🇧🇷 Brésil. Opération antidrogue meurtrière dans une favela de Rio de Janeiro (revue de presse)
Ce mardi 28 octobre, une vaste opération policière contre l’un des principaux gangs de narcotrafiquants s’est soldée à Rio de Janeiro par la mort d’au moins 132 personnes, dont quatre agents des forces de l’ordre. Le gouverneur de Rio, allié de Bolsonaro, s’est félicité d’avoir mené la «plus grande opération de l’histoire» de son État. C’est désormais aussi la plus meurtrière.
Au total, 2 500 agents étaient mobilisés. L’opération s’est concentrée sur deux ensembles de favelas du nord de Rio de Janeiro, situées à proximité de l’aéroport international : Complexo da Penha et Complexo do Alemao. Revue de presse.

« Ils tiraient sur tout ce qui bougeait » : après l’opération policière meurtrière, Rio garde le goût du sang dans la gorge (Nathalie Maranelli / L’Obs)
L’écrivaine d’origine brésilienne Nathalie Maranelli revient sur l’opération policière dans les favelas qui a fait plus de 130 morts. Une journée qui restera selon elle comme « le jour le plus sanglant de Rio depuis des décennies ».

Il est un peu plus de cinq heures du matin, et déjà le vrombissement des hélicoptères déchire le ciel gris de la zone nord de Rio. Dans les ruelles étroites du « Complexo do Alemἅo » et de « la Penha », les chiens aboient, les rideaux se ferment en toute hâte, les femmes ramassent leurs enfants pour les plaquer contre les murs. On attend les pales, puis les détonations : longues rafales, éclats secs, silence, puis à nouveau la guerre.
Ce mardi 28 octobre 2025 restera la mémoire du Brésil comme le jour le plus sanglant de Rio depuis des décennies. Ce matin, près de 2 500 hommes des forces de sécurité de l’État de Rio de Janeiro ont lancé une opération massive présentée comme un coup d’État décisif contre le Comando Vermelho, le plus ancien et le plus puissant de la ville. Officiellement, il s’agissait de « reprendre » les territoires contrôlés par les trafiquants et d’en finir avec ce que le gouverneur Cláudio Castro a qualifié de « narcoterrorisme ». Dans les faits, l’intervention s’est transformée en cauchemar. Le plan avait été préparé pendant des semaines. L’État-major avait baptisé l’action « Operaçἅo Confinamento ». Les favelas visées : Penha et Alemἅo, des labyrinthes d’immeubles aux façades écroulées, perchés sur les collines du nord, où vivent plus de 300 000 personnes. Les forces mobilisées : police militaire, bataillons d’intervention, blindés, drones, hélicoptères, appuyés par l’armée fédérale. L’ordre : « neutraliser les hauts commandements » du Comando Vermelho, responsables d’une série d’attaques récentes contre des postes de police et de bus.
« Ils tiraient sur tout ce qui bouge »
À 5h12 selon les enregistrements radio publiés ensuite par le quotidien « Folha de Sἅo Paulo », les premiers tirs éclatent à Penha. En vingt minutes, la zone entière se transforme en champ de bataille. Des vidéos tournées par des habitants montrent des hélicoptères mitraillant les toits, des blindés avançant dans les ruelles, des policiers courant dans un brouillard de poussière et de fumée. « On n’avait jamais vu ça, raconte un commerçant, la voix tremblante. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait. »
Les autorités ont d’abord parlé de soixante-quatre morts. Puis, à mesure que les heures passaient, le bilan s’est alourdi : plus de 130 personnes auraient été tuées, selon le bureau du défenseur public de l’État de Rio. Parmi elles, quatre policiers, de jeunes recrues de vingt-trois ans ou vingt-quatre ans, qui ne faisaient même pas partie des unités d’élite habituellement déployées pour ce type d’intervention. Leurs familles disent avoir été « jetées dans la gueule du loup » sans préparation suffisante. (…)
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« Tout le monde est terrorisé » : à Rio de Janeiro, un raid policier fait 132 morts dans l’État d’un gouverneur de droite, allié de Bolsonaro (L’Humanité)
À Rio de Janeiro, un raid policier fait 132 morts dans l’État d’un gouverneur de droite, allié de Bolsonaro. Il s’agit de l’opération policière la plus meurtrière de l’histoire de Rio de Janeiro. Deux ensembles de favelas du nord de la ville, Complexo da Penha et Complexo do Alemao, situées à proximité de l’aéroport international, ont connu des scènes de guerre.
Ce mercredi 29 octobre, les services du Défenseur public, organe de l’État de Rio qui offre une assistance juridique aux plus démunis, ont indiqué : « Selon nos derniers chiffres, le bilan est de 132 morts ». « La politique de Claudio Castro traite les favelas comme des territoires ennemis, où règne le permis de tuer », accuse le député de gauche Henrique Vieira à propos de l’homme à la tête de l’État de Rio et allié de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro. « Tout le monde est terrorisé », a dit à l’AFP sous couvert de l’anonymat, par peur de représailles, la responsable d’un projet social qui est en contact à distance avec des habitants de Complexo da Penha.
À l’hôpital Getulio Vargas, d’où l’on entendait les rafales tirées non loin, un défilé ininterrompu de véhicules déposait devant l’entrée des cadavres et des blessés par balles, policiers, délinquants présumés ou simples habitants, a constaté un photographe de l’AFP.
« L’échec » des politiques de sécurité
À Vila Cruzeiro, une favela du Complexo da Penha, des policiers lourdement armés gardaient une vingtaine de jeunes hommes interpellés. Serrés les uns contre les autres, ils étaient assis par terre la tête baissée, pieds et torse nus. Ce mercredi matin, des habitants ont aligné plus de quarante corps sur une place mercredi matin, près de l’une des principales voies de la favela, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dans une déclaration, trente organisations de la société civile, dont Amnesty International, ont affirmé que l’opération « exposait l’échec » des politiques de sécurité brésiliennes. L’ONG Human Rights Watch au Brésil a déploré une « énorme tragédie » et réclamé l’ouverture d’enquêtes sur « chaque mort ».
Dani Monteiro, la présidente de la commission des droits de l’homme de l’Assemblée législative de Rio, a annoncé qu’elle exigerait « des explications » sur l’opération. De son côté, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « horrifié » et a demandé des « enquêtes rapides ». (…)
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« Quand la police entre en confrontation à Rio, c’est pour tuer », dénonce la députée locale Dani Balbi (Luis Reygada / L’Humanité)
Après le massacre commis ce mardi 28 octobre par la police militarisée dans des quartiers populaires de Rio de Janeiro, la députée locale Dani Balbi revient sur la politique sécuritaire du gouverneur de l’État, le conservateur Claudio Castro.

Sur fond de probables graves violations des droits humains, l’opération policière menée ce mardi dans des quartiers populaires contre un gang de trafiquants est la plus meurtrière de l’histoire de Rio de Janeiro. Tout en dénonçant l’utilisation du terme « narcoterrorisme » par les autorités de l’État pour aborder les problèmes de délinquance, la députée locale Dani Balbi (Parti communiste du Brésil) fustige la stratégie sécuritaire du gouverneur conservateur Claudio Castro, « de la poudre aux yeux qui ne résout pas le problème mais laisse des cadavres sur son passage ».
Le bilan des victimes est rapidement passé d’une soixantaine de morts au double. Peut-on parler de « massacre » ?
Tout à fait. Quand nous faisons face à une opération qui cause plus de 100 morts, on ne peut pas parler simplement de « désastre ». Ce mot fait penser à un accident et dégage les autorités de toute responsabilité.
Les politiques de sécurité publique pourraient être menées avec du renseignement, en limitant les pertes humaines. Quand la police entre en confrontation, c’est pour tuer.
Quels sont les fondements de la stratégie sécuritaire mise en œuvre par le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro pour lutter contre la criminalité ? S’attaque-t-elle aux racines du problème ?
Le gouverneur (de l’État de Rio de Janeiro, Cláudio Castro, Parti libéral, droite, NDLR) investit peu dans le renseignement et la prévention, et beaucoup dans la répression. Notre État devrait s’attaquer aux fournisseurs en gros et moins aux petits revendeurs. Il y a plus de 1 700 quartiers populaires à Rio, et chaque fois qu’il y a ce type d’opération, les chefs du trafic dans les communautés se déplacent, pour mieux revenir après. Au final, tout continue comme avant. (…)
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Massacre à Rio : Autres Brésils dénonce un nouveau massacre dans les favelas de Rio de Janeiro (Autres Brésils)
L’Association Autres Brésils exprime sa consternation et sa profonde colère face au massacre qui s’est déroulé ce mardi 28 octobre dans l’État de Rio de Janeiro, lors d’une vaste opération des forces de l’ordre dans les communautés du Complexo do Alemão et du Complexo da Penha dans la zone nord de la ville de Rio de Janeiro. Le bilan, rapporté par diverses sources, fait état d’au moins 130 personnes tuées.
Ce drame ne constitue pas un fait isolé, mais s’inscrit dans une logique d’État qui a, depuis l’arrivée du gouverneur Claudio Castro, déjà vu trois autres massacres sanglants – ce qui porte à près de 890 personnes assassinées par les forces d’ordre selon les données de l’Institut Fogo Cruzado.
Autres Brésils continue d’alerter sur la dimension systémique de cette violence d’État : des quartiers populaires qui sont traités non comme des territoires de vie, mais comme des zones de guerre, où la mort devient « admissible » en vertu d’une politique sécuritaire militarisée et d’une gestion des quartiers populaires et des populations noires basée sur la violence. Dans l’opération du 28 octobre, les habitant·es ont dénoncé blocages de voies, interruption des services publics (écoles, crèches, unités de santé), et une population prise en otage par les blindés et les hélicoptères. (…)
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Reportages de France 24

