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3) Subordonner la propriété aux nécessités du            d’Amérique latine qui forment la Patria Grande,
peuple.                                                  concept créé en 1920 par un socialiste argentin
                                                         qui désignait ainsi l’unité des pays d’Amérique du
 « La destination universelle des biens, le bien         Sud, face à la domination nord-américaine.
commun, c’est une réalité antérieure à la propriété      Argentin, le Pape connaît bien l’histoire de
privée. La propriété, surtout quand elle affecte les     l’Amérique latine, où les 200 ans d’histoire
ressources naturelles, doit toujours être établie en     depuis l’indépendance sont émaillés d’incidents
fonction des nécessités des peuples ».                   frontaliers et de guerres. Des conflits parfois
La droite a été secouée par ce discours de Santa-        sanglants, dont le souvenir continue de peser
Cruz, très social, voire anticapitaliste, dans lequel    lourdement sur des pays qui partagent une
elle a cru discerner « une vision de dénonciation et     culture commune. Le 14 juin dernier, les
de révolte qui apparemment a plus à voir avec la         présidents bolivien et paraguayen Evo Morales et
lutte des classes qu'avec une classique conception       Horacio Cartes ont ainsi annoncé qu’ils mettaient
de la justice sociale » (Le Figaro).                     officiellement fin à la guerre qui, de 1932 à 1935,
Le Pape François n’invite pourtant pas à la              avait fait 90 000 morts quand les deux nations se
« révolution violente ». Pour lui, le changement         disputaient la riche région pétrolifère du Chaco.
est un processus, il ne se réalisera pas « parce qu’on   Cette dimension est présente dans la visite au
a imposé telle ou telle option politique ou parce        Paraguay du pape François, qui, sans évoquer
que telle ou telle structure sociale a été instaurée.    directement la guerre du Chaco, s’écrie : « Plus
Un changement de structures qui n’est pas                jamais de guerres entre frères ! ».
accompagné d’une conversion sincère des attitudes        Dans son discours aux autorités et aux corps
et du cœur finit tôt ou tard par se bureaucratiser, par  diplomatiques, le Pape fait l’éloge de l’héroïsme
se corrompre et par succomber (…). Voilà pourquoi        des femmes paraguayennes au cours de la
l'image du processus me plaît tant, processus            tragique guerre de la Triple Alliance (1865-
où la passion de semer, d’arroser sereinement ce         1870). Il déclenche des applaudissements en
que d’autres verront fleurir, remplace l'obsession       reconnaissant « avec émotion et admiration le rôle
d’occuper tous les espaces de pouvoir disponibles        joué par la femme paraguayenne en ces moments
et de voir des résultats immédiats. L’option est de      dramatiques de l’histoire (…). Pour moi, la femme
créer des processus et d’occuper des espaces ». Et,      du Paraguay est la plus glorieuse d'Amérique latine».
surtout, il faut agir « non pas à partir des idées       Ce conflit déséquilibré avait en effet décimé la
et des concepts mais à partir de la rencontre            population masculine, faisant du Paraguay un
authentique entre des personnes parce que ni             pays comptant huit femmes pour un homme.
les concepts ni les idées ne s’aiment ; ce sont les      Enfin, le message exprimé par le Pape François face
personnes qui s’aiment ».                                à 70 000 jeunes Paraguayens réunis à Costanera,
                                                         peut résumer les enseignements qu'il a délivrés
         Plus jamais de guerre entre frères !            au cours de tout son voyage en Amérique du Sud:
Le voyage de François met également l’accent sur         « avoir un cœur libre, être solidaire et lutter pour
les racines communes aux « pays frères » visités.        l'espérance ».
Il cherche à resserrer les liens entre les peuples
                                                                                    Patrick Duboys, FAL Yvelines

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                          Restauration conservatrice en Argentine

Avec 700 000 voix d’avance sur son adversaire Daniel Scioli (Front pour la victoire), le candidat de droite Mauricio Macri
(« Cambiemos », « Changeons ») a remporté le second tour de l’élection présidentielle du 22 novembre en Argentine
(51,4 % contre 48,6 %). M. Macri est ainsi le premier président de la droite non péroniste à obtenir la présidence du
pays. Mais l’ancien maire de Buenos Aires va gouverner dans une configuration singulière.
En effet, cette élection débouche sur un paysage politique complexe. Le Sénat reste dominé par la coalition kirchneriste
sortante. Elle constitue également le groupe de députés le plus important à la Chambre. Ce retour de la droite dans
la troisième puissance latino-américaine représente la première défaite d’un gouvernement progressiste dans la
région depuis l’élection de Hugo Chávez au Venezuela en 1998. Selon le sociologue brésilien Emir Sader, « une défaite
de cette ampleur ne s’explique pas par un seul facteur, elle est le résultat d’une combinaison de problèmes de gestion du
gouvernement national et de la province, de fragilités du candidat choisi, d’erreurs dans la campagne électorale, de succès
de la campagne systématique des médias contre le gouvernement et d’une bonne performance du candidat d’opposition ».

                                                                                                        Source : http://www.medelu.org/.

FAL Mag reviendra prochainement plus amplement sur les conséquences de cette élection.
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