Amérique latine : à la recherche d’un nouveau pacte démocratique (série audio / France Culture)

Des analyses sur la situation au Chili, au Brésil, en Argentine, au Pérou, au Guatemala et au Venezuela.

Les régimes politiques latino-américains sont défiés par leur passé dictatorial et par des profondes divisions sociales – des menaces qui n’ont de cesse de s’actualiser à travers le populisme d’extrême droite et la corruption. Comment construire une nouvelle donne démocratique face à ce système ?

Une série d’entretiens réalisés par Florian Delorme
Culture Monde / France Culture

Épisode 1 : Chili : changer de Constitution pour changer de système

Crédits : Martin Bernetti – AFP

Après le plébiscite pour une nouvelle Constitution, un vaste chantier démocratique s’ouvre au Chili : la nouvelle Constitution permettra-t-elle de sortir de l’idéologie néolibérale héritée de Pinochet, et de mettre en place les réformes sociales réclamées par les récents mouvements sociaux ? Le 25 octobre dernier, les Chiliens et les Chiliennes étaient appelés aux urnes pour s’exprimer sur un éventuel changement de Constitution. Héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, la Constitution avait inscrit dans le fonctionnement du pays les principes idéologiques néolibéraux mis en place pendant cette période par les économistes de l’école de Chicago – les Chicago boys.

Une conversation en compagnie d’Emmanuelle Barozet, sociologue à l’Université du Chili, et d’Alfredo Joignant, professeur à l’école de sciences politiques de l’Université Diego Portales, Santiago, Chili.

Seconde partie : La place des mouvements féministes dans les contestations 

Crédits : MARTIN BERNETTI – AFP

Il y a juste un an, le 25 novembre 2019, le mouvement d’artistes féministes Las Tesis partageait une performance qui fera le tour du monde et sera adaptée dans de nombreux pays : Un violador en tu camino, “un violeur sur ton chemin”, désigne l’Etat et la société comme responsables des violences faites aux femmes. Née en réponse à la répression des manifestations d’octobre 2019, cette performance témoigne de la puissance des mouvements féministes au Chili, largement impliqués dans le mouvement social d’octobre, en montrant que la “précarisation de la vie”, dénoncé par le mouvement, est à la base de l’oppression machiste. Aujourd’hui, l’enjeu est de traduire cet élan dans le processus Constitutionnel qui est en train de s’ouvrir.

avec Franck Gaudichaud, professeur des universités en civilisation hispano-américaine à l’Université de Toulouse II – Jean Jaurès, chercheur au laboratoire FRAMESPA – France Amériques Espagne.

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Épisode 2 : Brésil : l’opposition à l’assaut du bolsonarisme

 Crédits : EVARISTO SA – AFP

À deux ans des prochaines présidentielles, les perspectives politiques semblent plus incertaines que jamais au Brésil. Comment les résultats des élections municipales – entre rejet des partis classiques et de Bolsonaro – nous renseignent-ils sur les équilibres politiques au niveau fédéral ? C’est finalement le centriste Bruno Covas qui a remporté, et haut la main, la mairie de São Paulo, dimanche 29 novembre 2020, contre l’espoir de la gauche brésilienne Guilherme Boulos. Face à la déliquescence de la gauche de gouvernement incarnée par le Parti des travailleurs, et deux ans après l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, le Parti Socialisme et liberté apparaissait à de nombreux observateurs comme l’instrument d’une refondation de la gauche dans le pays.

Une discussion en compagnie de Marie-Hélène Sa Vilas-Boas, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Côte d’Azur, et de Frédéric Louault, directeur du Centre d’étude de la vie politique (CEVIPOL), et co-directeur du Centre d’étude des Amériques (AmericaS) à l’Université Libre de Bruxelles. 

Seconde partie : En Argentine, l’équilibre fragile du président Fernández

Il y a tout juste un an, après la parenthèse néolibérale incarnée par Mauricio Macri, l’Argentine est retombée dans les bras du péronisme en la personne d’Alberto Fernández. Le pays était alors au bord du gouffre, étouffé par ses créanciers et la pauvreté atteignait des niveaux record. Un an plus tard, alors qu’elle pleure la disparition de Diego Maradona, l’Argentine sort timidement d’un confinement interminable. Le président Fernández marche sur une ligne de crête.

avec Denis Merklen, sociologue, professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et membre de l’Institut des Hautes Etudes sur l’Amérique latine

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Épisode 3 : Pérou : quand la corruption fait tomber les têtes

Crédits : Samantha Hare / Wikimedia Commons / CC BY

Une crise politique sans précédent secoue le Pérou ces dernières semaines : trois Présidents viennent de se succéder au pouvoir en moins d’une semaine.  Le 9 novembre 2020, le Président Martin Vizcarra, en poste depuis 2018, est destitué par le Parlement. En cause, des soupçons de corruption sur deux affaires de constructions à l’époque où il était gouverneur de province en 2014. Manuel Merino, président du Congrès, le remplace, mais la rue, qui soupçonne une manœuvre politicienne contre Vizcarra – ce Président populaire qui avait justement fait de la lutte anti-corruption sa priorité – proteste vivement et demande le départ de Merino. Le 17 novembre, après 5 jours de manifestations, deux morts et une centaine de blessés, Merino démissionne finalement et cède sa place à un nouveau Président : Francisco Sagasti. 

Une discussion en compagnie de Kevin Parthenay, professeur de science politique à l’université de Tours, chercheur associé à l’OPALC et membre de l’Institut de recherche juridique interdisciplinaire François-Rabelais (IRIJ), et de Marie-Esther Lacuisse, politiste, chercheure associée au CREDA (Centre de Recherche et de Documentation des Amériques) et membre de l’OPALC.

Seconde partie : Le poids de la corruption fait vaciller le Guatemala

Crédits : JOHAN ORDONEZ – AFP

Le 21 novembre 2020, la rue guatémaltèque s’embrasée contre la classe politique. Le Congrès guatémaltèque a été incendié à la suite de violentes manifestations remettant en cause l’adoption par le Parlement d’un nouveau budget, donnant la priorité au secteur privé – faisant craindre qu’il alimente les circuits de la corruption…

Avec Gilles Bataillon, sociologue, spécialiste de l’Amérique latine contemporaine, directeur d’études à EHESS.

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Épisode 4 : Venezuela : l’impossible sortie du chavisme

Caracas 29 juillet 2017 Crédits : RONALDO SCHEMIDT – AFP

Qu’attendre, au Venezuela, d’élections législatives où tout semble joué d’avance, dans un pays affaibli depuis des années par la guerre politique entre les pro et les anti-Maduro – et alors que s’y accumulent les crises économiques, migratoires, sociales et maintenant sanitaires ? Pour l’opposition, le scrutin n’est qu’une mascarade destinée à lui confisquer le pouvoir législatif. Cinq ans après sa victoire aux dernières élections parlementaire, elle se retrouve dans une situation hors norme, à la tête d’une Assemblée nationale privée de la totalité de ses prérogatives par le président Nicolás Maduro. Ce dernier compte sur la victoire de son parti, dimanche 6 décembre 2020, pour fermer définitivement cette parenthèse, et récupérer officiellement un pouvoir qu’il n’a jamais cédé en pratique. Une perspective crédible, l’opposition ayant appelé à l’abstention et la plupart des observateurs électoraux habituels ayant refusé de superviser le scrutin, estimant que les conditions d’un processus démocratique n’étaient pas réunies. Dans ce contexte, l’idée d’une alternance semble irréaliste à court terme.

Une discussion en compagnie de Thomas Posado, docteur en science politique, chercheur associé au CRESPPA-CS (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), et d’Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine à l’université Sorbonne-Nouvelle.

Seconde partie: Venezuela : un régime sous perfusion chinoise

Crédits : JHONN ZERPA / PRESIDENCE DU VENEZUELA – AFP

Si le chavisme a pu se maintenir en dépit de la débâcle économique à laquelle est confronté le Venezuela depuis 2013, c’est notamment grâce à l’appui de rares mais puissants partenaires internationaux, au premier rang desquels se trouve la Chine. Alors que l’économie vénézuélienne est aujourd’hui asphyxiée par les sanctions américaines, Maduro compte encore sur les investissements chinois pour redresser la barre, grâce à une loi controversée permettant d’ouvrir le secteur pétrolier. 

Avec Iris Marjolet, doctorante à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (Inalco/ Université de Paris/ CNRS).

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