Chili : la dernière locutrice de la langue autochtone yagán a disparu


Cristina Calderón était la dernière locutrice de la langue non-écrite du peuple Yagán, habitant les régions glacées de l’extrême sud du Chili. L’Unesco avait choisi en 2009 de l’ajouter à la liste des “trésors humains vivants”. Sa disparition, à l’âge de 93 ans, a suscité de nombreuses réactions au Chili et à l’étranger. 

Cristina Calderón en avril 2017, à Puerto Williams (Chili). © Martin Bernetti, AFP

L’annonce du décès a été faite, mercredi 16 février, par un de ses neuf enfants sur Twitter : “Ma mère, Cristina Calderón, est décédée. Je suis profondément attristée de ne pas avoir été avec elle au moment de son départ. C’est une triste nouvelle pour les Yagáns”, a écrit sa fille, Lidia González Calderón, vice-présidente adjointe de l’Assemblée chargée de la rédaction d’une nouvelle Constitution pour le Chili. “Tout le travail que j’accomplis actuellement [au sein de l’Assemblée constituante, NDLR], je le fais en son nom”, a-t-elle ajouté. 

Les Yagáns sont considérés comme les habitants les plus australs du globe après avoir peuplé, il y a plus de 6 000 ans, le cap Horn et la Grande île de la Terre de feu, à la pointe sud du continent américain. Ce peuple de navigateurs aguerris a longtemps été nomade. 

Leur population atteignait 3 500 personnes avant l’arrivée des Européens dans cette zone, au XIXe siècle. Elle a ensuite chuté brutalement en quelques décennies, notamment à cause des maladies véhiculées par les colons. 

Celle que ses proches appelaient “grand-mère Cristina” était devenue un symbole de la résistance culturelle des peuples indigènes du Chili. 

“Je suis la dernière oratrice yagán. D’autres comprennent encore, mais ils ne parlent pas et ne savent pas comme moi”, avait déclaré Cristina Calderón en 2017 à un groupe de journalistes qui lui rendaient visite dans le village d’Ukika. 

C’est là que vivent la plupart des quelque 100 descendants des Yagans qui survivent encore, à un kilomètre de Puerto Williams, la ville la plus au sud de la planète, au sud d’Ushuaïa (Argentine). 

“Une perte irréparable”

Le président élu du Chili, Gabriel Boric, originaire de Punta Arenas, dans le sud du Chili, a dit sur Twitter déplorer la mort de Cristina Calderón, mais a souligné que “son amour, ses enseignements et ses luttes depuis le sud du monde, là où tout commence, vivront à jamais”. (…)

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