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Une issue incertaine
justifie la demande de destitution de la Les militants du Parti des Travailleurs, sont
présidente par le retard pris dans le transfert paralysés par les accusations de corruption
de fonds du gouvernement vers les banques contre certains de leurs dirigeants et le choix
publiques afin de rendre excédentaires, sur du gouvernement et du PT de ne pas mobiliser
le papier, les comptes fédéraux, mécanisme la rue. En outre, ils ont du mal à comprendre
interdit par la loi brésilienne. Simultanément, les décisions du gouvernement, telles que
le nouveau président de la Chambre, Eduardo l'ajustement fiscal, l’élargissement des
Cunha, du Partido da Mobilização Democrática concessions au privé de routes et d’aéroports,
Brasileira (PMDB), visé par une enquête pour le réalignement sur les États-Unis, et l'abandon
corruption, met à l’ordre du jour la baisse de la des mesures annoncées lors du second tour
majorité pénale, une réforme qui légitime les des élections, comme la réforme politique et
dons des entreprises aux candidats et une loi celles des moyens de communication. Du côté
contre le droit du travail. des mouvements sociaux, même si l’unité est
Déstabilisation économique, politique et sociale difficile, la construction d’un front large de la
La crise économique est devenue une crise gauche reste possible, autour d’un programme
politique. De fait, le Brésil vit aujourd’hui un de changement de politique économique, de
parlementarisme informel, où la Chambre des garantie des droits des travailleurs et d’avancée
Députés décide les orientations politiques et vers des réformes structurelles.
fait subir au gouvernement défaite sur défaite. Le tableau politique du Brésil est complexe
Le gouvernement fédéral en est venu à parier et l'avenir dépend des mouvements qui se
sur une issue institutionnelle, en accroissant les produiront au cours des prochains mois. L'action
pouvoirs de son vice-président et en distribuant des États-Unis en vue de reprendre de l’influence
des postes au PMDB dans l’espoir d'isoler Eduardo politique et économique sur la région, y compris
Cunha. À aucun moment, le gouvernement en finançant des groupes d’opposition et des
n’envisage la mobilisation populaire comme stratégies de déstabilisation, le résultat des
alternative. De plus, la crise politique s’aggrave élections législatives au Venezuela, l’élection de
d’une crise sociale, avec des signes croissants de Mauricio Macri à la Présidence de l’Argentine
chômage, de baisse des revenus, d’extension de représentent un rétrécissement de la marge de
la pauvreté. manœuvre des gouvernements progressistes.
Outre le maintien des profits du capital et En outre, les effets accrus de la crise économique
l’adoption d’un agenda conservateur qui internationale ont de graves conséquences
menace l’emploi et les droits sociaux, la droite sur l’économie brésilienne: le pays connaît
brésilienne prend pour cible le contrôle de déjà des signes d’augmentation du chômage
l’État sur le pétrole et la compagnie Petrobrás, et de stagnation économique. La réponse
avec l’appui inconditionnel des moyens de du gouvernement se résume à l’adoption
communication et du pouvoir judiciaire. Sa de politiques nettement néolibérales, telles
stratégie consiste à éliminer le PT du champ que la réduction des investissements publics
institutionnel et à empêcher toute alternative et le maintien des gains du capital financier.
de gauche, en faisant s’écrouler le camp Récemment, à la Chambre des Députés, le
populaire, quelle que soit sa position vis-à-vis du président Eduardo Cunha, confronté aux
gouvernement et du Parti des Travailleurs. Fin accusations les plus graves de corruption, a joué
juillet, le gouvernement admet que l’ajustement sa dernière carte en acceptant une demande
fiscal n’a pas atteint ses objectifs initiaux, et d’impeachment contre la présidente Dilma
exige de nouvelles coupes. Pour sa part, la Cour Roussef. Le processus prendra encore quelques
des Comptes fédérale pourrait rendre possible mois, mais détourne l’énergie des secteurs de
un impeachment, si elle considère illégal le gauche face à la crise économique et peut les
retard du transfert aux banques publiques. confronter à une tentative de coup d’État à froid
comme au Paraguay en 2012. Le gouvernement
annonce qu’il ira à la bataille, mais dans les
couloirs du Congrès et pas dans la rue. En même
temps il confirme son cap néolibéral.
L’issue de cette crise reste incertaine.
Miguel Stedile,
Mouvement des Sans Terre (MST) du Brésil
Traduction : Jean José Mesguen
Adaptation : Cathy Ferré (BN de FAL)
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