🇨🇱 Chili : la communiste Jeannette Jara a remporté la primaire de gauche et briguera la présidence (Marie Penin – L’Humanité / Dounia Boudjorf Fellah et Maryana Bougras / Espaces Latinos / Karina Nohales et Javiera Manzi / Contretemps)


Avec 60 % des suffrages, la communiste Jeannette Jara a remporté haut la main, dimanche 29 juin, la primaire de la coalition de gauche au Chili. L’ex avocate de 51 ans, engagée dans la défense des droits sociaux, briguera la présidentielle du 16 novembre. Elle a piloté plusieurs réformes majeures au ministère du Travail, sous le gouvernement de Gabriel Boric.


Une victoire aux couleurs rouge, jaune et bleu. Avec 60 % des suffrages, la communiste Jeannette Jara remporte haut la main la primaire de la coalition de gauche au Chili. Originaire d’El Cortijo, un quartier populaire du nord de Santiago, cette ex-avocate de 51 ans a placé son histoire familiale au cœur de sa campagne.

« Nous avons l’opportunité de réenchanter les citoyens », lançait-elle en avril, sous la statue de Salvador Allende, figure de l’Unidad popular. Un symbole fort pour celle qui devient la première candidate du Parti communiste à porter la coalition de centre gauche depuis le retour de la démocratie, dans les années 1990.

Issue de ses rangs, Jeannette Jara y milite depuis trente-sept ans. Elle déjoue les sondages, devançant de 30 points Carolina Toha, ministre de l’Intérieur et candidate sociale-démocrate, longtemps favorite. Figure engagée dans la défense des droits sociaux, Jara a piloté plusieurs réformes majeures au ministère du Travail, sous le gouvernement de Gabriel Boric. Elle a notamment porté la réduction du temps de travail hebdomadaire à 40 heures, adoptée en avril 2023, une revendication historique de la gauche chilienne. (…)

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Jeannette Jara, une communiste pour représenter la gauche au Chili (Dounia Boudjorf Fellah et Maryana Bougras / Espaces Latinos)

Ce dimanche 29 juin, la candidate communiste Jeannette Jara a remporté haut la main la primaire de la coalition de gauche au Chili.  Avec 60% des suffrages remportés, elle représentera alors la gauche lors des présidentielles le 16 novembre prochain pour tenter de succéder au président sortant Gabriel Boric. 


Cette victoire est un tournant historique pour le parti car Jara est la première candidate communiste à être soutenue pour la présidence depuis le retour de la démocratie dans le pays. En effet, le parti avait été proscrit pendant la dictature, de 1973 à 1990. Interdit durant la dictature militaire (1973–1990), le Parti communiste chilien s’était jusqu’alors cantonné à un rôle d’opposition, sans accéder à la direction effective de l’État. Cette victoire est donc un grand triomphe pour le parti. Jeannette Jara a obtenu 60% des voix, s’imposant devant Carolina Toha (27 %), candidate sociale-démocrate, ex-ministre de l’intérieur (2022-2025) et fille de José Toha, ministre de l’intérieur sous Allende. Cependant, ce score élevé est marqué par une faible participation : seuls 1.4 millions d’électeurs sont allés voter, sur 15 millions attendu, soit seulement 9% de la base électorale. Malgré cela, Jara portera bien les couleurs de la gauche, pour succéder à Gabriel Boric. Le président de 39 ans ne pourra pas se représenter et se retirera le 26 mars 2026, la constitution l’empêchant de se représenter pour deux mandats consécutifs. 

Jeannette Jara est née en 1974, dans la commune de Conchalí, une zone défavorisée de la ville de Santiago au Chili. Elle est l’aînée d’une fratrie de cinq enfants et la première de sa famille à poursuivre des études. En effet, après avoir fait des études d’administration publique à l’université de Santiago, elle poursuit des études de droit et devient avocate. En parallèle, elle commence à militer dès l’âge de 14 ans, en intégrant les jeunesses communistes.  Sa carrière politique débute sous la présidence de Michelle Bachelet, en tant que Secrétaire adjointe à la Prévoyance sociale. Puis, en mars 2022, elle devient ministre du Travail dans le gouvernement de Gabriel Boric, poste qu’elle occupe jusqu’en avril 2025. C’est une mission qui a joué en sa faveur lors des primaires car son mandat comme ministre du travail a été salué de quelques succès : baisse de la semaine de travail à 40 heures, augmentation du salaire minimum ou encore réforme des retraites.

De plus, son origine modeste a renforcé son image de candidate proche du peuple, renforçant son authenticité et sa capacité de conviction. Durant la campagne, elle a su se montrer charismatique, populaire et capable de rassembler. Certains l’ont même comparée à l’ancienne présidente Michelle Bachelet. Il faut aussi noter que Jeannette Jara a su se démarquer grâce à une campagne à contre-courant de son parti. Elle n’a pas hésité à afficher ses divergences et différences d’opinion avec le président du Parti communiste, Lautaro Carmona. (…)

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Chili : victoire du Parti Communiste et opportunité dans un contexte électoral défavorable (Karina Nohales et Javiera Manzi (Jacobin América latina / Traduction par Christian Duburq pour Contretemps)

Lors de la primaire de la gauche, la candidate communiste Jeannette Jara a remporté une victoire écrasante dans tout le pays, devançant l’ancienne Concertación[1] et le Frente Amplio[2]. Si elle remportait les élections présidentielles de novembre, ce serait un événement qui irait à contre-courant du climat politique qui règne actuellement en Amérique latine.

Affiche de campagne de Jeannette Jara.

Le dimanche 29 juin ont eu lieu au Chili les primaires en vue de l’élection présidentielle prévue pour novembre de cette année. Il s’agissait d’une primaire de la coalition gouvernementale à laquelle seuls les partis officiels ont pris part, étant donné que la droite n’est pas parvenue à un accord pour se présenter conjointement ni à s’enregistrer en tant que pacte. C’est un fait crucial : c’est la première fois qu’un seul bloc politique participe à des primaires présidentielles depuis l’instauration du système d’élections primaires en 2012.

Jeannette Jara Román, candidate du Parti Communiste et ancienne ministre du Travail du gouvernement de Boric, s’est imposée avec 60 % des voix — environ 825 000 suffrages — en remportant la victoire dans toutes les régions du pays. L’écrasant pourcentage obtenu par Jara contraste avec le maigre 28 % (385 379 voix) obtenu par Carolina Tohá — ancienne ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique du gouvernement actuel — et candidate de l’alliance Socialisme Démocratique, composée du Parti Pour la Démocratie et du Parti socialiste. La défaite de Tohá, qui selon les sondages avait commencé la course en favorite, vient confirmer le recul déjà amorcé du centre politique incarné par les partis de l’ancienne Concertation.

Pour sa part, Gonzalo Winter, député et militant du Frente Amplio — le parti du président Boric — n’a obtenu que 9 % des voix. Le parti gouvernemental s’est retrouvé à la veille des primaires sans candidat officiel, après avoir espéré jusqu’au dernier moment une candidature de Michelle Bachelet (PS), que l’ancienne présidente a finalement écartée. Devant les refus successifs d’autres figures du Frente Amplio, la coalition a fini par convaincre le député Gonzalo Winter — qui avait lui aussi d’abord décliné — d’accepter d’être candidat. Fort de plus de 60 000 militants, le parti présidentiel n’a recueilli que 123 829 voix lors de cette primaire, ce qui constitue une nette défaite pour ce secteur du gouvernement. Enfin, Jaime Mulet, député de la Fédération Régionaliste Verte Sociale (FRVS) et ancien militant démocrate-chrétien, a obtenu une prévisible quatrième et dernière place avec 2,7 % des voix (37 659).

Avec ce résultat, de manière inédite, le Parti Communiste du Chili — pratiquement absent du système politique il y a encore un peu plus de dix ans — prend la tête de la coalition de centre-gauche, reléguant aussi bien les partis qui exerçaient traditionnellement ce leadership que ceux qui l’ont dirigé plus récemment.

C’est la troisième candidature présidentielle du Parti Communiste qui parvient jusqu’au bulletin de vote. La première fut celle de Pablo Neruda (1904-1973) en 1969. La deuxième fut celle de Gladys Marín (1941-2005) en 1999, trente ans plus tard. Bien que le Chili ait connu de nombreux gouvernements où le Parti Communiste a fait partie de la coalition gouvernementale (y compris sous l’Unité Populaire), il n’a jusqu’à présent jamais accédé à la présidence. (…)

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Leer en español :  Chile: triunfo del PC y oportunidad en un escenario electoral adverso


Voir également :
Au Chili, les défis de la communiste Jeannette Jara pour battre l’extrême droite (Mathieu Dejean / Médiapart / article réservé aux abonné·es)