Chili : espoirs et défis d’une présidence inédite (analyse de Christophe Ventura / IRIS)


Christophe Ventura analyse les résultats de la présidentielle au Chili du 19 décembre 2021. Élu avec près de 56% des suffrages, Gabriel Boric a renversé tous les pronostics, devenant à trente-cinq ans président de la République du Chili. La gauche revient donc au pouvoir en battant le candidat d’extrême droite Antonio Kast. Comment analyser ce résultat ? Quel avenir pour le pays ? Quel poids pour l’extrême droite au Chili ?

Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques / IRIS et responsable du Programme Amérique latine / Caraïbe vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques de l’Amérique latine”.

Vague démocratique, rejet d’une aventure d’extrême-droite, aspiration à un espoir de changements économiques et sociaux et à l’affirmation de nouveaux droits individuels et collectifs, la victoire de Gabriel Boric cristallise de nombreux espoirs et de multiples demandes surgis de la société chilienne ces dernières années.

Son gouvernement devra pourtant faire face à divers obstacles immédiats : crise économique et sanitaire, détérioration sociale, pression des milieux économiques et financiers- nationaux et internationaux- qui agitent le spectre de la fuite des capitaux, des investissements et de la chute de la monnaie en cas de politiques trop menaçantes pour leurs intérêts, absence de majorité naturelle au Parlement, appels à la “modération” des forces du centre (gauche et droite) du système politique, ainsi que des médias locaux et internationaux, récurrence d’un bloc de droite vaincu mais non défait autour de José Antonio Kast.

La victoire de Gabriel Boric aura également un impact sur la vie régionale latino-américaine tandis que d’autres élections majeures se préparent en 2022, où la gauche pourrait également l’emporter, en Colombie et au Brésil notamment.