🇦🇷 Argentine : Javier Milei se prépare à gouverner. Les mouvements progressistes sont inquiets (revue de presse)


Une semaine après son élection à la tête de l’Argentine, Javier Milei se prépare à entrer en fonction le 10 décembre : premières rencontres internationales, formation de son gouvernement, déclarations dans les médias… Les mouvements populaires, les organisations féministes, les syndicats sont inquiets face aux contre-réformes qui s’annoncent. Revue de presse.

Le 25 novembre 2023, à Buenos Aires, des manifestantes appellent à la mobilisation contre Javier Milei. Photo : Louise André-Williams / Mediapart

Argentine: Milei choisit un spécialiste de la finance pour son ministère de l’Économie (Théo Conscience / RFI / 30 novembre)

La nomination du ministre de l’Économie par le nouveau président argentin Javier Milei était attendue dans un pays où l’inflation est devenue un enjeu majeur. Son choix s’est porté sur Luis Caputo, surnommé le « Messi de la finance ».

Luis Caputo va être nommé au très sensible ministère de l’Économie par Javier Milei en Argentine. REUTERS – Marcos Brindicci

À douze jours de son investiture en tant que président de l’Argentine, Javier Milei a révélé mercredi 29 novembre le nom de son futur ministre de l’Économie. Luis Caputo, ancien ministre et expert en finance, occupera le poste le plus exposé du gouvernement dans un pays en proie depuis des années à une inflation galopante. Surnommé le « Messi de la finance » par Mauricio Macri, Luis « Toto » Caputo, 58 ans, a été secrétaire d’État puis ministre des Finances au sein du gouvernement de l’ex-président argentin entre 2015 et 2018. 

Ancien trader à la Bourse de New York, passé par JP Morgan et la Deutsche Bank, le futur ministre de l’Économie de Javier Milei s’est illustré en 2017 en réussissant à émettre – sur le marché des capitaux – des bons de la dette argentine sur 100 ans malgré la précarité de la situation économique du pays.

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Avec Javier Milei, l’Argentine se prépare à des mesures sociétales ultraconservatrices (Anaïs Dubois / Les Échos / 22 novembre)

Lundi 20 novembre en fin de journée, une centaine de personnes était réunie aux pieds du Congrès argentin à Buenos Aires. Elles sont membres de la communauté LGBT, rassemblées pour la journée internationale de la mémoire trans. Au lendemain de la victoire de Javier Milei à l’élection présidentielle , on se salue en silence, avec une longue accolade, sans même se demander si « ça va ». On sait que ça ne va pas, que la communauté LGBT sera « l’une des cibles des politiques mises en place par Milei », s’inquiète un participant.

Javier Milei, le soir de sa victoire à la présidentielle, dimanche dernier. (Luis Robayo / AFP)

Le futur président a pourtant dit ne pas être opposé au mariage pour tous ni aux transidentités, « tant que tu ne me fais pas payer l’addition ».

Libérale ou conservatrice : quelle société Javier Milei a-t-il en tête pour l’Argentine ? « Il s’inscrit dans la tradition des droites latino-américaines, libérales au plan économique et conservatrices au plan social et culturel. Sa particularité réside dans la radicalité vers laquelle il pousse les deux aspects de son projet », explique Gabriel Vomarro, professeur de sociologie politique à l’Université de San Martin (Unsam).

En effet, son programme propose de « protéger l’enfant depuis la conception et l’adulte jusqu’à sa mort naturelle », d’éliminer « le caractère obligatoire du programme d’éducation sexuelle intégrale dans les établissements éducatifs à tous les niveaux » et de « déréguler la possession d’armes à feu ». (…)

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Javier Milei, un président qui veut défaire les droits des femmes en Argentine (Barbara Gabel / France 24 / 23 novembre)

Le nouveau président argentin a fait campagne sur un programme de restrictions de nombreux droits humains, en particulier ceux des femmes. Javier Milei a notamment promis d’abroger la loi légalisant l’avortement et de supprimer le ministère des Femmes. Son élection suscite une vive inquiétude dans la société argentine, qui a enregistré de nombreuses avancées dans ce domaine au cours des dernières années.

Mobilisation féministe à Buenos Aires, le 28 septembre 2023. © Photo Emiliano Lasalvia / AFP

“Muy preocupada” (“très inquiète”, en français). Ce sont les mots de désarroi répétés par la militante féministe Victoria Tesoriero après l’élection de Javier Milei, dimanche, à la tête de l’Argentine. “Nous sommes toutes très préoccupées par le contexte et la possibilité que Milei mette en œuvre tout ce qu’il a promis pendant sa campagne.”

Abrogation de l’IVG, suppression du ministère des Femmes et des cours d’éducation sexuelle… Les promesses du nouveau président argentin visant à restreindre les droits des femmes font craindre un recul des acquis dans ce pays fer de lance du féminisme dans la région. Arrivé sur la scène politique argentine il y a seulement deux ans, Javier Milei s’est engagé à bousculer le statu quo, brandissant une tronçonneuse devant ses partisans pour symboliser ses coupes à venir des dépenses de l’État. Celui qui crie “Vive la liberté, bordel !”, consacre une partie de son programme à l’amputation des droits des Argentines.

De nombreuses camarades reçoivent des menaces de mort, certaines directement à leur domicile”, témoigne Victoria Tesoriero, donnant l’exemple de messages d’intimidation reçus par des responsables politiques qui se sont prononcées contre Javier Milei. “Ces menaces contiennent l’image d’une Falcon. Dans l’histoire de l’Argentine, cette voiture verte est le symbole des enlèvements de la dernière dictature militaire [1976-1983, NDLR], responsable de la disparition de 30 000 personnes.”

Certains partisans de Javier Milei ont d’ailleurs suscité l’indignation en célébrant sa victoire à bord d’une Falcon verte. “Je pense que la victoire de Milei franchit la ligne rouge de tout accord démocratique possible. Et c’est ce qui nous inquiète”, poursuit cette sociologue et membre de la Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit.

Pendant toute sa campagne, l’économiste de 53 ans a répété son opposition à l’avortement, légal depuis décembre 2020 en Argentine, qu’il désigne comme un “assassinat aggravé par ascendant”. Il a notamment déclaré qu’il organiserait un référendum, et que si le “non” à l’avortement l’emportait, il “supprimerait la loi”. Plusieurs milliers d’Argentines, les “foulards verts” – couleur devenue symbole de la lutte pour l’avortement –, avaient manifesté un mois avant son élection pour défendre ce droit. (…)

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Le jour où Javier Milei a renoncé à dollariser l’Argentine (Olivier Ubertalli / Le Point / 29 novembre)

Le nouveau président argentin fait des compromis. Il s’allie avec l’ex-président de centre droit Maurio Macri et vise la stabilisation de l’économie.

Le président élu argentin Javier Milei, sa sœur Karina Milei et les membres de sa délégation, devant la Maison-Blanche après des réunions avec des fonctionnaires de l’administration Biden à Washington, le 28 novembre 2023. Kevin Lamarque / REUTERS

Ces derniers jours, le tout feu tout flamme Javier Milei, fraîchement élu président, semble avoir appris la modération. Le pragmatisme, aussi. L’homme qui doit prendre ses fonctions le 10 décembre avait fait campagne sur la dollarisation de l’Argentine, malgré le scepticisme de plusieurs économistes étant donné la faiblesse de l’économie et des réserves de change du pays. L’abandon du peso argentin pour le billet vert en tant que monnaie officielle est « non négociable », affirmait-il jusqu’à récemment.

Javier Milei a fini par écarter cette option. En tout cas, au moins jusqu’à 2025. Deux raisons expliquent le revirement du dirigeant ultralibéral : son souhait de stabiliser d’abord l’Argentine, minée par plus de 140 % d’inflation et dont le produit intérieur brut pourrait chuter d’environ 2 %, selon l’OCDE ; sa nouvelle alliance avec l’ex-président de centre droit Mauricio Macri (2015-2019) et son ex-ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, candidate malheureuse à la récente élection présidentielle et qui pourrait revenir au poste de ministre de la Sécurité. Les électeurs de Patricia Bullrich au premier tour ont largement contribué à la victoire au second tour de Javier Milei face au péroniste Sergio Massa.

À Buenos Aires, on a appris qu’Emilio Ocampo, l’un des économistes proches du nouveau président argentin et « gourou » de la dollarisation – il a coécrit en 2022 le livre Dollarisation, une solution pour l’Argentine, non traduit de l’espagnol –, pourrait finalement ne pas être le prochain gouverneur de la banque centrale argentine, que l’ultralibéral a promis de fermer.

Pour le poste de ministre de l’Économie, Javier Milei paraît résolu à nommer un proche de Mauricio Macri, Luis Caputo. Il a été secrétaire d’État et ministre des Finances (2015-2018). Ancien de JP Morgan et la Deutsche Bank, Luis Caputo a ensuite occupé le poste de gouverneur de la banque centrale argentine. Il n’avait tenu que quatre mois, contraint de partir en raison, dit-on, de divergences sur la politique monétaire avec le Fonds monétaire international, grand créancier de l’Argentine. (…)

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Argentine: le ministère de la Sécurité proposé à Patricia Bullrich (Théo Conscience / RFI / 24 novembre)

On commence à en savoir plus sur les contours du futur gouvernement de Javier Milei. Élu président de l’Argentine dimanche dernier, l’économiste ultralibéral a scellé son alliance avec la droite traditionnelle en proposant le ministère de la Sécurité à Patricia Bullrich, selon les médias locaux. Arrivée troisième au soir du premier tour, la candidate de Juntos por el Cambio avait appelé à voter pour lui au second tour.

L’ancienne candidate à la présidentielle argentine Patricia Bullrich, en conférence de presse à Buenos Aires, le 25 octobre 2023. AP – Gustavo Garello

Il a été élu sur la promesse d’en finir avec la « caste politique », mais le futur gouvernement de Javier Milei a des airs de déjà-vu. Selon les médias argentins, Patricia Bullrich retrouvera ainsi le ministère de Sécurité, qu’elle a occupé entre 2015 et 2019 sous la présidence de Mauricio Macri.

Après le premier tour, la candidate de la droite traditionnelle et l’ex-président avaient appelé à voter pour Javier Milei. Un soutien alors décrit comme inconditionnel, mais qui se traduit aujourd’hui par des postes clés au sein du gouvernement. En plus de Patricia Bullrich, deux proches de Mauricio Macri devraient également être nommés à la tête du ministère de l’Économie et de la Banque centrale, selon la presse locale. (…)

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Le président argentin élu aux États-Unis pour rencontrer l’administration Biden et le FMI (AFP / 27 novembre)

Le président argentin élu Javier Milei se rend dimanche aux États-Unis pour rencontrer des responsables de l’administration Biden mais aussi du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Nous nous rendons aux États-Unis. Vive la liberté bordel », a écrit Javier Milei dimanche sur X.

M. Milei aura « des réunions protocolaires pour expliquer le plan économique: ajustement fiscal, réforme monétaire, réforme de l’État et dérégulation », a indiqué à l’AFP un porte-parole du président élu dont l’investiture est prévue le 10 décembre. « Il ne s’agit pas de chercher des financements », a-t-il toutefois souligné.M. Milei arrivera lundi à New York, où il effectuera une visite privée avant de se rendre dans la journée à Washington pour rencontrer le directeur du Conseil de sécurité nationale pour l’hémisphère occidental, Juan González, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques sous couvert d’anonymat.

Le président élu a d’ores et déjà désigné les États-Unis et Israël comme « alliés » prioritaires de son futur gouvernement. La visite aux États-Unis de cet ultralibéral controversé, partisan d’une libération des prix et opposé à toute réglementation par l’État, durera jusqu’à mardi, avec des entretiens avec des fonctionnaires de la Maison Blanche, du secrétariat au Trésor et du Fonds monétaire international (FMI), a aussi précisé le porte-parole. (…)

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Javier Milei s’entretient de la crise en Argentine avec la directrice du FMI (Le Temps / 25 novembre)

Le président fraîchement élu doit redresser la situation économique délétère de ce géant d’Amérique du Sud, en proie à une inflation folle.

La Plata, Argentine, le 12 septembre 2023 : Javier Milei brandit un billet de 100 dollars à son effigie. Reuters – Agustín Marcarian

Le président argentin élu, Javier Milei, s’est entretenu pour la première fois vendredi avec la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, avec qui il a discuté de la situation économique don son pays. «Aujourd’hui, j’ai eu une excellente conversation, au cours de laquelle nous avons parlé du grand défi économique auquel notre pays est confronté», a déclaré l’ultralibéral Javier Milei sur X. Kristalina Georgieva a pour sa part indiqué sur le même réseau que cet échange leur avait permis d’aborder «les défis importants de l’économie argentine et les actions politiques décisives nécessaires».

La troisième économie d’Amérique latine peine à rembourser un prêt colossal de 44 milliards de dollars, contracté en 2018 auprès du FMI, en raison de réserves de devises étrangères au plus bas. Depuis une douzaine d’années, une inflation à deux chiffres est la norme en Argentine, mais elle a dérapé cette année à 143% sur douze mois, un record depuis 32 ans, en parallèle à une devise, le peso, en dépréciation constante.

[…] Lors de sa campagne, le président élu d’extrême droite a promis un ajustement fiscal drastique, jusqu’à l’équivalent de 15% du PIB argentin, dans le cadre d’un programme qui comprend la fermeture de la Banque centrale et la dollarisation de l’économie du pays.  (…)

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