🇧🇴 Bolivie: quand des territoires bannissent l’exploitation minière au profit de l’agro-écologie (Nils Sabin / RFI)
Un homme torse nu, la peau bronzée, avec sur l’épaule un régime entier de bananes et une machette… Impossible de rater cette imposante statue qui trône sur un rond-point, sur la route principale qui mène au centre de Palos Blancos. D’habitude, dans les bassins miniers des montagnes de Bolivie comme Potosí et Oruro, les statues rendent hommage aux mineurs. Mais ici, la municipalité préfère célébrer la productivité agricole.
« Nous sommes une commune très productive avec une grande diversité de cultures : des bananes, du cacao, des agrumes, du manioc, une infinité de légumes… C’est une bénédiction de vivre à Palos Blancos, dans cette région où tout pousse », nous explique Ramiro López Chávez, secrétaire général municipal de Palos Blancos.
Des territoires déclarés « agro-écologiques »
Chaque semaine, des camions remplis de fruits et légumes partent de cette zone au climat subtropical en direction de la ville de La Paz, à 250 kilomètres. C’est pour protéger ce modèle productif que Palos Blancos et la commune voisine Alto Béni ont adopté, en 2021, deux lois municipales très spéciales : elles font des deux villes des territoires « agro-écologiques, productifs et sans activité ou pollution minière ».
« Dans d’autres communes, il y a déjà eu de gros problèmes de déformation des rivières, de contamination au mercure, de malformations des poissons. Nous ne voulons pas de ça ici, c’est une des grandes préoccupations de la population », reprend Ramiro López Chávez.
En 2017, une coopérative minière entre illégalement sur le territoire de Palos Blancos pour y chercher de l’or. Après plusieurs jours de mobilisation populaire, les mineurs évacuent finalement les lieux. C’est cette menace concrète, présente dans plusieurs villes et villages proches, qui pousse les deux municipalités à adopter les lois anti-industrie minière.
Du cacao haut de gamme
L’enjeu économique est de taille, car la région accueille également la centrale de coopératives productrices de cacao El Ceibo. Une organisation de 48 coopératives fondée en 1977 qui vend du chocolat dans toute la Bolivie et exporte du cacao en France, en Suisse, aux États-Unis et au Japon. Des pays aux clients très exigeants, comme l’explique Jésus Tapia, producteur et vice-président de la centrale : « La première chose qu’ils nous demandent, c’est que le cacao ne soit pas contaminé, qu’il soit sans pesticides. On ne peut pas en utiliser, ni élever des animaux trop près des parcelles ». (…)
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