🇨🇴 COP 16 : entre nĂ©gociations et “COP des gens” (revue de presse)
Du 21 octobre au 1er novembre, la ville de Cali, en Colombie, est le théâtre de la 16ème Conférence des Parties de la Convention sur la biodiversité. Cet événement, qui a lieu tous les deux ans, se déroule cette année dans l’un des pays à la biodiversité la plus riche du monde. Il réunit des leaders, des experts et des décideurs dans le but de promouvoir des politiques de développement visant à inverser la trajectoire de déclin de la biodiversité.
Cette COP intervient deux ans après la signature de l’accord-cadre de Kunming Montréal qui prévoit la protection de 30 % des terres et des mers de la planète à échéance 2030. Les 195 pays participants de la COP Biodiversité de Montréal étaient censés détailler comment ils comptaient s’y prendre en amont du rendez-vous de 2024.
À mi-parcours, la COP16 biodiversité navigue entre avancées et manque de fonds (Julie Renson Miquel / Libération / 29 octobre)
Une semaine après l’ouverture du sommet onusien, à Cali en Colombie, qui doit s’achever ce vendredi 1er novembre, de gros points de blocages persistent, notamment au sujet du financement et du partage équitable des bénéfices liés aux ressources génétiques.

Comment les objectifs de l’ambitieux accord de Kunming-Montréal de 2022 seront-ils mis en œuvre par les Etats du monde entier ? C’est la question à laquelle devront répondre les 196 parties signataires de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) réunis à la COP16 biodiversité à Cali, en Colombie jusqu’au 1er novembre. Pour «stopper et inverser» d’ici 2030 la destruction des terres, des océans et des espèces vivantes, la feuille de route entérinée lors de la COP15 de Montréal a fixé 23 objectifs mondiaux : protéger 30 % des terres et mers, restaurer 30 % des écosystèmes dégradés ou réduire de moitié les pesticides et le taux d’introduction d’espèces exotiques envahissantes… Charge désormais aux parties de la CDB de se mettre d’accord sur la façon de procéder.
Vendredi, Susana Muhamad, présidente de la COP16 et ministre colombienne de l’Environnement, s’est félicitée des «très bons progrès dans les négociations». Si les organisateurs se veulent optimistes, dans les salles à huis clos où ambassadeurs et autres représentants des différentes délégations échangent, la réalité est plus délicate.
Plantes, espèces sauvages : les points les plus faciles ont déjà été négociés
«Comme on pouvait s’y attendre à la mi-COP, les points les plus faciles à négocier l’ont été, à l’instar de la conservation des plantes et de la gestion durable des espèces sauvages», analyse Juliette Landry, chercheuse sur la gouvernance de la biodiversité à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Autre point positif, les négociations concernant les liens entre climat et biodiversité «avancent bien», abonde la spécialiste. Les négociateurs sont également sur le point de s’accorder sur une mesure visant à reconnaître et à mieux inclure les populations autochtones dans la prise de décision en matière de biodiversité.
En revanche, deux grands blocages persistent sur les principaux objectifs de cette COP16 : le financement – nerf de la guerre – et la question du partage équitable des bénéfices liés aux ressources génétiques – les fameux DSI, pour digital sequence information en anglais. A tel point qu’«à mi-chemin, la négociation est en train de complètement changer de dimension, s’inquiète auprès de Libé Arnaud Gilles, responsable des négociations internationales au WWF France. On n’en est plus à donner un coup d’accélérateur à l’accord de Montréal, mais à en sauver la dynamique».
Même constat pour le financement global des objectifs de Montréal. Les pays en voie de développement, groupe Afrique en tête, suivi par le Brésil et l’Argentine, réclament la création d’un nouveau dispositif d’aide, mettant en avant leurs difficultés – notamment administratives – à bénéficier des ressources du Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Pour le négociateur brésilien, André Aranha Corrêa do Lago, les financements devraient ainsi être principalement alloués aux Etats du Sud, là où se trouve la biodiversité.
Aujourd’hui, sur les 150 milliards de dollars (139 milliards d’euros) dĂ©diĂ©s au financement de la biodiversitĂ© Ă l’échelle de la planète, «75 Ă 80 % sont dans les budgets nationaux du Nord, pour protĂ©ger «leur» biodiversitĂ©, tandis que les 20 % restants sont dans les budgets des Suds et dans les flux de solidaritĂ© de l’aide au dĂ©veloppement, illustre Gilles Kleitz, directeur scientifique adjoint de l’Institut de recherche pour le dĂ©veloppement (IRD). Or, ces budgets de solidaritĂ© ne sont pas au top des prioritĂ©s politiques du moment pour de nombreux pays riches». (…)
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COP16 biodiversité: six chefs d’États à la table des discussions, mais pas ceux des pays riches (Lucile Gimberg / RFI / 30 octobre)
La COP16 biodiversité se tient actuellement à Cali, en Colombie. C’est le deuxième jour de présence des ministres pour tenter de dépasser les différences de vues entre les pays du Sud et les pays du Nord, alors que les discussions se poursuivent autour de la mise en œuvre des engagements pris à Montréal pour enrayer la disparition du vivant. Et pour la première fois dans une COP biodiversité, six chefs d’État sont aussi présents, en particulier d’Amérique latine.

« Nous vivons le début de l’extinction de l’humanité. » Les propos choc du premier président de gauche de la Colombie, Gustavo Petro pour lancer ce moment plus politique des négociations.
Façon de rappeler l’urgence de prĂ©server la biodiversitĂ©, car elle est Ă la base de la vie humaine et de nombre de nos activitĂ©s – agriculture, pĂŞche, mais aussi dĂ©veloppement de mĂ©dicaments.
Adopter « une autre manière de produire »
Gustavo Petro a aussi fustigé le capitalisme : « La maximisation des gains mène à la maximisation de la destruction de la nature », nous devons adopter « une autre manière de produire », a-t-il lancé à la salle, alors que cette COP biodiversité a attiré de nombreuses entreprises.
Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a lui parlĂ© de « crise existentielle ». En plus de la GuinĂ©e-Bissau et de l’ArmĂ©nie, plusieurs leaders de pays du continent amĂ©ricain sont prĂ©sents : l’Équateur, le Surinam ou encore HaĂŻti.
Le président du Conseil de Transition haïtien, Leslie Voltaire, a appelé à un « renforcement de la coopération » face à la violence des bandes armées qui se sont établies jusque dans les aires protégées du pays.
Ă€ Cali, il manque tout de mĂŞme le BrĂ©silien Lula, qui a dĂ» annuler après sa chute. Et aucun chef d’État des pays riches n’est au rendez-vous. (…)
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COP16 biodiversité : le financement au cœur des négociations (France 24)
Plus que quelques jours avant la fin de la COP16 biodiversitĂ©. La question des financements divise toujours les pays du Sud global et les pays riches. Ils ne parviennent pas Ă se mettre d’accord sur la façon dont seront gĂ©rĂ©s ces fonds. Les peuples autochtones rĂ©clament d’ĂŞtre consultĂ©s, parce qu’ils sont Ă la fois les premières victimes de l’effondrement de la biodiversitĂ© et sont aussi les gardiens de connaissances traditionnelles pour la prĂ©servation de l’Ă©quilibre environnemental.
COP16 de Cali: une première semaine dans l’attente d’engagements pour la biodiversitĂ© (Lucile Gimberg / RFI / 29 octobre)
En Colombie, la COP16 biodiversitĂ© entre dans sa seconde semaine Ă Cali. Les reprĂ©sentants de plus de 190 pays font ensemble un premier point d’étape, deux ans après l’accord historique conclu Ă MontrĂ©al pour enrayer la destruction de la nature. Celui-ci inclut insectes, mammifères, forĂŞts, micro-organismes et autres, autant d’organismes indispensables Ă la vie humaine sur Terre. Si beaucoup de sujets ont Ă©tĂ© mis sur la table après une semaine de sommet, très peu d’engagements ont Ă©tĂ© pris.
Des pays ont continuĂ© Ă fournir leurs engagements nationaux pour ĂŞtre en phase avec ceux pris collectivement Ă MontrĂ©al : par exemple, protĂ©ger 30 % des terres et des mers ou rĂ©duire les pesticides. C’Ă©tait Ă L’Inde dimanche soir, vendredi la Namibie et l’Uruguay, mais tous ne l’ont pas encore fait.
Pour ce qui est des discussions, quelques accords ont été trouvés sur des sujets à la marge, mais pas sur les sujets phares, comme les indicateurs pour évaluer ces engagements nationaux justement. Durant cette première semaine, les négociateurs des différents pays se sont surtout humés, écoutés les uns les autres. Et ils ont confirmé les points de tensions.
Le premier, c’est de savoir comment et Ă quel point les entreprises pharmaceutiques, cosmĂ©tiques ou agroalimentaires vont payer pour avoir gagnĂ© de l’argent en utilisant des donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques des plantes et des animaux. Ces derniers ont Ă©tĂ©, dans la plupart du temps, prĂ©levĂ©s dans les pays du Sud. (…)
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Le temps de la COP16, Cali cĂ©lèbre la nature grâce Ă l’espace de la sociĂ©tĂ© civile, en plein centre-ville (Lucile Gimberg / RFI / 29 octobre)
C’était une volonté du gouvernement de Gustavo Petro : faire de la COP16 Biodiversité, non seulement un rendez-vous de diplomatie environnementale, mais aussi un rendez-vous populaire. Cette « COP des gens », comme le gouvernement en fait la promotion, est un succès.
Depuis une semaine, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont venus passer du temps dans l’espace consacrĂ© Ă la sociĂ©tĂ© civile. La traditionnellement appelĂ©e « zone verte » a Ă©tĂ©, pour la première fois, installĂ©e en plein centre-ville. (…)
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