🇭🇹 Haïti : des gangs de plus en plus puissants et autonomes (revue de presse / RFI)


Alors que le déploiement d’une nouvelle force de sécurité onusienne en Haïti est prévu au printemps et qu’un nouveau gouvernement doit être nommé en février à la suite de la transition, les gangs, qui semblent bien décidés à s’imposer dans le monde politique, prétendent se battre pour protéger les plus pauvres contre des élites prédatrices.

Des membres de gangs armés patrouillent dans les rues du quartier Mariani de Port-au-Prince, le 6 octobre 2025. © Clarens Siffroy / AFP

Haïti: «Les gangs se sont affranchis de la mainmise que les élites exerçaient sur eux» (entretien avec Diego da Rin par Anne Cantener / RFI)

Un rapport de l’International Crisis Group se penche sur la coalition « Vivre ensemble » formée par deux puissants groupes armés en Haïti, G9 + G-Pèp, longtemps rivaux mais désormais alliés. Une entente durable, selon ses auteurs, qui permet à ces gangs de coordonner leurs attaques et de terroriser une large partie du pays, mettant encore davantage à mal toute perspective de retour à la sécurité. Diego da Rin, spécialiste d’Haïti à l’International Crisis Group, répond aux questions de RFI.

Des douilles de balles sur le sol suite à une attaque de gang, à Pont-Sondé, Haïti (Image d’illustration) AP – Odelyn Joseph

Les confrontations fréquentes et très intenses entre les deux groupes de cette coalition « Vivre ensemble » supposaient d’énormes pertes au niveau des ressources, munitions et hommes au combat. Aujourd’hui, il existe toujours des tensions, comme on l’a vu par exemple la semaine dernière avec le chef Kempès qui dirige le gang du quartier de Bel-Air à Port-au-Prince, autour de ses activités de kidnapping. Il existe bien sûr des rivalités entre certains chefs de gangs autour de la répartition des ressources dans des territoires qui sont encore convoités, pas totalement délimités par des groupes qui ont des territoires les uns à côté des autres. Ce qu’on a vu aussi, c’est qu’il y avait des rivalités viscérales entre certains chefs de gangs : Izo et Krisla par exemple font désormais des collaborations pour faire des chansons ensemble. Ce qui signifie qu’il y a des rivalités qui commencent à s’évaporer. Jeff, un chef de gang, organise des carnavals et des fêtes auxquelles sont invités pratiquement tous les chefs de gangs de « Vivre ensemble ». (…)

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Haïti: comment les gangs s’autonomisent financièrement à la faveur de multiples trafics

Un nouveau rapport de l’International Crisis Group (ICG) met en lumière comment les bandits sont passés du statut de forces armées à la solde de puissantes élites à celui d’acteurs autonomes à la faveur de multiples trafics.

Avec le renforcement de leur emprise territoriale, les gangs s’adonnent largement à l’extorsion. Si la pratique n’est pas nouvelle, elle a cependant connu « une expansion fulgurante », note le rapport d’ICG. Ils ont « systématisé la collecte de prélèvements illégaux » du petit vendeur de rue aux grandes entreprises implantées dans leur bastion comme des compagnies de bus, des concessionnaires automobiles, des centrales électriques, des usines, ou des sociétés opérant dans des parcs industriels ou des ports maritimes.

Dans la capitale même, impossible de circuler sans payer des droits de passage, et des droits de péage sont collectés sur les routes. Des gangs tiennent plusieurs axes menant hors de Port-au-Prince. Sur certains tronçons, ce sont 1 500 dollars par camion et par mois qui sont exigés, auxquels s’ajoute une taxe de 190 dollars pour les trajets depuis les ports. (…)

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Les pays occidentaux poursuivent l’adoption de sanctions contre les personnes accusées de favoriser la déstabilisation d’Haïti. Ce lundi 15 décembre, le Conseil de l’Union européenne a annoncé des mesures restrictives contre trois hommes politiques haïtiens et un groupe criminel à cause de leur implication dans la violence des gangs et les violations des droits humains. 

L’église Union Baptiste de Nazon attaquée par des gangs fin 2024 et début 2025, à Port-au-Prince, Haïti.  © Clarens Siffroy / AFP

Selon le Conseil de l’Union européenne, ces responsables sont soupçonnés d’avoir « contribué à la déstabilisation d’Haïti en soutenant et en finançant des gangs armés ». Parmi eux, l’ancien président Michel Martelly et l’ancien président du Sénat Youri Latortue auraient « armé plusieurs groupes criminels afin de renforcer leur influence politique et économique ».

Rony Célestin, ancien sénateur et homme d’affaires, est, lui, accusé de liens avec la contrebande et d’être impliqué dans des violences. (…)

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Pour rappel, voir :
Haïti, un chaos qui ne vient pas de nulle part (entretien avec Frédéric Thomas par Renaud Duterme / Géographie en mouvement)
Haïti : plus de 16 000 personnes tuées dans les violences depuis 2022 (Le Monde)