Amérique latine, entre la Chine et les États-Unis et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces latinos)


2025 sera une année mouvementée, bousculée, parmi bien d’autres sujets de préoccupation, par l’agressivité commerciale des États-Unis d’Amérique du Nord. La Chine est la principale cible du futur premier magistrat des États-Unis. Une cible qui a du répondant particulièrement en Amérique latine. Le bras de fer douanier aura donc des retombées allant bien au-delà du commerce et des échanges.

Image : Espaces latinos

Donald Trump l’avait annoncé tout au long de la campagne présidentielle nord-américaine. Si je suis élu, Chine, Mexique, Europe, et tous les autres auront à rendre des comptes. Les États-Unis vont corriger le déséquilibre commercial en élevant des murs tarifaires. Il a été élu. Et il a confirmé le grand retour du protectionnisme. Au grand émoi de tous ceux qui se sentent visés. Il y a ceux qui ont décidé d’avaler la soupe « trumpienne » à la grimace.

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne est de ceux et celles-là. Elle conseille une capitulation préventive, rejetant toute mesure de rétorsion et recommandant d’acheter davantage de produits nord-américains. Il y a les idéologues aveugles comme le chef d’État argentin, Javier Milei. Chantre de l’ultra-libéralisme il a contre toute attente applaudi la victoire de Donald Trump, et donc le repli tarifaire des États-Unis annoncé par son « ami ». Il y a enfin, ceux qui refusent de se laisser marcher sur les pieds. Claudia Sheinbaum, chef de l’État mexicain, a signalé qu’elle ripostera coup pour coup, à toute décision prise par Washington contre les intérêts mexicains. Cet avertissement a été étendu au Canada, dont le premier ministre Justin Trudeau, en dépit du traité de libre-échange nord-américain associant son pays au Mexique et aux États-Unis, tente de trouver un arrangement bilatéral avec Donald Trump.

La Chine principale cible de Donald Trump a d’ores et déjà abattu un certain nombre de contre-feux. Ils ont été perçus avec intérêt en Amérique latine, victime collatérale du bras de fer engagé par Washington avec Pékin. Le premier des Chinois, Xi Jin Ping, a fait le tour des « popotes », en novembre 2024. Il a assisté au Pérou au sommet de l’APEC, (Forum de coopération Asie-Pacifique), organisation dont la vocation est de bonifier les échanges entre pays riverains du Pacifique. Quelques jours plus tard il a participé au Brésil, au G20 de Rio de Janeiro. Ces deux rendez-vous avaient été précédés à Kazan, en Russie, d’un sommet des BRICS. Le premier magistrat chinois avait eu là, la possibilité d’accorder le violon chinois à ceux de plusieurs gouvernants présents au sommet de l’APEC et du G20, le Brésil, le Chili, les Etats-Unis, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, le Mexique, la Russie.

Cette diplomatie présentielle, d’influence, écartant tout a priori idéologique, a permis à la Chine de consolider des liens bilatéraux, et le réseau d’accords passés avec un grand nombre de pays latino-américains. Le Brésil, mais aussi ce qui a surpris l’Argentine de Javier Milei, pourfendeur du communisme et de l’économie régulée par l’État a été du nombre.

Javier Milei en effet a mené campagne électorale en 2023, en vouant aux gémonies libérales l’économie dirigée, et le communisme, chinois en particulier. Sans entrer dans la polémique les Chinois ont signalé qu’ils étaient les premiers clients de l’agro-négoce argentin. Le message est passé. Javier Milei a ravalé ses diatribes idéologiques et a bien volontiers accepté de rencontrer son homologue chinois. Les grands propriétaires de terres à soja, soutiens matériels de sa campagne, lui ont fait comprendre, que vendre à la Chine, n’avait rien à voir avec la Chine du petit livre rouge. 

La quasi-totalité des autres latino-américains sont sur la même longueur d’onde. Passant outre aux risques de primarisation de leurs économies, ils présentent aux responsables pékinois les opportunités d’achat de leurs matières premières agricoles, énergétiques et minérales.

Le Brésil, est conscient d’une menace dont il avait pu mesurer les effets directs sous le premier quadriennat de Donald Trump. Brasilia a confirmé son engagement de membre fondateur du groupe BRICS. L’ex-présidente Dilma Rousseff dirige à Changhaï, depuis 2023, la Banque des BRICS, la New Development Bank (NDB). La Chine est devenue ces dernières années le premier partenaire commercial du Brésil, achetant l’essentiel de son soja, de sa viande, de son café et de son fer. Carlos Favaro, ministre brésilien de l’agriculture considère que le protectionnisme annoncé par Trump, peut offrir des opportunités nouvelles. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici