Colombie : La mort malgré la paix

Alors que les accords de paix entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) ont été signés en novembre dernier, la violence est toujours aussi importante dans le pays. Principales cibles, les leaders ruraux qui luttent pour la restitution des terres abandonnées pendant la guerre civile.

La scène se passe dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 janvier, à Guacamayas, une communauté rurale de la région d’Urabá, au nord de la Colombie. Quatre hommes, vêtus, selon plusieurs témoins, d’uniformes de la force publique, s’introduisent dans la maison de Porfirio Jaramillo Bogallo. Ce robuste fermier de 70 ans est l’un des responsables de la communauté. Il est aussi très impliqué dans «Tierra y Paz » («Terre et Paix »), une organisation créée en 2005 pour « l’amélioration des conditions de vie des populations rurales affectées par le conflit armé. » Toujours d’après les témoins, Porfirio Jaramillo Bogallo est d’abord retenu chez lui contre son gré, avant d’être emmené de force. Il sera retrouvé mort le lendemain, au bord d’une route, à 3 kilomètres de la communauté. Le corps criblé de coups de couteau. Cet assassinat n’a pas surpris les habitants de Guacamayas. Sous couvert d’anonymat, un voisin a raconté à l’Agence de Presse colombienne IPC que Porfirio Jaramillo Bogallo était menacé de mort depuis longtemps. « En 1997, à cause du conflit armé, sa famille et lui avaient dû abandonner cette ferme de 33 hectares. Quand il est rentré en 2014, sans accompagnement institutionnel, ses terres étaient occupées par un autre homme, surnommé « le curé », qui a des bonnes relations avec les paramilitaires. » Malgré les intimidations, Porfirio se réinstalle. « Il est resté même lorsque « le curé » a lâché du bétail sur ses cultures de maïs, de manioc et de bananes pour les détruire. » Dernier acte de résistance de Porfirio ? « C’était en juillet 2016, poursuit le témoin anonyme. Des hommes armés sont venus le menacer chez lui, lui laissant le choix entre partir ou mourir. »

Derrière les terres, d’énormes enjeux économiques

La scène se passe dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 janvier, à Guacamayas, une communauté rurale de la région d’Urabá, au nord de la Colombie. Quatre hommes, vêtus, selon plusieurs témoins, d’uniformes de la force publique, s’introduisent dans la maison de Porfirio Jaramillo Bogallo. Ce robuste fermier de 70 ans est l’un des responsables de la communauté. Il est aussi très impliqué dans «Tierra y Paz » («Terre et Paix »), une organisation créée en 2005 pour « l’amélioration des conditions de vie des populations rurales affectées par le conflit armé. » Toujours d’après les témoins, Porfirio Jaramillo Bogallo est d’abord retenu chez lui contre son gré, avant d’être emmené de force. Il sera retrouvé mort le lendemain, au bord d’une route, à 3 kilomètres de la communauté. Le corps criblé de coups de couteau. Cet assassinat n’a pas surpris les habitants de Guacamayas. Sous couvert d’anonymat, un voisin a raconté à l’Agence de Presse colombienne IPC que Porfirio Jaramillo Bogallo était menacé de mort depuis longtemps. « En 1997, à cause du conflit armé, sa famille et lui avaient dû abandonner cette ferme de 33 hectares. Quand il est rentré en 2014, sans accompagnement institutionnel, ses terres étaient occupées par un autre homme, surnommé « le curé », qui a des bonnes relations avec les paramilitaires. » Malgré les intimidations, Porfirio se réinstalle. « Il est resté même lorsque « le curé » a lâché du bétail sur ses cultures de maïs, de manioc et de bananes pour les détruire. » Dernier acte de résistance de Porfirio ? « C’était en juillet 2016, poursuit le témoin anonyme. Des hommes armés sont venus le menacer chez lui, lui laissant le choix entre partir ou mourir. »

Derrière les terres, d’énormes enjeux économiques

Ce nouvel homicide a suscité des réactions indignées de la part des organisations colombiennes de défense des droits humains. Un communiqué regroupant plusieurs entités a d’ailleurs rappelé que « Porfirio Jaramillo Bogallo avait déposé plainte auprès de la Police, allant jusqu’à nommer les auteurs des menaces. » En vain. De quoi s’interroger sur l’absence de mobilisation d’un service de l’État, alors même que le Conseil des Droits Humains rattaché à Juan Manuel Santos, le Président colombien, a lui aussi fermement condamné ce crime. « Nous réprouvons tout acte qui peut mettre en péril la vie et l’intégrité des responsables d’organisations sociales et des militants (…) qui travaillent pour le respect légitime de leurs droits à la terre », a déclaré Paula Gaviria, l’une des membres du Conseil.

Le sentiment est également partagé par les membres du Centre de recherche et d’éducation populaire/Programme pour la Paix (CINEP/PP). Dans un communiqué, ce partenaire du CCFD-Terre Solidaire rappelle surtout que cet assassinat n’est pas un cas isolé. « Les violences commises contre les personnes qui réclament les terres constituent une stratégie systématique de la part de puissants acteurs qui ont un intérêt à compliquer le processus de restitution des droits territoriaux (…). Derrière ces territoires, il existe en effet de grands intérêts économiques soutenus et facilités par des groupes armés illégaux, mais aussi par des structures politiques locales, régionales et nationales. » D’où l’une des exigences, formulée par le CINEP/PP. « La Police, l’Armée et le Ministère de la Défense, doivent accomplir leur mission de garantir la vie, la liberté et l’intégrité des citoyens (…) »

117 assassinats en 2016

Au sein du CCFD-Terre Solidaire, l’assassinat de Porfirio Jaramillo Bogallo a d’autant plus marqué les esprits qu’il est intervenu dans une région particulière. «  Le CCFD-Terre Solidaire connaît bien la région d’Urabá, où notre partenaire, le CINEP/PP, accompagne directement les processus de restitution des terres grâce à notre soutien, indique Martin Willaume, chargé de mission pour ce pays. Cet assassinat rappelle donc une nouvelle fois la fragilité de la paix signée en 2016, si les leaders sociaux sont constamment pris pour cible. » Une inquiétude légitime au regard du rapport annuel de l’Institut d’Études pour le Développement et la Paix Indepaz(1), présenté le 23 janvier à Bogota. L’ONG, créée en 1984, y révèle en effet que 117 personnes -responsables d’organisations sociales ou défenseurs des droits humains- ont été assassiné en 2016. Soit un tous les trois jours.

Jean-Claude Gerez

http://ccfd-terresolidaire.org/infos/paix-et-conflits/colombie-la-mort-malgre-5744