Au Brésil, l’exploitation minière des terres autochtones est soutenue par des ambassadeurs étrangers (Maurício Angelo de l’Observatoire du secteur minier / Traduction Autres Brésils)


Les ambassadeurs étrangers en poste au Brésil sont fréquemment consultés par le gouvernement de Jair Bolsonaro sur les politiques relatives au secteur minier et ont une part active à une stratégie conjointe visant à ouvrir les terres autochtones à l’exploitation minière et aurifère.

Le peuple Munduruku manifeste en février 2021 contre Anglo-American.
Photo APIB

Ler em Português Embaixadores estrangeiros tem voz ativa na estrategia do governo bolsonaro em liberar terras indigenas para a mineracao

C’est ce que révèlent les analyses basées sur les ordres du jour des réunions et les annonces du ministère des Mines et de l’Énergie (MME) en 2021 et 2020. Parmi les ambassadeurs les plus écoutés on trouve les représentants des États-Unis, du Canada, de l’Angleterre et de l’Australie, pays où les compagnies minières ont une puissance économique et politique importante. L’Union européenne a également été consultée.

Au Brésil, les entreprises de ces pays sont réparties du Nord au Sud et occupent une place importante dans le secteur minier. Pour n’en lister que quelques-unes, on citera l’anglo-australienne BHP, partenaire de Vale à Samarco, responsable de la catastrophe de Mariana, l’entreprise anglaise Anglo American, qui extrait du minerai de fer dans les Minas Gerais et veut explorer des terres autochtones en Amazonie, les Canadiennes Kinross, qui exploite un énorme barrage dans le Minas Gerais, Equinox Gold, responsable de la contamination dans le Maranhão et Belo Sun, qui insiste dans l’exploitation de l’or en Amazonie ainsi que l’Américaine Mosaic Fertilizantes.

Les réunions et les séminaires organisés par le sommet du ministère des Mines et de l’Energie constituent une véritable foire aux minéraux, dont l’objectif délibéré est d’attirer des investissements, d’explorer de nouveaux espaces, de signer des partenariats, de simplifier les processus et de consulter les ambassadeurs et les représentants des sociétés minières, qui participent à ces réunions, sur la manière dont les politiques publiques doivent être menées.

Le « Programme minier et de développement » (PMD), lancé fin 2020 et le PL 191/20, signé par Bolsonaro, Bento Albuquerque, ministre des Mines et de l’EÉergie et Sérgio Moro, ancien ministre de la Justice, constituent l’essentiel de cette stratégie.

Comme je l’ai révélé ici, dans l’Observatoire, en décembre 2020, les 110 objectifs finaux pour l’ensemble du secteur des industries extractives brésiliennes, qui doivent être mis en œuvre d’ici 2023, ont été littéralement dictés par le secteur des minerais et les associations représentant ce secteur.

L’analyse des documents internes présentés en exclusivité montre que l’objectif de disposer dans les quatre ans de huit terres autochtones pour l’exploration minérale, a été proposé par l’Association brésilienne des sociétés de recherche minérale (ABPM) et approuvé par le gouvernement fédéral.

L’ABPM a également demandé 200 millions de réaux d’incitations fiscales pour explorer de nouveaux espaces. Le PMD est, en effet, le sujet des principales réunions avant l’annonce officielle du programme et après sa publication. Le MME fait le tour des ambassadeurs de plusieurs pays pour mettre en pratique le PMD, qui est au centre de la politique minière brésilienne du moment.

L’Union Européenne a été invitée à exploiter les terres autochtones

En janvier 2020, un mois avant de signer le PL 191/2020, Bento Albuquerque a clairement exposé les objectifs du gouvernement Bolsonaro en matière d’exploitation minière sur les terres autochtones et a invité plusieurs pays européens à participer à la discussion.

Le ministre des Mines et d’Énergie a souligné que la question était extrêmement importante pour le gouvernement Bolsonaro, détaillant les richesses minérales existant sur les terres autochtones et déclarant que l’exploration de ces zones était « une option faite par le peuple brésilien », comme le prévoit la Constitution de 1988, en attente de délibération par le Congrès – motif du projet de loi qu’il signera juste après.

Parmi les présents, il y avait les représentants diplomatiques de la France, de la Suède, de l’Allemagne, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la Pologne, de la Belgique, du Danemark, de la Slovénie, de la République tchèque, de la Hongrie, des Pays-Bas, ainsi que de l’Union européenne, qui représente vingt-sept pays sur le continent européen.

Et le ministre des Mines et de l’Énergie a profité de l’occasion pour répéter le discours qui a été la ficelle du gouvernement, à savoir que « de nombreux leaders autochtones étaient favorables à l’exploitation minière sur leurs terres et avaient exigé du gouvernement » que cela soit approuvé. (…)

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