🇻🇪 Venezuela: le retour de Nicolas Maduro sur la scène internationale face à une opposition divisée (RFI)


Depuis quelques mois, la situation évolue, après des années de blocage : l’opposition et le président Nicolas Maduro commencent à se parler, à négocier. Et au niveau international, le président vénézuélien n’est plus le paria qu’il a été, après sa réélection en 2018, considérée par beaucoup comme frauduleuse.  

Le président vénézuélien Nicolas Maduro au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas, au Venezuela, le 2 novembre 2022. AP – Ariana Cubillo

La raison principale de cette évolution, c’est la guerre en Ukraine, qui a bouleversé les approvisionnements en pétrole russe des occidentaux ; parmi eux les États-Unis, à l’origine des sanctions qui frappent le Venezuela, avec entre autres, un embargo sur, justement, son pétrole (le pays renferme une des réserves de brut les plus importantes au monde).

Et depuis le début de la guerre provoquée par Moscou, « les États-Unis essaient de trouver des partenaires pour éviter d’utiliser du pétrole russe. Ils essaient de défaire des pays de la dépendance de la Russie, à savoir le Venezuela », explique Thomas Posado, docteur en sciences politiques et spécialiste du Venezuela. Ils essaient aussi de peser à la baisse sur les cours du pétrole, et en cela, « le Venezuela, qui ne produit plus que 700-800 000 barils contre 2,3 millions il y a quelques années, semble être un partenaire de choix ». Cette guerre en Ukraine, explique le spécialiste, devient une opportunité pour remettre en cause des sanctions qui n’étaient pas efficaces. Elles avaient pour vocation d’aboutir rapidement à un changement de régime, « qui n’a absolument pas eu lieu ». Dès la campagne présidentielle américaine de 2020, Joe Biden avait évoqué la possibilité de revenir sur ces sanctions.  

Après son élection, le nouveau président américain ne l’a pas immédiatement fait. Mais la situation change : les États-Unis commencent à lever une partie des sanctions qui pèsent sur le pays. Ils autorisent notamment l’entreprise Chevron à reprendre des activités commerciales dans ce pays. Et, rappelle Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris, « ils permettent au Venezuela de récupérer une partie des actifs financiers qui sont bloqués dans plusieurs banques du monde – à condition que ces derniers soient gérés par le gouvernement de Nicolas Maduro en association avec l’opposition, sous l’égide des Nations unies ». C’est un processus qui se met en place, analyse le chercheur : « l’idée, c’est que les États-Unis attendent de Maduro qu’il confirme l’organisation d’élections présidentielles en 2024, qui pourraient permettre de rebattre les cartes du jeu intérieur ». De son côté, Nicolas Maduro insiste : pas d’élection sans levée des sanctions.  

Une opposition divisée

De son côté, l’opposition tente de s’organiser pour cette présidentielle : la semaine dernière, constatant l’échec de Juan Guaido, elle a mis fin à ses fonctions. Il y a quatre ans, cet opposant s’était autoproclamé président par intérim, avec le soutien de Washington et d’une partie de la communauté internationale. Mais, explique Christophe Ventura, « cette stratégie de pression maximale pour obtenir la chute du régime vénézuélien et la fin de la présidence de Nicolas Maduro n’a pas fonctionné. Le pays était dans une impasse ».  

Mais si aujourd’hui toute l’opposition veut négocier avec le président vénézuélien – le meilleur moyen selon elle d’arriver à la fin de la présidence de Nicolas Maduro, il y a de grandes divergences sur la méthode. « Cette fin de la présidence par intérim de Juan Guaido n’est pas du tout consensuelle dans l’opposition », explique Thomas Posado : « il y a eu un vote, les trois partis qui sont davantage pour négocier ont mis fin à cette présidence par intérim. Le parti de Juan Guaido était en désaccord, et des secteurs pas forcément organisés en partis majeurs – et encore plus radicaux que Juan Guaido – considèrent que cette fin de la présidence est un cadeau fait à la ‘dictature’, pour reprendre leur terme, de Nicolas Maduro ». (…)

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