentins travaillent
dans l’économie populaire depuis la crise du
néolibéralisme des années 1990.
2) Continuer à travailler pour « le droit aux trois T:
Travail, Toit et Terre ».
« Quand l'État et les organisations sociales
assument ensemble la mission des trois ‘‘T’’, cela
active les principes de solidarité et de subsidiarité
qui permettent d'édifier le « bien commun » dans
une démocratie pleine et participative ».
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