🇨🇴 Colombie : grande victoire pour les tribus indigènes en Amazonie sur la question des crédits carbone controversés (Libération / AFP)
La Cour constitutionnelle colombienne a annulé ce mercredi 10 juillet un accord controversé sur les crédits carbone dans la forêt amazonienne, qui, selon six tribus locales, avait été signé sans leur consentement et avec des «manœuvres frauduleuses».
Dans ce combat à l’allure de pot de terre contre le pot de fer, ce sont finalement les communautés indigènes qui l’ont emporté face à des immenses entreprises. Ce mercredi 11 juillet, la justice colombienne a en effet annulé un accord entre deux sociétés et plusieurs communautés amazoniennes du sud-est de la Colombie pour la vente de crédits carbone, en raison de «manœuvres frauduleuses» dans la négociation de cet accord, qui aurait été imposé illégalement aux indigènes sans leur consentement. Ces tribus accusaient les entreprises américaine Ruby Canyon Environmental et colombienne Masbosques d’avoir négocié la vente de crédits carbone pour leur territoire avec des personnes n’ayant pas l’autorité pour le faire.
La Cour constitutionnelle a ainsi donné raison aux six communautés indigènes de la forêt tropicale Pirá Paraná, dans le département du Vaupés (sud-est), qui avaient attaqué en justice en juin 2022 ces deux sociétés. La Cour a ordonné aux autorités légitimes de ces villages de se réunir et de décider, dans un délai de six mois, d’autoriser ou non un nouvel accord avec les entreprises poursuivies. Dans le cas contraire, les autorités devront «s’assurer» que le projet de crédit carbone connu sous le nom de «Baka Rokaire» ne «continue pas à être mis en œuvre sur le territoire», a ordonné la Cour. L’affaire portée devant la Cour constitutionnelle était la première du genre en Colombie.
Des crédits carbone conclus pour un montant de 3,8 millions de dollars
Également connus sous le nom «d’obligations vertes»,les crédits carbone sont achetés par des entreprises polluantes dans le but de compenser leur utilisation de combustibles fossiles et de réduire leurs impôts. Cet argent est censé être destiné aux communautés locales qui protègent leurs régions d’origine de la déforestation. À Pira Parana, les crédits avaient ainsi été vendus pour environ 3,8 millions de dollars à une société colombienne de traitement de données appelée Latin Checkout. Une somme que les sociétés affirment avoir reversée entièrement aux communautés concernées. Aussi, en vertu de ce contrat signé en mars 2021, les indigènes s’étaient engagés en retour à préserver une zone de jungle amazonienne de 7 100 kilomètres carrés, soit environ la taille de Porto Rico. Toutefois, les tribus concernées par cet accord dénoncent des «manœuvres frauduleuses», et un contrat signé avec de faux représentants de leurs communautés. (…)
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