🇵🇪 Départ de la présidente Dina Boluarte : le Pérou sous l’emprise d’un Congrès corrompu (Marc Thibodeau / La Presse)



La destitution de la présidente péruvienne Dina Boluarte, qui était confrontée à d’importantes manifestations sur fond d’insécurité, témoigne des jeux de coulisses d’une élite politique gangrénée par la corruption.

Photo : Angela Ponce, Archives Reuters. Un manifestant s’agenouille devant des policiers antiémeutes, lors d’un rassemblement contre la hausse de la criminalité, l’insécurité économique et la corruption à Lima, le 15 octobre 2025.

Le départ, le 10 octobre, de l’impopulaire politicienne « ne changera rien » à court terme à la situation du pays sud-américain, qui a connu huit présidents en dix ans, relève Jo-Marie Burt, une spécialiste de la région rattachée à la George Mason University.

Photo Ajeng Dinar Ulfania. Reuters

« Sa destitution survient parce que les groupes au Congrès qui détiennent véritablement le pouvoir au Pérou ont décidé qu’elle ne leur était plus utile », souligne la chercheuse.Mme Boluarte, qui avait hérité de la présidence en 2022 après que son prédécesseur, Pedro Castillo, eut lui-même été destitué, présentait un taux de popularité famélique de l’ordre de 2 %. Elle devait son maintien au pouvoir à la conclusion d’un « pacte » dans lequel elle pouvait agir à sa guise pourvu qu’elle évite de mettre des bâtons dans les roues du Congrès, note Mme Burt.

Dans les dernières années, des blocs d’élus travaillant de concert ont adopté plusieurs mesures visant à renforcer les pouvoirs de l’institution face aux autres branches de l’État. Ils ont introduit par ailleurs des mesures réduisant les pénalités pour certains crimes, affaibli les contrôles en matière de financement politique et limité les efforts pour contrer la corruption, favorisant des « intérêts illicites », relève Martin Cassinelli, analyste d’origine péruvienne rattaché à l’Atlantic Council. Leurs actions compromettent l’État de droit et ont favorisé la montée en force du crime organisé dans le pays, où les assassinats et les demandes d’extorsion montent en flèche.

M. Cassinelli note que les efforts menés par la justice péruvienne pour lutter contre la corruption de nombreux élus arrivés au pouvoir à la suite de la chute du dictateur Alberto Fujimori, au début des années 2000, ont créé un vide dans lequel une nouvelle génération de politiciens « centrés sur leurs propres intérêts » a émergé.

Selon Human Rights Watch, plus de la moitié des élus du Congrès font face à des enquêtes judiciaires ou sont visés par des accusations formelles. (…)

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Pour rappel, voir :
État d’urgence au Pérou (entretien avec Tania Romero Barrios – Enjeux internationaux – France Culture / Luis Reygada -L’Humanité /France 24 )
Pérou : destitution de la présidente Dina Boluarte et mobilisations (revue de presse)