🇭🇳 Honduras : après la fin de la dictature, une Assemblée nationale constituante ? (Les crises)


Le gouvernement de gauche de Xiomara Castro doit créer les conditions d’une autodétermination dans un État vulnérable aux pressions américaines et conçu pour servir le capital monopolistique.

Xiomara Castro lors de son investiture à la présidence du Honduras le 28 janvier 2022 (Crédit : Simon Liu, via Flickr CC).

En janvier 2022, Xiomara Castro est devenue la première femme présidente du Honduras, rétablissant la démocratie électorale dans le pays après plus d’une décennie de dictature. En se présentant avec le parti de gauche Liberté et Refondation (LIBRE), l’élection de Castro rompt avec le système bipartisan vieux d’un siècle qui permettait aux élites des partis national et libéral de se partager le pouvoir. Avec un mandat pour opérer une transformation et des aspirations populaires élevées, Castro doit faire face à des défis de taille dans un contexte de crise systémique profonde.

Le coup d’État militaire de 2009 qui a évincé le mari de Castro, le président démocratiquement élu Manuel Zelaya, du parti libéral, a plongé le Honduras dans le chaos. Le régime d’extrême droite qui s’en est suivi a été soutenu par la force militaire et une fraude électorale éhontée. La « République bananière » initiale est devenue un laboratoire pour de nouveaux modèles radicaux d’appropriation et de confiscation, les services publics et les territoires riches en ressources étant vendus aux enchères au plus offrant. Les leaders des mouvements sociaux ont fait face à une répression croissante, allant jusqu’à l’exécution très médiatisée de la célèbre militante indigène Berta Cáceres en 2016. Les intérêts privés des fonctionnaires, du capital extractif et des narcotrafiquants sont devenus indissociables. Face à l’augmentation des déplacements, de l’insécurité et des inégalités, les Honduriens paupérisés ont fui vers les États-Unis dans des proportions sans précédent.

Le LIBRE a été formé en 2011 à partir du Front national de la résistance populaire, qui s’est forgé dans les luttes anti-néolibérales de la décennie précédente et a défié la dictature dans les rues. Les mouvements militants paysans, indigènes et ouvriers ont été un élément fondamental de la victoire de LIBRE, mais la faction libérale Zelaya est la force dominante de la coalition gouvernementale. Les organisations démocratiques doivent maintenant naviguer entre les pièges de la démobilisation et ceux de la cooptation alors qu’elles cherchent à faire en sorte que le nouveau gouvernement tienne ses promesses tout en repoussant la tentative de déstabilisation venant de la droite.

Castro hérite d’un appareil d’État endetté et gangrené, d’une économie en crise qui est dépendante des exportations et d’une dangereuse opposition oligarchique. Le système judiciaire et les forces de sécurité restent profondément corrompus et redevables à l’ancien régime, à un point tel que le gouvernement a préféré extrader Juan Orlando Hernández (JOH), le prédécesseur de Castro, aux États-Unis pour trafic de drogue plutôt que d’essayer de faire respecter la justice au niveau national. L’administration a demandé le soutien des Nations unies pour la création d’une commission internationale de lutte contre la corruption, sur le modèle de l’organisme qui a été expulsé du pays du temps de JOH. (…)

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