🇵🇪 État d’urgence au Pérou (entretien avec Tania Romero Barrios – Enjeux internationaux – France Culture / Luis Reygada -L’Humanité /France 24 )
Deux semaines après la destitution de sa présidente Dina Boluarte, le président par intérim José Jeri a décrété l’état d’urgence à Lima et dans le port voisin de Callao, permettant le déploiement de l’armée. Selon la chercheuse Tania Romero, la déclaration de l’état d’urgence s’inscrit dans une « rhétorique guerrière pour lutter contre la criminalité », mais sert aussi à contrôler les mobilisations sociales, notamment celles de la génération Z et du secteur des transports. Un homme a été tué et une centaine de personnes ont été blessées à Lima lors d’une manifestation de la jeunesse contre le nouveau gouvernement.

Avec Tania Romero Barrios, doctorante en études hispaniques et études de genre à l’université Paris-VIII
Cette mesure, première décision d’envergure du nouveau chef de l’État, intervient dans un climat d’exaspération croissante : depuis un mois, la jeunesse péruvienne, réunie sous la bannière de la “Génération Z”, manifeste contre l’insécurité, la corruption et la fragilité des institutions. Dans un pays qui a connu sept présidents en dix ans, cette mobilisation témoigne d’un profond désenchantement démocratique, tandis que la lutte contre le crime organisé devient le principal terrain politique d’un pouvoir intérimaire contesté.
Selon la chercheuse Tania Romero, la déclaration de l’état d’urgence s’inscrit dans une « rhétorique guerrière pour lutter efficacement contre la criminalité », mais sert aussi à contrôler les mobilisations sociales, notamment celles de la génération Z et du secteur des transports. Dans un pays où « six homicides par jour » sont recensés, la criminalité, nourrie par des « lois pro-criminalité » votées par le Parlement, est devenue le principal terrain d’affrontement politique. (…)
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Au Pérou, le nouveau président José Jeri décrète l’état d’urgence pour réprimer la Gen Z sous couvert « d’endiguer la criminalité » (Luis Reygada / L’Humanité)
Le président par intérim restreint les libertés pour faire face à la vague de violence attribuée au crime organisé. Et pour empêcher les manifestations « anti-gouvernement » ?

Le président par intérim du Pérou, José Jeri, a annoncé, mardi, l’état d’urgence à Lima et dans le port voisin de Callao, une des villes les plus peuplées du pays après la capitale, afin d’endiguer la vague de violence et d’extorsions attribuée au crime organisé.
« Nous passons à l’offensive dans la lutte contre le crime, un combat qui nous permettra de retrouver la paix, la tranquillité et la confiance de millions de Péruviens », a déclaré le nouveau chef de l’État conservateur, nommé le 10 octobre pour succéder à Dina Boluarte, éjectée par le Congrès à l’issue d’une procédure de destitution accélérée.
La tentation autoritaire de José Jeri
Si la brutale hausse de l’insécurité est indéniable dans le pays andin, et si ce problème fait effectivement partie des revendications portées par les manifestations massives qui secouent le pays depuis plusieurs semaines, on peut toutefois douter des intentions réelles que pourrait masquer la première action d’envergure du président, déjà détesté par une grande partie de la population.
Alors que José Jeri symbolise à la perfection un système politique totalement discrédité (huit présidents de la République en neuf ans) et pourri par une corruption éhontée (principalement organisée par des clans liés à la droite), la mesure d’urgence – qui permettra notamment à l’armée de patrouiller dans les rues et restreindre certains droits comme la liberté de réunion – semble surtout viser les mobilisations populaires, notamment portées par le mouvement Gen Z.
Le président Jeri n’est-il pas tenté de s’inspirer de son homologue et voisin équatorien, Daniel Noboa, qui réprime depuis plusieurs semaines un mouvement social avec une rhétorique guerrière et antiterroriste ? La question mérite d’être posée, le Péruvien ayant nommé à la tête de son cabinet (qui doit tenir jusqu’aux élections générales d’avril 2026) un premier ministre, Ernesto Alvarez, qui comparait il y a peu « les jeunes de la génération Z » avec « des terroristes en puissance » (…)
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Pérou : un mort et plus de cent blessés après de nouvelles manifestations (France 24)
Des affrontements à Lima ont fait un mort et plus de cent blessés dans la nuit de mercredi 15 à jeudi 16 octobre, après une grande manifestation de la jeunesse pour dire son ras-le-bol de la classe politique et du crime organisé, selon un nouveau bilan des autorités.
Pour rappel voir Pérou : destitution de la présidente Dina Boluarte et mobilisations (revue de presse) (14 octobre)