Brésil: appel urgent contre l’expulsion de 450 familles de paysans sans terre
Le Mouvement des Sans Terre appelle à la solidarité en urgence pour le Campement Quilombo Campo Grande, où 2000 personnes composant 450 familles sont l’objet d’un arrêté d’expulsion immédiate des terres où ils vivent et travaillent depuis 20 ans!
“Tout le monde se souvient de ce qui est arrivé à Eldorado das Carajas en 1996, avec le massacre de 19 paysans sans terre, eh bien, une nouvelle tragédie semblable est annoncée”. João Pedro Stedile, dirigeant du MST, appelle à la mobilisation pour défendre le Campement Quilombo Campo Grande.
Rappel historique
En 1998, 450 familles Sans Terre ont occupé la propriété de l’usine Ariadnopolis, dans la ville de Campo do Meio, au sud de l’Etat de Minas Gerais. Le lieu appartenait à la Compagnie Agropecuaria Irmãos Azevedo (CAPIA) qui pratiquait la monoculture de canne à sucre sur 4000 hectares; cette compagnie a fait faillite, avec une dette de 300 millions de reales, et elle a arrêté toutes ses activités deux ans avant l’occupation, en 1996.
En 20 ans, le campement Quilombo Campo Grande, avec ses 450 familles, s’est développé et a produit de quoi faire vivre plus de 2000 personnes. Il comprend une des plus grandes coopératives de café, la Guaii, qui produit 510 tonnes de café par an. De plus, il a une grosse production de maïs et de haricots secs, et compte une surface de 40 hectares de maraîchage, produisant des fruits et des légumes pour les habitants du campement et les communautés voisines. 60 000 arbres fruitiers ont été plantés ainsi que 60 000 arbres de la forêt primaire. Tout au long de ces années, les familles ont construit leurs maisons, se sont organisées sans aucune aide de l’Etat.
Maintenant, toute cette construction sociale et économique est menacée. Cette semaine,un arrêté judiciaire a décidé la réintégration de la propriété à son ancien propriétaire et l’expulsion des 450 familles .
En 2015, l’État du Minas Gerais avait décidé de reprendre la propriété en la rachetant pour 66 millions de reals à la CAPIA.Il y a deux mois, le processus était proche de sa fin et les familles avaient signé un accord avec l’Etat pour la dévolution des terres.
Mais certaines personnes de l’entreprise, appuyées par les propriétaires terriens locaux et nationaux, ont décidé de refuser l’accord et d’aller en justice contre le Gouvernement du Minas Gerais pour faire annuler le décret de “désappropriation” de la propriété. Et à travers une opération juridique, ils ont fait valoir une décision d’expulsion de 2012, pourtant refusée par le Tribunal fédéral Suprême, mais non éteinte.
La décision qui vient d’être prise en procédure d’urgence, prévoit que les familles doivent avoir quitté les lieux le 14 novembre et demande à la Police militaire de l’État d’appuyer sa mise en oeuvre.
Les avocats des familles soulignent l’impuissance de l’État à faire respecter la Constitution, à garantir les droits fondamentaux des citoyens, tels que prévus par la Constitution. Ils soulignent aussi que cette décision est contraire à plusieurs traités internationaux dont le Brésil est signataire.
Ils demandent aux pouvoirs publics d’aller vers une solution pacifique et définitive de ce conflit, en privilégiant la permanence des groupes d’habitants en situation de vulnérabilité sur les terres qu’ils occupent et revendiquent.
Le MST a fait un recours de cette décision d’expulsion et les familles réaffirment leur détermination à résister pour conserver les terres qu’elles font fructifier depuis 20 ans et où elles ont construit leurs vies.
La solidarité nationale et internationale est importante!
Envoyez un mail au Tribunal de Justice de l’État du Minas Gerais pour demander l’annulation de l’expulsion et le respect des droits des familles à vivre dignement de leur travail:
Proposition de courrier à envoyer au juge (en français et en portugais)
À l’attention de son Excellence M. le juge Nelson Missias de Morais
Je viens vous solliciter sur l’action en restitution de possession n ° 0024.11.188.917-6 enregistrée le 06/07/2011. Je demande que l’action en restitution de la possession soit suspendue, puisqu’il y a 450 familles, plus de 2 000 personnes, installées sur ces terres depuis plus de 20 ans. Ces personnes ont construit des maisons, une vaste production et toute leur vie dans cet endroit. La résolution du conflit ne peut se produire qu’avec la permanence des familles, qui possèdent déjà la terre de plein droit. Nous [insérez votre nom ou le nom de votre organisation ou institution], nous demandons à Votre Excellence de résoudre le conflit. Pour la justice et la défense des principes constitutionnels, pour la valorisation de la vie et de la dignité humaine, nous vous interpellons! Nous sommes confrontés à l’imminence d’un massacre à Minas Gerais et vous pouvez sauver ces vies. Signature.
À atenção do Exmo. Sr. Juiz Nelson Missias de Morais
Venho me manifestar sobre a ação de restituição de posse n ° 0024.11.188.917-6 inscrita no dia 06/07/2011. Peço que a ação de restituição da posse seja suspensa, já que existem 450 famílias, mais de 2.000 pessoas, que já estão na posse da área há mais de 20 anos. Essas pessoas têm casas construídas, vasta produção e reprodução da vida neste lugar. A resolução do conflito só pode ocorrer com a permanência das familias, que já tem a posse da terra por direito. Nós [colocar su nombre o el nombre de su organización o institución], apelamos para que Vossa Excelencia resolva o conflito. Por justiça e em defesa dos princípios constitucionais, pela valorização da vida e da dignidade humana, apelamos! Estamos diante da iminência de um massacre em Minas Gerais e você pode salvar essas vidas.