Accusé de corruption, le président du Pérou jette l’éponge (François Xavier Gomez/ Libération)

Pedro Pablo Kuczynski a remis sa démission après un an et et demi au pouvoir, soupçonné d’avoir bénéficié de pots de vin du groupe brésilien Odebrecht. Ses deux prédécesseurs sont en prison ou en fuite, pour des faits similaires.

La police surveille les abords du palais présidentiel de Lima, après l’annonce de la démission de Pedro Pablo Kuczynski. Mariana Bazo/REUTERS

Ça ressemble à la malédiction de la momie du temple inca : depuis 1985, tous les présidents du Pérou ont été accusés, jugés ou emprisonnés pour faits de corruption ou crimes contre l’humanité. Le dernier de la liste, le président en fonction Pedro Pablo Kuczynski (que ses compatriotes appellent PPK) a remis sa démission mercredi, à la suite de plusieurs semaines de révélations sur son implication dans le scandale Odebrecht. Ce géant du BTP brésilien a généreusement arrosé le personnel politique de tous les pays d’Amérique latine où il a opéré. Vendredi, le parlement péruvien décidera s’il entérine le départ de PPK, ou s’il ajoute une couche d’humiliation en votant la destitution. Le même cas de figure qu’en 2000, quand le président Alberto Fujimori avait été démis de fonctions par les députés après avoir annoncé son départ. La différence, c’est qu’aujourd’hui, ce sont les partisans de l’ancien président, et de sa fille Keiko Fujimori, qui ont la majorité.

PKK, dont les journalistes ne manquent jamais de rappeler qu’il est le cousin germain du cinéaste suisse Jean-Luc Godard, n’aura donc dirigé le Pérou que pendant vingt mois. En juin 2016, il avait battu de justesse, avec quelques milliers de voix d’avance, Keiko Fujimori au second tour de l’élection présidentielle. Son prédécesseur, le populiste Ollanta Humala, est en prison depuis juillet dernier, dans l’attente d’un procès pour détournement de fonds. Un de ses prédecesseurs, Alejandro Toledo, est recherché par la justice péruvienne pour corruption et actuellement en fuite aux Etats-Unis. Quant à Alberto Fujimori, après avoir gouverné le pays de 1990 à 2000, il a été condamné à vingt-cinq ans de réclusion pour crimes contre l’humanité, suite à la guerre sans merci menée face à la guérilla maoïste du Sentier lumineux.

Grâce présidentielle

Le patriarche d’origine japonaise, 79 ans, et son clan détiennent toujours les clés de la politique péruvienne. En décembre, Kuczynski le libérait de prison pour raisons médicales. Cette grâce inattendue était, selon de nombreux Péruviens, accordée en échange, lors d’un premier vote de destitution, de l’abstention des élus du parti de Kenji Fujimori, en guerre ouverte avec sa sœur Keiko. Crainte confirmée par une vidéo récente où Kenji tente d’acheter le vote d’un député pour qu’il rejette la destitution (…)

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