“Je tremble ô Matador”: un film chilien de Rodrigo Sepúlveda d’après le roman de Pedro Lemebel (Alain Liatard -Espaces Latinos / Isabelle Le Gonidec -RFI / Bande annonce)


Inspiré du roman Tengo miedo torero de l’écrivain chilien Pedro Lemebel, écrit en 2001, le film nous embarque dans le Chili des années 80, sur fond de dictature de Pinochet. On y découvre un travesti vieillissant, « la loca », couturière, faisant la rencontre de Carlos, un jeune étudiant activiste d’extrême gauche préparant un attentat contre la dictature.

Un film que FAL vous recommande.
Sur les écrans à partir du 15 juin.

Ces deux mondes n’auraient jamais dû se rencontrer.  « Trouver l’équilibre fut en effet un travail très compliqué. dit le réalisateur Rodrigo Sepúlveda. Il s’agit d’une histoire d’amour particulière en raison du contexte politique et de l’environnement dans lequel elle se déroule. Les deux personnages principaux, Carlos et La Loca, vivent chacun dans le secret : Carlos pour être un guérillero, et La Loca pour être homosexuelle dans un pays où l’homosexualité était illégale. Mon intention était donc de donner à ressentir qu’ils vivent chacun dans un monde soumis à l’isolement : qu’il s’agisse de l’espace intérieur de La Loca ou de l’espace social public d’un pays vivant sous une dictature. »

L’interprétation d’Alfredo Castro est tout à fait remarquable. C’est sans aucun doute le meilleur acteur chilien :« Je n’ai pas eu besoin de « jouer » explique Alfredo Castro. Dans cet univers, avec ces cheveux et ces habits, que pouvais-je faire sinon agir avec toute la simplicité possible ? Qu’y avait-il à interpréter en plus ? « Jouer » était impossible. »

L’an passé à Cinelatino à Toulouse, l’acteur s’était exprimé sur la situation du Chili. « Je pense qu’aujourd’hui au Chili, on ne fait pas de cinéma qui ne milite pas pour une cause, qu’elle soit féministe, ethnique, LGBTQI, sur la santé mentale, etc. Je n’ai pas l’impression qu’on y fasse un cinéma léger dans le sens d’un cinéma qui serait inconséquent ou sans aucun engagement. Je n’y avais pas trop réfléchi avant, mais si on me demandait : « quel film ne ferais-tu pas ? », j’aurais du mal à répondre car tous les films qui se font actuellement semblent très engagés, ce qui me paraît merveilleux. Il me semble qu’un monde incroyable est en train de s’ouvrir avec ce qui se passe en ce moment au Chili, avec cette nouvelle Assemblée Constituante dont la majorité est constituée par des femmes qui sont jeunes, d’une joueuse d’échecs à une biologiste… »

Pedro Lemebel est un auteur et artiste plasticien chilien né à Santiago du Chili le 21 novembre 1952 et mort aussi à Santiago le 23 janvier 2015 d’un cancer du larynx.  Il est connu pour sa critique aiguisée de l’autoritarisme et sa peinture humoristique de la vie chilienne, vue depuis une perspective queer.(…)

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«Je tremble, ô matador» de Rodrigo Sepúlveda, seul dans l’arène
(Isabelle Le Gonidec / RFI)

Nous sommes à Santiago du Chili, dans le milieu des années 1980, en pleine dictature militaire. Le réalisateur Rodrigo Sepulveda met en scène une histoire d’amour baroque entre un travesti interprété par Alfredo Castro et un jeune révolutionnaire, Carlos. Un film sensible, politique aussi et une nouvelle épiphanie pour le comédien chilien.

Alfredo Castro est La loca del frente, la folle d’en face de la petite épicerie de doña Olguita, dans une ruelle sombre où les maisons tiennent debout par miracle, soutenues par de fragiles étais de bois. Il vit dans une demeure qui fut bourgeoise, mais est désormais aussi déglinguée que les autres, fissurée de partout, aux murs tristes et au pauvre mobilier. Un cadre à l’image d’un pays, le Chili qui vit sous la menace des sbires du dictateur Augusto Pinochet, et des violents séismes. Nous sommes dans les années 1980, la rue est agitée de manifestations contre le tyran mais la loca del frente se tient à l’écart de cette agitation. Elle vit dans son monde, celui des travestis, des cabarets, de la musique des années 1930-50, des chiffons colorés, des passes dans un cinéma « pour adultes », du « show ».

Romantisme et politique conjugués au présent

Un univers baroque dans lequel Alfredo Castro excelle, lui qui aime que le cinéma conjugue émotion et politique. Récompensé par le prix du meilleur acteur pour son interprétation au festival du film de Guadalajara, il habite littéralement ce personnage aux mèches rousses mal peignées et aux vêtements troués, capable de se transformer en vamp à capeline d’un tour de cape de toréador. (…)

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Je tremble, ô matador / Tengo miedo torero
Bande annonce

Chili, 1986, en pleine dictature de Pinochet. Par amour pour un révolutionnaire idéaliste qu’il vient de rencontrer, un travesti sur le déclin accepte de cacher des documents secrets chez lui. Ils s’engagent tous deux dans une opération clandestine à haut risque.

Genre : Drame, Romance, Histoire
Durée : 01:33:00 Réalisation : Rodrigo Sepúlveda
Acteurs : Alfredo Castro, Leonardo Ortizgris, Julieta Zylberberg, Amparo Noguera, Sergio Hernández
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