🇧🇷 Au Brésil, l’absence de pluies et les incendies assèchent le Pantanal (François-Xavier Gomez / Libération)


En raison du déficit hydrique et de l’activité humaine, la plus grande zone humide de la planète brûle un peu plus chaque année, au risque de voir disparaître une biodiversité unique.

Des pompiers brésiliens luttent contre un incendie dans le Pantanal le 14 juin. (Ueslei Marcelino / Reuters)

Le Pantanal, dans l’État du Mato Grosso do Sul (centre-ouest du Brésil) est en état d’urgence face à une vague catastrophique d’incendies. Cette région, qui correspond à l’extrême sud de la forêt amazonienne, est la plus vaste zone humide d’eau douce de la planète. Sanctuaire de la biodiversité placé en 2000 par l’Unesco sur la liste du patrimoine naturel de l’humanité, le Pantanal est en danger.

La ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, a réuni une cellule de crise, qui s’est déjà réunie trois fois. Lundi, à Brasilia, elle a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’origine d’une vingtaine de feux en cours, se disant convaincue qu’ils sont «d’origine humaine» et non accidentels. La semaine dernière, elle avait déjà affirmé que le Pantanal se trouvait dans «l’une des pires situations jamais constatées». Le gouvernement de Lula a débloqué lundi 100 millions de reais (16,4 millions d’euros) pour combattre les incendies.

Cet écosystème se régénère en principe chaque année grâce à l’inondation de la plaine lors de la saison des pluies, qui la transforme en marais. Mais cette année, a expliqué la ministre, «nous n’avons pas eu les inondations habituelles lors de la transition entre El Niño et La Niña», deux phénomènes climatiques à forte incidence sur les précipitations.

L’absence de pluies a provoqué une sécheresse extrême, facteur qui facilite le déclenchement des feux. Du 1er janvier au 1er juillet, les satellites de l’Institut brésilien de recherches spatiales (INPE) ont détecté 3 648 foyers d’incendie dans le Pantanal, un record pour cette période de l’année. Selon une étude publiée par l’ONG Mapbiomas, le Pantanal a enregistré sur l’année 2023 une réduction de 61 % de sa surface humide par rapport à la moyenne observée depuis 1985. «2023 a été 50 % plus sec que 2018» dans la région, alerte l’organisation.

Mais le changement climatique n’est pas le seul responsable des incendies. Les défenseurs de l’environnement les attribuent en partie à l’action humaine, notamment le recours aux brûlis destinés à «nettoyer» des terrains afin de les consacrer à l’élevage intensif. Cette technique ancestrale, qui permet aussi de fertiliser les sols, est autorisée dans certains cas, notamment pour éliminer des végétaux qui peuvent favoriser la propagation du feu. Mais les brûlis sont aujourd’hui formellement interdits jusqu’à la fin de l’année. (…)

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